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L’après 18 septembre : des législatives avant les municipales de 2026 ?

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Ce n’est pas un « Ti Kozman » dans son format habituel. Juste quelques lignes de commentaire sur la mobilisation du 18 septembre et ses possibles conséquences politiques.

A quoi faut-il s’attendre après la mobilisation d’hier, jeudi 18 septembre ? Cette journée « pas si noire » que ça, constituera-t-elle un tournant pour le budget et conduira-t-elle à une inflexion gouvernementale tant attendue par les partis de l’opposition ? En clair, le nouveau chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, en tiendra-t-il compte pour rompre avec la politique d’Emmanuel Macron afin d’obtenir la bienveillance des oppositions et espérer pouvoir passer Noël tranquillement, ou alors, sera-t-il renversé à son tour, faute d’avoir réuni une majorité ? Ce qui pourrait conduire le Président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale, et donc à organiser de nouvelles élections législatives (3 scrutins en 4 ans, qui dit mieux !) avant les municipales de mars prochain ? Rupture ou censure ? Continuité ou dissolution ? Avec Emmanuel Macron tout est devenu, hormis une démission de sa « Majesté » qui, comme vous pouvez le voir, s’accroche au pouvoir comme « carapate su tété bœuf ». Les ors de La République, c’est trop chouette !

Quel avenir politique pour le nouveau Premier ministre toujours sans gouvernement ? La balle est dans le camp de Lecornu – qui doit envoyer des signaux forts – mais aussi dans celui du Parti Socialiste (PS) et du Rassemblement National (RN). En sachant que LFI, le parti de Mélenchon, n’a pas accepté de rencontrer le Premier ministre et qu’il réclame la démission de Macron.

Localement, on peut dire que l’intersyndicale a fait le job : près de 3 000 personnes réunies dans les rues de Saint-Denis et de Saint-Pierre contre la politique budgétaire jugée trop austère, contre la vie chère… C’est pas mal ! Mais ça reste un minimum syndical. La vie est chère, c’est incontestable, Outre-mer notamment. Il n’empêche que les parkings des grandes surfaces sont pleins à craquer chaque jour, les téléphones portables à plus de 1 000 balles se vendent comme des petits pains, les concerts de musique en tous genres affichent complets, y compris ceux programmés d’ici à la fin de cette année : Gims, Kalash, Dadju, Tayc, Ti Matt et autres artistes nationaux et locaux mobilisent plus que l’intersyndicale en dépit de la vie chère sous les tropiques.

Rappelons aussi que d’autres appels à la grève ont connu beaucoup plus de succès par le passé : « contre l’autonomie » dans les années 60 (plus de 10 000 personnes dans la rue), « contre la suppression de la sur-rémunération des fonctionnaires » en 1997 (plus de 20 000 personnes à Saint-Denis), « contre la bidépartementalisation en 2000 » (15 000 personnes réunies à Saint-Denis), le mouvement du COSPAR (Collectif des organisations syndicales, politiques et associatives à la Réunion) « contre la vie chère » en 2009 (des milliers de manifestants)…

Mais ne soyons trop exigeants ! Par les temps qui courent, 3 000 personnes mobilisées dans les rues de la Réunion – 500 000 dans l’hexagone -, c’est mieux que rien. Et puis, il y avait aussi les élus de gauche (LFI, PCR, PS) toujours présents, quasiment en tête du cortège, le temps de quelques photos et images. Par « solidarité », dirons-nous, à celles et ceux qui souffrent de la vie chère ! Les élus de droite quant à eux n’ont pas daigné faire le déplacement. Zot l’a parti «cachiette » ! Ou peut-être pensaient-ils qu’avec 7 députés dont 6 de gauche (1 du RN), élus en 2024, après la dissolution, la Réunion allait pouvoir se faire entendre auprès du gouvernement…Manifestement, ce n’est toujours pas le cas. Nos parlementaires (et autres élus) de gauche sont (encore) « contraints » de descendre dans la rue pour montrer qu’ils existent.

Au-delà des chiffres, ce qu’il faudra retenir, c’est que ce 18 septembre marque plus qu’une simple journée de protestation : elle cristallise un réel malaise face à la politique « macroniste » du gouvernement, et elle pose surtout la question de la légitimité d’un gouvernement qui peine à faire concilier ses engagements financiers avec les attentes sociales.

L’appel de l’intersyndicale à la mobilisation, la participation de secteurs comme l’éducation, les pharmaciens, les transports, montrent que le mécontentement touche large. Le gouvernement aura du mal à négliger ces mobilisations sous peine d’un isolement croissant et d’une fragilisation politique. Sébastien Lecornu, depuis sa prise de fonction à Matignon, a tenté d’envoyer deux signaux : ne pas toucher aux 2 jours fériés que François Bayrou voulait supprimer et mettre fin à certains avantages dont bénéficiaient jusqu’ici les anciens Premiers ministres. Un décret a même été adopté avant-hier. Serait-ce suffisant pour calmer les opposants ? Un décret voté ne veut rien dire. Encore faudra-t-il le mettre en application. Des décrets votés non encore appliqués, il en existe beaucoup.

