Chaque année, La Réunion voit fleurir une avalanche de concours de Miss. On nous parle de “tradition”, de “valorisation de la femme réunionnaise”, de “rayonnement culturel”. Mais derrière ce vernis scintillant, il est temps d’ouvrir les yeux : que reste-t-il vraiment, une fois les projecteurs éteints ?

Des rêves vite évaporés

Pour la majorité des candidates, l’expérience se résume à quelques apparitions publiques, une couronne qui prend vite la poussière et une brève notoriété locale. Rares sont celles qui parviennent à transformer cette exposition en véritable tremplin professionnel. Pour toutes les autres, c’est le retour à l’anonymat. Illusion passagère, rêve trop court.

Qui profite vraiment ?

Car soyons clairs : si ce système perdure, ce n’est pas pour l’avenir des jeunes femmes. Les vrais gagnants sont ailleurs : sponsors, partenaires, organisateurs… Ces concours génèrent des sommes considérables, sans que la redistribution soit réellement au rendez-vous pour celles qui défilent sur scène. On brandit l’argument de la tradition, mais ce qui domine, ce sont les enjeux financiers.

Une image de la femme instrumentalisée

Dans une société où l’on se bat encore pour l’égalité réelle entre hommes et femmes, que disent ces concours de notre vision de la femme ? Réduite à sa plastique, valorisée surtout pour son apparence, elle devient une vitrine éphémère, sans que son intelligence, ses compétences ou ses aspirations profondes ne soient mises en avant. Est-ce ainsi qu’on veut construire l’avenir de la jeunesse féminine réunionnaise ?

Une “tradition” importée

On nous vend l’idée que ces concours seraient “ancrés” dans la culture réunionnaise. Mais les vraies traditions locales, ce sont la musique, la danse, la cuisine, les fêtes religieuses, la transmission intergénérationnelle. Les concours de Miss, eux, sont une importation occidentale. Alors pourquoi continuer à faire croire aux jeunes filles qu’il s’agit d’un passage obligé ou d’un héritage culturel ?

Et si on investissait autrement ?

L’argent, l’énergie et l’attention médiatique consacrés à ces événements pourraient être mobilisés pour autre chose : formations, entrepreneuriat féminin, sport, culture, mise en valeur des femmes qui font réellement bouger La Réunion dans l’éducation, la santé, l’économie ou l’innovation. Voilà des modèles qui inspireraient réellement la jeunesse.

Illusion dorée ou vrai tremplin ?

Alors posons la question : les concours de Miss servent-ils à élever la femme réunionnaise, ou bien ne sont-ils qu’une vitrine creuse, un spectacle lucratif masqué derrière des discours de façade ? Une certitude demeure : tant qu’on ne changera pas de regard, ce rêve restera avant tout celui des organisateurs.