À Saint-Denis, des locataires et propriétaires dénoncent la dégradation de leurs logements et le silence des bailleurs sociaux. Infiltrations d’eau, fissures, loyers qui augmentent : beaucoup se sentent abandonnés.

« À chaque cyclone, tout recommence »

À la résidence Fleur de  Café, rue Pitel à Saint-Clotilde, Madame Vayeratta  vit depuis 2017 dans un logement qu’elle n’ose plus appeler “chez elle”.
Les premiers dégâts sont apparus dès 2018 : infiltrations d’eau, murs gorgés d’humidité, peintures qui cloquent.
« Ils sont venus gratter un peu les murs, ils ont peint, mais à chaque cyclone, tout recommence », déplore-t-elle.

Sa chambre, celle de sa fille et les toilettes sont régulièrement inondées. Cinq experts se sont déjà déplacés, sans résultat concret.
« Ils veulent juste repeindre, pas réparer les fissures. Pourtant, les experts ont dit que ça vient de l’extérieur », poursuit-elle.

Un logement devenu insalubre

Aujourd’hui, son T4 est en piteux état. Seule avec sa fille, elle demande depuis des années un T2 plus petit et plus sain, sans obtenir de réponse.
« On me dit qu’il n’y a pas de logement. Pourtant, j’ai entendu dire qu’ils en ont livré à Moufia. Mais pas pour moi », soupire-t-elle.

Pire encore, son loyer continue d’augmenter :

« 30 euros de plus par mois, soit 360 euros par an. Je suis au RSA, je ne peux plus suivre. »

Les habitants de cette résidence dénoncent également une absence totale d’entretien et une insécurité grandissante.

« C’est sale partout. Les escaliers, les couloirs, même les abords du bâtiment ne sont jamais nettoyés », témoigne un résident.

Le portillon d’entrée est cassé depuis des mois, laissant libre accès à la résidence.

« N’importe qui peut entrer, à toute heure. On ne se sent plus en sécurité », s’inquiète une habitante.

Entre dégradations, manque d’entretien et silence des bailleurs, les résidents ont le sentiment d’avoir été abandonnés.

Résidence Les Ombrelles : l’assurance bloquée, la SIDR muette

Même scénario à la résidence Les Ombrelles, rue Tessan.
Ici, un propriétaire de l’appartement 24 lutte depuis janvier contre la SIDR après les dégâts du cyclone Garance.
Salle de bain, véranda, toilettes : tout a été endommagé. Le sinistre vient de l’appartement du dessus, occupé à l’époque par un locataire.

Le locataire a depuis quitté les lieux, le logement a été vendu, mais aucune réparation n’a suivi. Le syndic de copropriété a été informé de la situation, mais ne peut intervenir : le logement à l’origine du sinistre appartenait à la SIDR, et en tant que bailleur, c’est à elle de reconnaître les dégâts pour que l’assurance puisse prendre en charge les travaux.

« Le constat a été fait, l’assurance est prête à intervenir, mais il faut que la SIDR reconnaisse les dégâts. Et depuis, plus rien », dénonce-t-il.

« Quand il pleut, l’eau coule même sur le ventilateur »

Ces deux situations illustrent un malaise plus large : des familles et des propriétaires laissés pour compte, dans des logements dégradés, sans réponse, sans solution.

À l’approche de la saison cyclonique, l’inquiétude est grande.

« Je ne peux pas rester ici en décembre. Quand il pleut, l’eau coule même sur le ventilateur. Je dors dans le salon », confie Madame Vayeratta dépitée.

Les habitants demandent des réponses, des actes, et surtout, un logement digne. « Aujourd’hui, il faut menacer pour avoir un toit ? Moi, je ne peux pas faire ça », conclut-elle, la voix tremblante.