Le gouvernement Lecornu semble vouloir ménager l’opinion, calmer le jeu, et restaurer une certaine confiance, mais force est de constater que les marges de manœuvre sont étroites, compte tenu de la contrainte de dépenses et d’endettement. Sébastien Lecornu consulte, comme l’avaient fait avant lui Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou. Il consulte les forces politiques représentées au Parlement dans le but de bâtir le budget de 2026.

Cela implique qu’on pourrait voir des amendements, des négociations avec la gauche, peut-être des compromis fiscaux ou sociaux pour éviter que le projet budgétaire soit rejeté comme celui de Bayrou.

Aujourd’hui, les syndicats demandent explicitement un budget qui soit plus juste socialement, qui protège les services publics, revalorise les salaires, et nourrisse une plus grande équité dans la fiscalité.

Est-ce que cette mobilisation fera bouger les lignes du prochain budget ?

Le nouveau Premier ministre – qui n’a toujours pas nommé son gouvernement – n’a pas vraiment le choix même si l’exercice s’avèrera complexe en raison du contexte financier de la France. La mobilisation va sans doute obliger le nouvel exécutif à être plus prudent dans ses annonces et plus souple dans ses choix, notamment sur les dépenses sociales, les prestations et les salaires. Toutefois, les contraintes macro-économiques (dette publique, déficit, note de crédit) limitent fortement ce qui peut être changé. Le gouvernement pourra-t-il abandonner tous les efforts de rigueur sans mettre en péril sa crédibilité financière. Rien n’est moins sûr. On peut s’attendre à un budget atténué, plus négocié, plus calibré selon la sensibilité sociale, mais toujours soumis à l’obligation de redressement car la rupture totale demeure peu probable.

Ne perdons pas de vue que Sébastien Lecornu – celui qui, du temps où il était ministre des Outre-mer, tapait la bise à Didier Robert (alors président de Région) et prenait l’apéro chez feu Michel Fontaine – reste un homme de la macronie, fidèle à l’exécutif. Les grandes orientations telles que la maîtrise des dépenses publiques, les efforts de redressement des finances, la rigueur sur le déficit restent là. Le choix d’un Premier ministre loyal indique que Macron ne souhaite pas un virage radical.

A mon humble avis, mais j’espère me tromper, la base du système macroniste – réforme, libéralisation, responsabilité budgétaire – ne s’effondrera pas du jour au lendemain. Tout changement devra être justifié sur le plan économique, et accepté politiquement. Il y a certes le Parlement, les syndicats, les partis de l’opposition, mais il y a aussi l’Europe, les marchés, les agences de notation qui observent.

La mobilisation du 18 septembre pourrait bien être un moment charnière : pas forcément un tournant radical, mais un point de bascule vers un gouvernement plus attentif aux attentes sociales, faisant quelques pas en arrière là où Bayrou avait trop forcé et trop vite. Un Bayrou fatigué au terme de quelques semaines et surtout pressé de retrouver sa commune de Pau où il se trouve déjà en campagne électorale pour les municipales de 2026. Sa motion de confiance déposée à l’Assemblée nationale n’était ni plus ni moins qu’un moyen de « chier ek ça » (de se barrer) de Paris.

Sébastien Lecornu, qui va de nouveau recevoir les organisations syndicales, a l’occasion de montrer qu’il peut être un Premier ministre capable de renouer un peu de confiance en adaptant la politique budgétaire, tout en maintenant une ligne de rigueur. Le défi sera d’équilibrer ces deux exigences, et la réussite sera mesurée à la fois en termes d’acceptabilité sociale et de crédibilité économique.

Y.M.

(montrougeyves@gmail.com)

 

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

10 Commentaires

  1. Mountrouge à raison espère espèce d’ignare, un décret est un acte réglementaire pris par le ministre et qui fait suite à un vote qui est passé et donc voté par l’assemblée nationale par nos législateurs trou d’…
    Enfin, t’es pas une lumière mon gars. Bon dimanche quand même zoizo

  2. Selly il méprise tout le monde j’ai eu à faire avec lui est croyez moi il a pas de mots pour décrire ce personnage tout est bon pour s enrichir , profite bien Mars 2026 population de st benoît allons vote RAMIN en masse pour éjectés se phénomène loin de St benoît.

  3. Si Macron n’avait pas des élus locaux comme Selly qui le soutiennent, des makros-nistes, on n’en serait pas là! Il doit démissionnner de gré ou de force (manu militari). Dissoudre l’Assemblée coûte cher et ce n’est pas la solution!
    Selly serait ministrable et Ericka serait dans une colère bleue! Elle qui a déjà été ministre sous Hollande s’y voyait déjà! Du coup, nous voyons des communiqués du PS et de Banian mais plus de la plateforme réunionnaise! Ericka ne connaissait pas les coups bas de Selly, prêt à tout pour se mettre sous les projecteurs, prêt à tout raffler (dracula) et sauver sa tête des affaires qui le menacent! Prêt à vendre les Réunionnais au plus bas prix pour s’en sortir! Saint Benoît, est devenue une commune les plus pauvres de France! Avec lui, la France qui est endettée risque la faillite!

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