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Reconnaissance de l’Etat palestinien et interdiction de hisser le drapeau de la Palestine sur les collectivités : pourquoi ce paradoxe ?

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Reconnaître un État palestinien : c’est le travail mené actuellement par la diplomatie française, sous l’égide du Président de la République Emmanuel Macron. Mais dans le même temps, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire interdit aux élus des collectivités locales de hisser le drapeau de la Palestine devant les mairies et autres. Pourquoi cette double posture ?  C’est la question que doivent se poser d’entre vous. Voici, modestement, quelques éléments de réponse.

En fait, il faut faire la distinction entre acte symbolique (reconnaissance diplomatique) et règles de droit administratif, notamment le principe de neutralité du service public en France.

Rappelons le contexte : le 24 juillet 2025, le président Emmanuel Macron a annoncé que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre. Une reconnaissance qui s’inscrit dans la continuité d’un discours présidentiel depuis plusieurs mois : Macron a décrit la reconnaissance comme un « devoir moral » et une « exigence politique », tout en précisant qu’elle doit venir à un « moment utile » et avec certaines conditions (reconnaissance d’Israël, respect des droits de l’Homme, etc.).

Parallèlement, une polémique s’est développée en France autour de l’idée d’afficher le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre 2025 — jour où la reconnaissance officielle de l’État palestinien par la France sera (ou sera attendue) rendue publique. Certains élus (notamment à gauche, comme Olivier Faure) ont lancé un appel en ce sens.

De son côté, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (en fonction à ce moment-là) a adressé un télégramme aux préfets, les invitant à s’opposer à l’installation du drapeau palestinien sur les façades des mairies et autres bâtiments publics.

La justification donnée est la suivante : le principe de neutralité du service public. En France, les bâtiments publics doivent rester neutres dans les conflits internationaux ou dans des manifestations symboliques marquées politiquement. L’idée est que la mairie (ou tout autre bâtiment public) soit un service public — il doit servir tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions — et ne pas être le lieu d’une expression qui peut être interprétée comme un soutien partisan dans un conflit international.

Le ministère évoque aussi le risque de trouble à l’ordre public lié à la symbolique forte de ce geste, surtout dans un contexte international tendu. D’aucuns au gouvernement pense aussi à une tentative de récupération politique par la gauche d’autant que cette proposition de hisser le drapeau palestinien devant les collectivités a été faire par le socialiste Olivier Faure.

Deux gestes symboliques, deux niveaux de responsabilité

Ces deux décisions — reconnaître un État et interdire le drapeau sur les mairies — ne sont pas forcément contradictoires quand on les voit sous l’angle des niveaux d’autorité, des cadres juridiques et de la portée symbolique. Pourquoi cette double posture ?

Il y a le maintien du contrôle juridique et administratif. Le gouvernement veut donner un message fort sur la reconnaissance de la Palestine, mais à l’intérieur du pays, il reste soumis à des contraintes légales : neutralité, cohésion sociale, ordre public. L’interdiction du drapeau vise à encadrer les gestes publics “symboliques” qui pourraient être source de divisions ou de contentieux.

Il y a aussi la gestion des opinions publiques et des sensibilités. Dans une société où le sujet de la Palestine suscite des réactions passionnées, des positions variées (solidarité, inquiétude, opposition), le gouvernement doit naviguer prudemment. Il souhaite adresser une reconnaissance diplomatique sans laisser la rue ou les collectivités locales devenir le théâtre d’actions jugées potentiellement provocatrices, contestées ou susceptibles de heurter des citoyens.

D’où la nécessité de différencier des actes symboliques et des actes diplomatiques. Reconnaître un État est une décision de politique étrangère, officielle, qui engage la France à l’international. Hisser un drapeau sur une mairie est moins institutionnellement investi, mais plus visible au quotidien, plus proche des citoyens et donc potentiellement plus sensible. L’un peut être célébré, l’autre contrôlé.

Par ailleurs, la République française repose sur la laïcité, mais plus largement, sur l’idée que l’État doit rester neutre sur les conflits politiques et religieux, y compris dans son expression symbolique. Le drapeau est un symbole politique fort. Le gouvernement invoque la neutralité du service public, c’est-à-dire que les bâtiments publics ne doivent pas être perçus comme prenant parti dans un conflit international.

Une posture qui donne lieu forcément à des critiques. Certains élus et citoyens estiment que l’interdiction du drapeau est hypocrite : si l’État reconnaît un État palestinien, pourquoi empêcher un geste de solidarité symbolique locale ? D’autres avancent qu’interdire de tels drapeaux revient à museler l’expression démocratique, alors même que la reconnaissance diplomatique est un acte fort mais abstrait pour beaucoup.

Des arguments pratiques : plusieurs mairies affirment avoir déjà hissé ce drapeau sans incident, et que cela ne provoque pas de trouble à l’ordre public.  En fait, la reconnaissance est un geste officiel, qui engage la France sur la scène internationale ; c’est un message politique important. L’interdiction du drapeau ne remet pas en cause cette reconnaissance, mais marque une limite légale au type de manifestations publiques autorisées dans l’espace public local.

Le débat est autant sur ce que la France peut faire diplomatiquement que sur comment les symboles politiques sont gérés chez nous. Pour beaucoup, la tension vient de ce qu’il semble y avoir un “double langage” : le gouvernement dit reconnaître la Palestine, mais ne veut pas laisser de visibilité locale à ce geste symbolique. Cela alimente les suspicions de manque de sincérité ou de peur de la controverse.

 

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

2 Commentaires

  1. Hissez un drapeau palestinien ne vous concerne pas ! Arrêtez votre mascarade , les Palestiniens ne savent même pas où est la réunion ! Tout est politique , occupez vous de votre peuple Réunionnais d’abord , et arrêtez de nous faire avaler des couleuvres ! Quand est ce que vous allez comprendre qu’on en a plein le cul de vôtre partouze politicienne ? Un couillon qui se porte candidat ‍↕️des Brel d’élus pas tous encore a la barre qui font la pluie et le beau temps ! Peuple réveillez vous pour 2026 sinon on sera encore dans le caca dur en 2030 !

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