Sexisme : l’UFR accuse; Rémy Bourgogne répond

7 min de lecture
4

Voici d’abord le communiqué de l’UFR (Union des Femmes Réunionnaises) daté du 18 avril dernier :

 » À l’approche des échéances électorales, on voit les machos sortir du bois pour passer à l’attaque des femmes qui s’engagent en politique. Ainsi, à Saint-Leu, ville ou les égos mâles se livrent des combats de coqs pitoyables, un prétendant à la fonction de maire, ancien élu sur la liste du maire de Saint-Leu et de Didier Robert à la Région, s’autorise à donner des leçons à une femme candidate. La candidate Femme, Karine Nabenesa, selon lui, “ne fait pas l’unanimité” ! C’est un macho devinèr qui prédit l’avenir de Saint-Leu !
Et vous Monsieur est-ce que vous faites l’unanimité ? Vous cherchez à faire la boue avant la pluie, à disqualifier une femme candidate avant même que le peuple n’ait parlé ! Seul le peuple de Saint-Leu dira dans les urnes à qui il offrira non pas l’unanimité mais la majorité de ses voix !
Ce concurrent ose déclarer qu’il a eu “le courage de lui dire que sa candidature ne fera pas l’unanimité. J’ai dû toucher son ego.” Mais Monsieur ce n’est pas “un ego” que vous touchez, c’est à l’ensemble des femmes réunionnaises que vous portez attaque ! Ce n’est pas du courage que vous avez, mais la volonté de chasser les femmes de l’espace politique !
Lorsque vous vous adressez à un autre candidat potentiel, vous débattez du fond, de réelles problématiques politiques. Mais une femme ne devrait carrément pas avoir le droit de se présenter sous prétexte qu’elle ne ferait pas l’unanimité ?

L’UFR rappelle le long combat mené pour que les femmes accèdent au droit de vote et de se présenter à une élection. En France, il a fallu attendre le 21 avril 1944 pour que les femmes obtiennent le droit de voter et d’être candidates à une élection, après plus de 150 ans de mobilisations civiques.
À la Réunion, le 27 mai 1945, les femmes votaient pour la première fois aux élections municipales, qui avait été reportées de près d’un mois par rapport à l’Hexagone, à cause du violent cyclone du 7 avril
1945 qui avait dévasté l’île.
Il est important aussi de rappeler que c’est Fernand Grenier du Parti communiste français (PCF), conseiller municipal et député de la ville de Seine-Saint-Denis qui déposa l’amendement qui, une fois adopté à la majorité, permit que soit signée par le Général de Gaulle, le 21 avril 1944 l’ordonnance ouvrant le droit de vote aux femmes.
Lors de ce premier vote, les femmes se sont déplacées en masse à la Réunion, elles ont contribué à faire monter le taux de participation au scrutin, à 73,5%. Les femmes réunionnaises ont occupé 37 sièges. Soit 6,7% contre 93,3% aux hommes.
Ce jour-là, il fallait choisir entre, d’un côté, les candidats de l’abolition du statut de colonie de La Réunion et sa transformation en département français et de l’autre côté, les candidats réactionnaires
opposés à la départementalisation.
Et ce sont les candidats progressistes du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale, le CRADS, favorables à la « Réunion Département français » qui ont remporté ces premières élections
ouvertes aux femmes.
Aux municipales du 27 mai 1945, les listes du CRADS recueillent 71% des voix et battent les candidats de l’union républicaine, démocratique et chrétienne : les progressistes gagnent contre “la droite” de l’époque qui souhaitait maintenir la Réunion dans la nuit coloniale.
Les femmes réunionnaises entrent dans la vie politique, se rendent aux urnes et surveillent les bureaux de vote. Elles sont présentes sur les listes : Mme Cerou, Fontaine, Amelin (Saint-Denis), Mme Morin, Mme Henry, Melle Apollina Delpha (Le Port), Anne Hoareau, Emilia Chanu (La
Possession), Lépinay (Saint-Paul)… Parmi ces femmes, Isnelle Amelin est à l’origine de la naissance de l’Union Générale des Femmes Françaises en 1944).
La création d’une antenne de l’UFF annonce la naissance d’un féminisme réunionnais organisé et structuré dès 1946. Les mouvements de résistance des femmes s’organisaient bien avant cette
date mais la création de l’UFF, puis de l’Union des Femmes de La Réunion en 1958 (l’UFR) marque l’arrivée d’un féminisme contemporain et l’inscription des discours féminins dans l’espace discursif politique, associatif et militant. Aujourd’hui, l’UFR continue ce combat, initié il y a 81 ans par nos aïeules progressistes.
L’UFR appelle les femmes à se battre pour les droits acquis et à résister au machisme et rappelle que les femmes ont toute leur place en politique, comme dans tous les espaces de pouvoir. Les violences
symboliques, les tentatives de disqualification et les propos paternalistes n’ont rien d’anodin : ils participent d’un système sexiste qui cherche à maintenir les femmes à l’écart de la décision publique.
Nous dénonçons ces pratiques d’un autre âge qui, sous couvert de débat politique, visent à délégitimer l’engagement des femmes.
À celles qui s’engagent, malgré les attaques et les pressions, nous disons : tenez bon. Vous n’êtes pas seules. Chaque pas que vous faites ouvre la voie à d’autres. Nous resterons vigilantes, solidaires et mobilisées pour que la parole des femmes soit entendue, respectée et prise en compte ».

