Rien ne dit qu’il sera candidat. Mais rien ne dit pour autant qu’il ne le sera pas. Comme Cyrille Melchior, lui aussi, réfléchit. L’ancien président de Région (2010-2021), bien qu’ayant deux procès à venir, reste potentiellement dans le circuit politique. Les affaires judiciaires ne l’empêchent pas de postuler aux prochaines municipales. A Saint-Paul. Ou peut-être dans une autre commune. Ou peut-être aucune part d’ailleurs. Il serait donc, pour le moment, imprudent d’être affirmatif sur son choix quant aux élections de mars 2026.

La preuve, Didier Robert devrait participer ce samedi 20 septembre, à « une rencontre citoyenne » au lieu-dit Corbeille à la Saline, près du stade de foot, à partir de 17h30. Samedi dernier, c’est Joseph Sinimalé, ancien maire de Saint-Paul et ancien président du conseil général, qui a organisé une réunion en faveur d’une candidature de Didier Robert à la mairie de Saint-Paul, selon certains militants présents. D’autres soutiennent que l’ancien maire de Saint-Paul a surtout prôné l’union.

Comme vous pouvez l’imaginer, la situation politique à droite à Saint-Paul ne serait pas aussi claire, aussi lisible comme souhaiteraient le faire croire certains médias. Cyrille Melchior n’a pas encore dévoilé ses intentions concernant les municipales de 2026 à Saint-Paul. D’après ce qui se dit, et il l’a rappelé lors d’un rassemblement à la Grande-Fontaine, il y a trois semaines, qu’il était à la recherche de l’union des droites et des centres. L’union derrière lui ou derrière un autre candidat.

A aucun moment, l’actuel président du Département et président de « Nouvel R' » n’a laissé entendre qu’il voudrait endosser le brassard de capitaine pour le scrutin de 2026. Certes, le millier de militants qui se sont réunis sur le terrain de Fabrice Marouvin n’a pas cessé de le solliciter. Mais force est de constater fait encore durer le suspense. A se demander même si le patron du Département souhaite vraiment croiser le fer avec l’actuel maire de Saint-Paul, Emmanuel Séraphin, ou s’il ne ferait pas tout pour que ça soit Didier Robert qui aille à la bataille. Certains diront plutôt au « casse-pipe ».

La situation n’est pas simple, en effet, pour la droite Saint-Pauloise (ou les droites). N’oublions pas que plus d’une huitaine de candidats se revendiquant de cette famille politique se sont présentés aux municipales de 2020. La division a conduit inéluctablement à la victoire d’Huguette Bello, candidate de la gauche. Laquelle a ensuite passé le relais à Emmanuel Séraphin après son élection à la tête de la Région en juillet 2021.

La situation n’est pas évidente pour la droite (les droites) et le centre. Qui peut réellement parier sur une vraie union des droites Saint-Pauloises ? Aussi bien dans le camp de Melchior que dans celui de Robert, nombreux sont les militants craignent des peaux de banane. Qui peut garantir que Cyrille Melchior ferait à 100% Didier Robert si ce dernier était désigné comme le candidat de la droite unie ? De même, qui peut parier sur un soutien total de Didier Robert en faveur de Cyrille Melchior, si le président du Département se décidait à fendre l’armure ? La bataille est si rude entre les militants des deux camps. D’où l’organisation des rassemblements ou autres « rencontres citoyennes ».

Vous imaginez bien que si personne à droite ne s’est encore décidée, ce n’est pas pour rien. Les risques doivent être mesurés. Ce scrutin ne sera pas une aventure sans lendemain. Bien au contraire. Les conséquences politiques ne sont pas à négliger, pour le scrutins à venir, après les municipales de 2026. Si Cyrille Melchior se présente à Saint-Paul, s’il gagne, il perdra de facto la présidence du Département.

Or, le pouvoir parisien, macroniste notamment, tient beaucoup à cette citadelle politique face à la Région tombée depuis 2021 dans l’escarcelle de LFI et face à la mairie du chef-lieu aux mains du PS. Donc, s’il gagne Saint-Paul, pas sûr que la droite restera aux commandes du palais de la Source.

Didier Robert, candidat de la droite et du centre, avec le soutien du RN ? Les calculs vont bon train…

Il faut se rappeler que Nassimah Dindar, présidente de l’UDI (une des composantes de « Nouvel R' »), également élue de la majorité municipale dionysienne d’Ericka bareigts, a longtemps présidé la collectivité départementale avec le soutien du PS et du PCR. Nassimah Dindar qui est aussi très proche de Juliana M’Doihoma, maire de Saint-Louis, dont l’absence ainsi que celle des élues départementales de Saint-Louis, ont été remarquées lors du rassemblement de « Nouvel R' » le 7 juin dernier à l’Etang-Salé.

Autre cas de figure, si Cyrille Melchior perd les municipales à Saint-Paul, il perdra sa place de leader de la droite et du centre. Depuis la mort de Michel Fontaine, en mars dernier, c’est lui qui a repris le leadership à droite. Il est vu, en tout cas, en tant que tel, en tant que patron de « Nouvel R' », qui réunit aussi bien des élus de la droite classique, de divers-droite, du centre, du centre-gauche et même de Banian, le parti politique de Patrice Selly. Lequel Selly fait partie de la Plateforme réunionnaise menée par la socialiste Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis.

D’où la question : est-ce que Cyrille Melchior souhaite vraiment aller au combat à Saint-Paul ? Didier Robert, lui, se retrouve plus ou moins dans la même posture. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas politiquement inactif. Son restaurant dionysien où il passe aujourd’hui la majeure partie de son temps, depuis qu’il s’est retiré de la politique régionale, fait un peu office de permanence politique. Il reçoit de nombreuses visites.

Concernant Saint-Paul précisément, un coup il veut y aller, un coup il ne le souhaite plus. Autrement dit, il ne le sait pas encore. Comme Melchior. Il fait ses calculs. Il se verrait bien à la tête d’une liste de la droite unie (même de façade) qui pourrait bénéficier du soutien du Rassemblement National (RN) localement pilotée par son ami Jean-Jacques Morel, son alter ego à la Région.

Ainsi, doit-il se dire, il pourrait profiter de la dynamique du parti de Marine Le Pen (dont les scores ne cessent de grimper dans l’île depuis les dernières législatives, y compris dans la 2ème circonscription dans laquelle se situe la commune de Saint-Paul). Ça, c’est la tendance du moment, à l’instar de la météo qui reste très changeante, en raison des micro-climats.

Faudra-t-il s’attendre à une réponse de la part de Didier Robert à l’issue de « la rencontre citoyenne » prévue ce samedi 20 septembre à la Saline ? Rien n’est moins sûr ! Nul doute que Didier Robert choisira lui aussi la même stratégie que celle de Cyrille Melchior, à savoir : jouer la montre. Deux postures identiques qui montrent, si besoin, le dilemme auquel sont confrontés les deux candidats potentiels, ainsi que le mal-être de la droite Sainte-Pauloise. Il suffirait qu’un des deux dise tout simplement : « oui, je suis candidat » ou « non, je ne suis pas candidat ». Ainsi, les militants seraient fixés et pourraient se mettre dès à présent au travail sur le terrain afin de préparer comme il se doit ces prochaines élections. Il ne reste plus que 5 mois avant le scrutin. Ce n’est pas le cas et on peut comprendre l’impatience mâtinée d’agacement des partisans de l’un comme de l’autre… S’il y en a un qui doit se délecter de toute cette chicaya à droite, c’est bien le maire sortant, Emmanuel Séraphin.