La trêve est terminée. Aujourd’hui, la mairie de Saint-Denis a lancé la 10ème édition de l’opération musclée « Netoy Nout Vil » (Nettoyer Notre Ville). Devant l’ancienne poste du Moufia, une centaine d’agents et de responsables, épaulés par des associations partenaires, ont déclaré la guerre non pas à la saleté banale, mais à la saleté stratégique.

La maire, Ericka Bareigts, a rappelé avec une franchise rafraîchissante que ce grand ménage d’une semaine n’est pas un luxe, mais une question de survie. Certes, les encombrants et les déchets verts sont ramassés régulièrement par la CINOR et les prestataires. Mais « Netoy Nout Vil » est la mission commando qui va « au plus profond de la saleté » pour une raison impérieuse : la santé publique.

Le bilan de dix Ans : un archipel de déchets

Les chiffres avancés feraient pâlir un logisticien de l’apocalypse. En dix éditions, la ville a réussi l’exploit de déplacer des montagnes :

• Plus de 3 026 tonnes de déchets verts (l’équivalent d’une petite forêt).

• 904 tonnes d’encombrants.

• Plus de 5 613 appareils électroménagers (de quoi équiper un quartier entier).

• Et la palme de l’insolite : 1 260 pneus et des milliers de VHU (Véhicules Hors d’Usage).

L’opération du jour mobilise plusieurs équipes spécialisées, encombrants, déchets verts, électroménagers, et des camions qui feront la navette vers le site de dépôt de Bois Nèfles.

Le message du moustique : « un PV à 35 € la vie »

Au-delà de l’effort physique, le message de la Maire de Saint-Denis est d’une clarté foudroyante : « Quand on laisse des déchets sur la voie publique, on tue sa famille ».

Le lien est simple : déchet = prolifération du moustique. Moustique = dengue et chikungunya. En pleine approche de la saison d’été et des moustiques énervés, c’est l’argument massue.

Heureusement, l’éducation porte ses fruits. Le nombre de PV (dont une amende de 35 € pour le non-respect du calendrier de dépôt) est en baisse. Les PV et les actions d’embellissement (planter des fleurs là où il y avait des décharges sauvages) se révèlent plus efficaces que de longs discours. Mais la résistance persiste, et la Ville ne plaisante plus : la caméra mobile est déployée pour attraper les derniers irréductibles de la crasse, qu’ils soient Dionysiens ou non.

La réparation est la fête du déchet

Pour transformer le désespoir en espoir, l’ADRIE (direction de l’aménagement durable) est également sur le terrain. Face à la poste du Moufia, un atelier de réparation gratuit est proposé : si votre petit appareil électrique est en panne, ne le jetez pas ! Deux techniciens sont là pour prêcher la réutilisation.

De plus, un atelier créatif apprend aux écoliers à fabriquer des décorations de Noël à partir de matériaux rejetés. Le message d’Axel Naillet, directeur de l’ADRIE, est clair : « Arrête de jeter, réutilise plus et jette moins. »

Bref, le grand nettoyage est lancé pour une semaine, prouvant que, même face à la tonne de pneus et aux électroménagers abandonnés, Saint-Denis est déterminée à faire de la propreté un acte de civisme et de santé publique. Les agents sont sur le terrain, armés de camions et de bonnes intentions. Que la propreté soit avec eux !