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La partie « recettes » du budget 2026 adoptée à l’Assemblée nationale : Philippe Naillet et Emeline K’Bidi ont voté pour; Réactions

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L’Assemblée nationale a validé la partie « recettes » du projet de loi de finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026, étape déterminante du marathon budgétaire d’automne. Ce vote entérine la structure des ressources de l’État pour l’année prochaine, c’est-à-dire l’architecture fiscale qui doit permettre de financer les missions publiques et de tenir la trajectoire des finances publiques. Cette première séquence ne traite pas encore du détail de la dépense, mais elle fixe la base : quelles taxes sont maintenues, modifiées, supprimées, ou créées, et comment l’État prévoit de mobiliser des recettes nouvelles ou de consolider des recettes existantes.

Le gouvernement a défendu un scénario de recettes 2026 marqué par un double impératif : assurer la crédibilité de la trajectoire budgétaire face aux engagements européens et éviter un choc fiscal sur les ménages et les entreprises dans un contexte de croissance encore atypique et peu lisible. L’exécutif insiste sur le fait que la consolidation du déficit doit passer davantage par une stabilisation des dépenses et une lutte renforcée contre l’évasion et la fraude, plutôt que par une hausse frontale des prélèvements obligatoires.

Débats politiques vifs; Perceval Gaillard et Jean-Hugues Ratenon fustigent les députés qui ont voté pour

Comme chaque année, la partie « recettes » du budget a été le théâtre d’un affrontement classique mais révélateur. La majorité a mis en avant la “prévisibilité fiscale” et la nécessité de ne pas déstabiliser l’investissement privé. Les oppositions ont reproché au gouvernement de manquer d’ambition écologique et sociale dans l’architecture fiscale : pour certains, parce que les mesures proposées ne taxent pas assez les rentes et les externalités négatives ; pour d’autres, parce qu’elles fragilisent la compétitivité.

Au delà des symboles, le vote montre une nouvelle fois que le plus gros de la bataille politique se joue désormais sur la trajectoire, pas seulement sur les mesures techniques. La partie recettes du PLFSS a pu être adoptée grâce notamment au vote favorable des députés socialistes (59). Chez nos sept députés de la Réunion, le socialiste Philippe Naillet (1ère circonscription) et la GDR Emeline K’Bidi (4ème circonscription) ont voté pour. Pour cette dernière, ce vote favorable « relève d’une double stratégie : il fallait que cela passe pour qu’on puisse avoir le débat sur la troisième partie concernant les retraites et qui est un débat symbolique pour le Nouveau Front Populaire ». Emeline K’Bidi souhaite surtout sauver ses amendements relatifs, entre autres, à la LODEOM.

Parmi les autres députés locaux, Karine Lebon (2ème circonscription) et Joseph Rivière (RN, 3ème circonscription) n’ont pas pris part au vote. Frédéric Maillot (6ème circonscription s’est abstenu). Perceval Gaillard et Jean-Hugues Ratenon ont voté contre. Dans un communiqué, les deux parlementaires réunionnais de LFI (La France Insoumise) pointent leurs collègues qui ont voté pour. « Voter pour ce budget c’est, in fine, être dans la majorité », disent-ils. Voici leur communiqué :

« Les recettes de la Sécurité sociale pour 2026 viennent d’être adoptées par l’Assemblée nationale. Par leur vote, les députés ayant voté pour cette partie recettes viennent de valider 12 milliards de coupes sauvages dans la santé, dans le handicap, dans les EHPAD, dans la protection sociale. Pas un centime d’exonérations de cotisations sociales n’a été récupéré.

Qui paiera cette cure austéritaire ? Les assurés et les soignants qui subiront des coupes violentes. Ces 12 milliards de ponction représentent autant de postes supprimés, d’heures d’attente aux urgences, de précarité familiale et de découverts le 15 du mois. À La Réunion nous subirons de plein fouet cette saignée budgétaire avec moins de remboursements et moins de moyens pour nos hôpitaux. Mécaniquement, tout vote en faveur de ces recettes est un vote en faveur de ces coupes budgétaires. Une fois la caisse vidée, aucune proposition supplémentaire n’a de sens. Voter pour ce budget c’est, in fine, être dans la majorité.

La peur d’un retour aux urnes, de la dissolution ou d’une présidentielle anticipée ne peut pas tout justifier. Plus que jamais nous avons besoin, à La Réunion en particulier, d’élu.e.s qui font passer l’intérêt général réunionnais avant celui de leur parti ou de leur groupe parlementaire national ».

De son côté, Olivier Faure, patron du Parti sociaiste a déploré, comme on a pu le lire dans la presse nationale, que les groupes La France insoumise (LFI) et Rassemblement national (RN) aient voté contre cette partie « recettes », estimant qu’ils avaient « fait le jeu du pire ».  Il a expliqué que le PS avait voté pour cette partie afin de permettre que le débat sur la partie « dépenses » puisse effectivement avoir lieu à l’Assemblée avant d’éventuellement être transmis au Sénat. En d’autres termes : « Nous voulions que le débat [sur la partie dépenses] puisse avoir lieu avant qu’il n’aille au Sénat ». Le patron du PS national a ajouté que le Parti socialiste avait accompli son « devoir » et montré « qu’il y a une gauche qui est utile aux Françaises et aux Français ». Enfin, tout en soulignant que ce texte n’était pas un « budget de gauche », il a insisté sur le fait qu’il ne voulait pas qu’il devienne un « budget de droite » non plus : « Évidemment, nous ne parviendrons pas à un budget de gauche, mais nous ne voulons pas que ce soit un budget de droite. Ce sera un budget d’attente. »

Prochaine étape : les dépenses

L’adoption de la partie recettes ne clôt pas le processus législatif : elle ouvre la séquence suivante, celle des crédits de missions ministérielles, où les arbitrages politiques – défense, éducation, santé, transition écologique – deviennent plus visibles pour le grand public, et plus sensibles politiquement. En attendant, ce vote valide le cadre macro-fiscal dans lequel tout le reste va devoir s’inscrire : en 2026, l’État sait à peu près d’où l’argent doit venir. La question qui va maintenant dominer l’hémicycle est : pour quoi l’État doit-il le dépenser, et avec quelles priorités ?

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

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