Ambiance de meeting avec musique (maloya et tamoule), salle remplie de militantes et de militants… C’était ce mardi en fin d’après-midi, aux environs de 18h30, à chemin du Centre à Saint-André.

Mais il ne fallait pas se fier aux apparences, à en croire Léopoldine Settama-Vidon, candidate aux élections municipales de2026 (les 15 et 22 mars). « Ce n’est pas un meeting », prévient-elle d’emblée. Elle est au micro d’Yves Mont-Rouge :

Pas un meeting, mais « un lancement de campagne électorale ». Pas question de grande salle de réception ou d’espace événementiel, mais… chez un particulier, « une amie qui m’a offert un espace ». Et malgré ce format volontairement « intimiste », l’affluence a étonné : près 150 personnes présentes « un gros mardi soir » et « sans distribution de repas » à la fin de la réunion.

La candidate a d’emblée posé le cadre : proximité, pas de grand show, pas de discours formaté. Parmi les personnes présentes, des militants de divers partis politiques (PS, ancienne élue de l’ancien maire communiste Eric Fruteau, chefs d’entreprise). Que des gens de Saint-André, à l’exception de M. Maroudé (Aya Goparla), un Saint-Paulois, qui enseigne le tamoul à Saint-André et qui a accompagné quelques connaissances à cette réunion de lancement de campagne.

Âgée de 59 ans, avocate de profession depuis plus de 30 ans, mère de cinq enfants et déjà grand-mère sept fois, elle se présente comme « une femme courage », ancrée « dans le réel, dans l’expérience », et s’adressant aux Saint-Andréennes et aux Saint-Andréens en mode direct : « travaillons ensemble, main dans la main ». Son objectif n’est pas seulement de faire campagne : c’est de faire date. Elle le dit sans détour : « mettre une femme maire pour la première fois à Saint-André ».

« Faisons de la politique autrement ! »

Sur le fond, Léopoldine Settama-Vidon affirme vouloir « tourner une page », « installer le changement », et faire émerger une autre façon de conduire la vie municipale. Elle prône l’union, insiste sur « la protection de notre vivre-ensemble » et appelle à un climat politique pacifié. À ce propos, elle n’a pas cité ses adversaires, mais leur a adressé un message clair : «faisons de la politique autrement », « de la politique proprement ». Puis : « ne tombons pas dans leur boue ». Le mot sur lequel elle a le plus pesé est celui-là : « respect ». Respect de l’autre, « respect » de tous les concurrents. « Ne parlons pas d’eux, parlons de nous ».

Léopoldine Settama-Vidon a voulu ce mardi soir échanger directement avec ses militantes et ses militants. « Posez-moi vos questions », leur-a-t-elle demandé. Elle reviendra ultérieurement sur son programme mais elle en a pour l’instant esquissé quelques grandes lignes : « ramener de l’eau propre dans les robinets », « utiliser l’argent des contribuables à bon escient dans l’intérêt de tous les Saint-Andréens », « mettre en place des actions concrètes pour que nos jeunes se soient pas obligés d’aller vendredi de la drogue pour vivre », « créer des zones pour que les chefs d’entreprises puissent investir dans la commune… ». De même, si quelques uns (unes) de ses colistiers (ières) étaient bel et bien présents (es) ce soir, elle organisera une autre réunion d’ici à mars prochain pour les présenter toutes et tous publiquement en même temps.

Seule femme officiellement déclarée pour le moment dans la course municipale sur la commune de Saint-André, Léopoldine Settama-Vidon veut visiblement capitaliser sur cette singularité, non pas en mode victimaire ou identitaire, mais comme un signe : celui d’un cycle qui peut changer. Son lancement de campagne – atypique, sans décorum, chez l’habitant – était calibré pour incarner justement ce virage-là. Ce soir, à Saint-André, elle a planté son décor : pas seulement se présenter à une élection, mais poser sa tonalité, en  installant l’idée qu’un changement de style et de méthode est possible.

Léopoldine Settama-Vidon se présente pour la deuxième fois aux élections municipales à Saint-André. En 2020, elle avait officiellement obtenu le soutien de la section communiste de Saint-André. Elle avait totalisé un peu moins de 10% des suffrages. Elle s’est présentée déjà par trois fois aux législatives dans la 5ème circonscription de la Réunion. Mais la seule fois où elle a été élue, c’était aux régionales de 2015, sur la liste conduite par Thierry Robert (La Politique Autrement/LPA). Elle a siégé jusqu’en 2021. Pour autant, Léopoldine Settama-Vidon n’est du genre à baisser les bras. « Moin lé née à Champ-Borne, quartier la misère. Mi connaît que la vie est un combat… ». Elle continue à rêver, dans le bon sens du terme, dans celui de Martin Luther King qu’elle a cité en disant « I have a dream ». Son rêve à elle c’est de voir les Saint-Andréennes et Saint-Andréens « installer à la tête de la mairie de Saint-André une femme avec la volonté de bien faire, avec le cœur d’un momon ».