Le préfet a prononcé, le 13 octobre 2025, la démission d’office de Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne, à la suite de sa condamnation qui entraîne cinq ans d’inéligibilité dans le dossier du Sidélec. L’élu conteste cette décision et a porté l’affaire devant le tribunal administratif, qui étudiera son recours le 9 décembre 2025.

Maurice Gironcel condamné, mais il compte faire appel : « ce n’est pas simple d’être communiste à La Réunion » (PHOTOS-VIDEOS-PODCAST)

Le maire de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel, vient d’être condamné dans l’affaire du SIDELEC à 5 ans de prison dont 2 ferme et 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire.
Malgré cette lourde peine, l’élu affirme que « la justice n’a rien contre lui » et annonce qu’il fera bel et bien appel.

Au micro d’Yves Mont-Rouge, Maurice Gironcel estime aussi que « ce n’est pas simple d’être communiste à La Réunion ».

Condamné à 5 ans de prison et à 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, Maurice Gironcel déclare : « la justice n’a rien trouvé contre moi, rien du tout »

Voici l’article d’Yves Mont-Rouge qui a assisté, ce lundi 29 septembre, au conseil municipal de Sainte-Suzanne. « J’utiliserai toutes les voies de recours qui s’offrent à moi. Pour l’instant je reste le maire de Sainte-Suzanne. Le conseil municipal continuera de fonctionner jusqu’en mars 2026. Et à partir en mars 2026, on remettra la balle au centre. Je souhaite que le conseil soit toujours dirigé par une majorité communiste. Je réunira les militantes et les militants communistes le 18 janvier prochain et on désignera une équipe… », dixit Maurice Gironcel.

Le conseil municipal de Sainte-Suzanne, qui n’avait pu se tenir mardi 23 septembre, faute de quorum, s’est déroulé ce lundi après-midi 29 septembre à la salle « Lo Rwa Kaf/Gérose Barivoitse » au Bocage en présence des militants de la majorité municipale.

La tension était palpable avant la séance. Depuis trois jours, Olivier Dugain avait appelé à un rassemblement devant le lieu où allait se tenir le conseil. Cet après-midi, une dizaine de ses militants a fait le déplacement. En face, ceux de Maurice Gironcel étaient beaucoup plus nombreux. Une trentaine, facilement, parmi lesquels de nombreux agents communaux. Sans doute ont-ils déposé une demi-journée de congé ?

Le conseil municipal a débuté aux environs de 15 heures. D’emblée, Maurice Gironcel est intervenu et a ramené le calme. En effet, avant même d’aborder l’ordre du jour de la séance, il a tenu à faire part aux élus et au public de sa position suite au jugement que le tribunal judiciaire de Paris a prononcé contre lui le 25 septembre dernier au terme du procès relatif aux marchés frauduleux du Sidélec (Syndicat intercommunal de l’électricité à la Réunion) dont il est le président. Un procès qui s’était déroulé en mai dernier à Paris suite à une enqueêt menée depuis 2022 par le PNF (Parquet national financier). Maurice Gironcel a été condamné à une amende de 60 000 €, à 5 ans de prison ainsi qu’à 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Ce n’est pas la première fois que Maurice Gironcel est condamné à une peine d’inéligibilité.

« Maurice Gironcel : nous irons jusqu’au bout de notre mandat. Et je serai toujours aux côtés de la population »

Au cours de sa longue carrière politique à Sainte-Suzanne, tout d’abord en tant que 1er adjoint de feu Lucet Langenier, puis en tant que maire, il a dû démissionner de son mandat, laissant ainsi la place à une de ses adjointes Yolande Pausé. Mais à chaque fois, Maurice Gironcel est revenu au pouvoir. Il siège à la mairie de Sainte-Suzanne depuis 1982, depuis son retour de métropole où il était resté durant une quinzaine d’années.

Avant donc de passer à l’examen de l’ordre du jour, Maurice Gironcel a expliqué qu’il utilisera toutes les voies de recours pour se défendre. « Je ne baisserai pas les bras, le combat continue, je me battrai jusqu’au bout ». Le maire de Sainte-Suzanne est au micro d’Yves Mont-Rouge :

Olivier Dugain, de l’opposition : « Maurice Gironcel n’a plus le droit d’être maire »

Avant le début du conseil municipal, Olivier Dugain, très prolixe depuis jeudi dernier, a estimé que « Maurice Gironcel n’est plus à sa place aujourd’hui et que, légalement, il ne doit plus présider cette séance ». Selon Olivier Dugain, conseiller municipal de l’opposition, « Maurice Gironcel veut toujours avoir la main sur le conseil car il veut faire adopter le PLU (Plan Local d’urbanisme), un PLU taillé sur mesure pour ses copains; Il a déclassé des terrains pour eux ». Olivier Dugain a dit ce qu’il pensait, puis a quitté le conseil.

Alexandre Lai Kane Cheong : « on sait que le couperet tombera… Que deviendra ce conseil ? »

Le conseil municipal s’est déroulé dans une ambiance bon enfant, après le relatif coup de chaud d’avant séance. La vingtaine de dossiers à l’ordre du jours a été adoptée à l’unanimité, à l’exception du PLU. Durant le conseil, Daniel Alamélou, conseiller municipal est intervenu à deux ou trois reprises. Il a voté avec la majorité.

Les élus du groupe mené par Alexandre Lai Kane Cheong (Alek) ont voté contre le PLU. Ce dernier, enseignant à Saint-Denis, est arrivé quasiment en fin de séance aux environs de 15h30, tout juste le temps de s’adresser à Maurice Gironcel et aux élus pour leur dire publiquement « l’incertitude qui règne aujourd’hui à Sainte-Suzanne », suite au jugement rendu la semaine dernière par le tribunal judiciaire de Paris.

Maurice Gironcel : « comme tout citoyen, je défends mes droits, rien que mes droits… »

Répondant à Alek, Maurice Gironcel a insisté : « la justice n’a rien trouvé contre moi, rien du tout. Ils ont fouillé ma case avec un malinois très agressif qui a fait peur à mon petit enfant, ils ont rien trouvé. Ils ont fouillé mon bureau de fond en comble à la mairie, au Sidélec, ils n’ont rien trouvé. A partir de là, je me défends. Je ferai en sorte que mes droits soient respectés… ». Ecoutez le maire de Sainte-Suzanne :

Maurice Gironcel : « Pourquoi un procès à 10 000 km ? Pourquoi un procès aussi rapide que cela ? »

A la fin du conseil municipal, nous avons posé la question à Maurice Gironcel qui a laissé entendre que la justice ciblait le PCR (Parti communiste réunionnais). Il a rappelé les combats « contre l’injsutice » menés avant lui par Paul Vergès, Elie Hoarau, Lucet Langenier, Ary Yee Chong-Chi-Kan- Roland Robert… Il répond aux question d’Yves Mont-Rouge :

Après le conseil municipal, Maurice Gironcel a organisé une réunion avec les élus de sa majorité. Pour préparer les semaines et mois à venir. Si ces avocats ont déjà fait appel du jugement au pénal, le maire de Sainte-Suzanne attend la notification du préfet demandant sa démission pour la contester devant le tribunal administratif. En fait, il joue la montre, le temps pour lui de tout caler au niveau de l’équipe majoritaire et de préparer l’échéance de mars 2026. Même s’il ne sera plus dans la course, il restera à coup sûr dans l’assistance, sans se montrer. Mais il espère jouer toujours le rôle de coach principal.