Dans quelques jours, Samuel Chan-Ng-Yok franchira les portes de l’École polytechnique sur le plateau de Saclay à Palaiseau , rejoignant l’élite scientifique française. Ce jeune Dionysien de 20 ans devient ainsi le tout premier élève des classes prépas du lycée Leconte de Lisle à intégrer cette grande école, une réussite historique pour l’établissement et un symbole fort pour l’enseignement réunionnais.
Son parcours remarquable fait aujourd’hui la fierté de ses parents, qui l’ont soutenu avec amour et constance, de ses professeurs, qui ont cru en son potentiel et l’ont accompagné avec exigence et bienveillance, mais aussi du proviseur du lycée, qui voit en lui une source d’inspiration pour toute une génération d’élèves réunionnais.
Une trajectoire exemplaire, de La Réunion à l’élite nationale
Suivi depuis la classe de seconde jusqu’à sa deuxième année de classe préparatoire scientifique, Samuel a évolué au sein de la filière MP2I/MPI, récemment ouverte à La Réunion. Dans une classe de 20 élèves, il s’est distingué par son sérieux, son humilité et son altruisme.
« C’est un étudiant brillant, sans esprit de compétition, toujours prêt à aider ses camarades », témoigne Jérémy Larochette, son professeur de prépa scientifique.
Grâce à une pédagogie différenciée et des groupes de travail adaptés aux concours visés, Samuel a pu se préparer aux épreuves les plus exigeantes. Il a passé les écrits à La Réunion, puis les oraux à Paris, avant d’obtenir son admission début août.
Un parcours semé d’obstacles pour passer les concours dans l’Hexagone
Pour les élèves ultramarins, accéder aux grandes écoles passe souvent par un véritable parcours du combattant. Si les épreuves écrites des concours peuvent être passées à La Réunion, les oraux d’admission, eux, se déroulent exclusivement en métropole. Cela implique un déplacement coûteux, une logistique complexe, et parfois un séjour prolongé loin de la famille, comme ce fut le cas pour Samuel, qui a passé ses oraux à Paris entre le 6 juin et le 18 juillet.
« Il faut être très organisé, bien informé, et parfois solliciter des aides financières pour couvrir les frais », confie-t-il.
Ces obstacles, souvent invisibles, rendent la réussite encore plus admirable. Ils soulignent l’importance de soutiens institutionnels et de dispositifs d’accompagnement pour garantir l’égalité des chances entre tous les territoires.
Une école prestigieuse, une formation militaire, un avenir d’ingénieur
L’École polytechnique, rattachée au ministère des Armées, propose une formation sur quatre ans, dont une année dans une école d’application comme les Mines de Paris.
« Je suis prêt à quitter l’île, à suivre une formation militaire, et à devenir ingénieur », confie Samuel, conscient des responsabilités qui l’attendent.
Lors de sa rencontre avec la ministre Élisabeth Borne mardi dernier, il a reçu des encouragements forts :
« Cette formation sera une casquette de moins à porter, elle t’aidera à te structurer. »
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Une filière locale qui fait ses preuves
Ouverte il y a trois ans, la filière MPI permet aujourd’hui à La Réunion d’offrir toutes les classes préparatoires scientifiques, une première en outre-mer.
« C’est le seul département ultramarin à proposer l’ensemble des filières scientifiques », souligne l’équipe enseignante.
Le recrutement repose sur la motivation, la rigueur et la capacité à s’investir pleinement pendant deux ans.
« Il n’est pas nécessaire d’avoir un niveau extraordinaire, mais il faut du sérieux et de l’organisation. »
Samuel avait découvert la filière grâce aux cours du mercredi après-midi, proposés aux lycéens pour rencontrer les professeurs et tester l’environnement. Ce contact humain a été décisif dans son choix de rester à La Réunion.
Un message pour la jeunesse réunionnaise
Samuel incarne une nouvelle génération qui ose viser haut sans renier ses racines. Lorsqu’on lui demande une citation pour inspirer les jeunes Réunionnais, il répond simplement :
« Crois en toi, même si personne ne t’attend là où tu vas. »
Formé localement dans une filière exigeante, Samuel incarne la réussite péi, celle qui ne cède ni à l’exil ni à la résignation, mais qui trace sa voie avec détermination, humilité et brio. Son entrée à Polytechnique témoigne de la montée en puissance des talents ultramarins dans les grandes écoles de l’Hexagone, et ouvre la voie à d’autres jeunes Réunionnais qui rêvent d’excellence.
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Bravo Samuel, j’espère qu’au concours de 2026 il y aura au moins 50 étudiants étudiantes CPGE à la Réunion
qui vont intégrer Polytechnique. Félicitations aux professeurs de Samuel.
Jean-Marc Fontaine.