Le 19 avril, Rémy Bourgogne réagit sur son Facebook :

Le 20 avril, l’UFR dégaine contre Bourgogne :

La réponse de Rémy Bourgogne

Voici à présent la réponse de Rémy Bourgogne :

« Je viens de lire le communiqué que l’UFR a cru bon de publier à mon encontre. Je l’ai relu. Deux fois. Toujours pas compris. Ou plutôt si : j’ai compris qu’il fallait faire taire toute critique, à coups de mots lourds et d’accusations creuses. On appelle ça un rideau de fumée.

Accuser de sexisme quelqu’un qui ose dire qu’une adversaire ne fait pas l’unanimité, c’est fort. Fort et pratique. Parce que dans cette affaire, tout semble permis — sauf le désaccord.

Politique ≠ Sexisme. Le 19 avril, j’ai réagi sur Facebook au communiqué de l’UFR. Voici ce que j’écrivais :

« Dire d’une adversaire qu’elle ne fait pas l’unanimité, ce n’est pas du sexisme. C’est de la politique. Si chaque critique devient une attaque misogyne, autant interdire le débat. On peut être en désaccord sans vouloir “chasser les femmes de la politique”. »

Et j’ajoutais, pour ceux qui auraient raté l’ironie : « L’UFR a sans doute manqué une belle occasion de se taire. Le combat féministe mérite mieux que des raccourcis médiatiques et des coups de menton militants. Il mérite du fond. Du concret. Et un peu de hauteur. »

Je vous laisse relire. À froid.

Surprise feinte, indignation sur commande

Le plus surprenant, ce n’est pas qu’on me prête des intentions misogynes. C’est qu’on me les prête en ignorant sciemment mes engagements. Militant associatif, Sociologue et Anthropologue de formation. Enseignant en Sciences Économiques et Sociales et en EMC. Je parle d’égalité tous les jours — pas seulement en conférence de presse. Je ne me déguise pas en féministe à la veille des élections.

Dernièrement encore, j’ai proposé qu’une femme — oui, une femme — proche de la présidente de Région, mène une liste de gauche à Saint-Louis en 2026. Pas pour faire joli. Pour qu’elle mène. Et le méchant misogyne que je suis était prêt à tout faire pour que cela se fasse. Mais elle semble avoir déménagé de Saint-Louis !

Pourquoi moi ? Pourquoi pas eux ?

Étrangement, le communiqué de l’UFR ne vise que moi. Pourtant, d’autres ont aussi exprimé leur désaccord. Parfois plus frontalement.

Un vice-président de Région a écrit :

« Pas à la hauteur. Le combat pour l’égalité mérite mieux qu’une association qui se laisse instrumentaliser. »

Un auteur connu :
« Faire de la discrimination misandre ne fera pas avancer non plus… »

Silence radio. Pas de communiqué. Pas de convocation devant le tribunal moral.
 Deux poids, deux mesures. Sélectivité militante.

Page 1 sur 2

L’UFR, version politique

Il fut un temps où l’UFR défendait toutes les femmes. Ce temps est révolu. Aujourd’hui, elle choisit : ses causes, ses figures, ses ennemis.

Quand je dénonce des licenciements abusifs dans les lycées : silence.
Quand je me présente contre un candidat parachuté : attaque.
Quand je critique la méthode autoritaire d’une présidente d’honneur : exécution publique.

C’est clair : je suis devenu l’homme à abattre. Et l’UFR, la cavalerie de la Région.

Mémoire sélective, alliances flexibles

L’UFR semble avoir la mémoire courte. En 2015, Mme Bello s’allie à André Thien-Ah- Koon. Celui qu’elle accusait autrefois de sexisme. Tout le monde applaudit.

Moi, j’ai été sur sa liste en 2021. Ma famille a milité au PCR pendant quarante ans. Mais aujourd’hui, je suis devenu un traître. Pour avoir osé critiquer. Curieuse idée de la loyauté.

Et puis il y a Monique Bénard.
Au centre de l’échiquier politique, fanm debout ! La seule, soit dit en passant, à avoir démissionné de son poste de conseillère régionale en 2018 en soutien aux gilets jaunes. En 2015, elle est élue sur la liste de Mme Bello. En 2021, colistière de M. Lebreton. En 2024, je suis son suppléant.

En 2015, c’était une alliance noble. En 2024, c’est une compromission.
 La même femme. Deux lectures. Selon le camp.

Féminisme : propriété privée ?

Le féminisme n’est ni une étiquette, ni un brevet. Le détourner pour étouffer un débat, c’est le trahir. Le transformer en arme politique, c’est l’appauvrir.

On peut défendre les droits des femmes sans appartenir à votre camp.
 On peut aimer la justice sans prêter allégeance. Il faudra vous y faire.

Enseignant, pas idéologue

Fils de petit paysan et de femme de ménage, je suis professeur de SES et d’EMC. L’égalité, la lutte contre les discriminations : je les enseigne chaque semaine. Pas en posture. En pratique.

Mes élèves savent que le respect n’a pas de sexe, que l’intelligence n’a pas de camp, et que la pensée critique n’est pas un luxe. Certains adultes devraient y repasser.

Conclusion…mais pas la fin !

Votre communiqué est un procès d’intention. Une diversion. Il n’éclaire rien. Il masque. Je continuerai à dire ce que je pense. À défendre un féminisme libre, sérieux, solide. Pas un féminisme de circonstance. Pas un féminisme d’appareil. La cause est trop importante pour être instrumentalisée. Et les citoyennes, trop intelligentes pour être dupes ».

 

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

4 Commentaires

Répondre à yenamarre Annuler la réponse

Your email address will not be published.

Article précédent

Des courses facturées deux fois à la caisse : une erreur mal gérée dans une grande surface (Podcast)

Article suivant

Le pape François est décédé à 88 ans ; Réactions ; Podcast

Free Dom