« Julie, l’écho des remparts » ou l’histoire de Titine, la grand-mère de Julie Boyer : un roman historique puissant

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Julie Boyer, un nom qui vous parle sans doute. Elle est Réunionnaise, a été journaliste dans son île natale. Elle vit aujourd’hui dans l’hexagone, dans le département de la Mayenne. Elle vient de publier son premier roman : « Julie, l’écho des remparts » (Les 3 Colonnes), offrant ainsi au public un texte lumineux, profondément humain, traversé d’émotions, de traditions et d’une vérité qui touche au cœur. Avant de parler de l’œuvre, parlons de son auteure.

Julie Boyer a grandi entre Saint-Denis, sa ville natale, et Jean-Petit, à Saint-Joseph, chez sa grand-mère Titine. Deux univers, deux rythmes, deux identités. Dans la capitale, elle « vole » librement, « comme un paille-en-queue », selon son ti père.  Savates « doigt d’ pieds », esprit vif, un sourire qui grimpe aux arbres plus vite qu’elle.

Dans le Sud sauvage, elle devient une petite princesse créole : robe en dentelle, chapeau de paille, rubans et chaussures vernies, bercée par la douceur d’une éducation traditionnelle et religieuse. Cette enfance aurait pu être une carte postale parfaite. Mais à 13 ans, tout bascule : Julie perd sa mère. Un choc fondateur qui laisse une trace profonde, et qui, plus tard, nourrira sa maturité et sa sensibilité d’autrice.

Après ce drame, elle quitte Saint-Denis pour vivre à Saint-Joseph jusqu’à sa majorité, avant de revenir, jeune adulte, dans le Nord pour travailler comme journaliste radio, un métier qu’elle embrasse pour financer ses études, mais aussi pour renouer avec l’écriture, déjà omniprésente en elle.

Une femme, une mère, une plume : un parcours riche et résilient

Aujourd’hui mère de quatre enfants, Julie porte en elle une vie faite de contrastes, d’épreuves et de victoires silencieuses. Son fils aîné, né à Saint-Denis, est entré dans les ordres l’année dernière. Son second, atteint d’un handicap particulier, vit à Saint-Joseph. Ses deux filles ont pris leur envol en métropole, dont la plus jeune vit avec elle en Mayenne. C’est justement en Mayenne que Julie trouve enfin un espace pour respirer, se poser, réfléchir, se reconstruire, et surtout, écrire. Elle est aujourd’hui correspondante pour Le Courrier de la Mayenne, et consacre chaque instant libre à son travail d’autrice.

Parlons à présent du roman : Julie, l’écho des remparts s’impose comme un roman historique puissant, une fresque familiale inspirée de la vie de sa grand-mère, Titine. L’éditeur le dit mieux que personne : « Julie Boyer offre un premier roman profondément humain, vibrant d’émotion et de vérité. À travers l’histoire de sa grand-mère, elle nous transporte dans la Réunion du début du XXᵉ siècle, faite de traditions, de solidarité et de luttes silencieuses. (…) En refermant ce livre, on ne quitte pas seulement Titine : on l’emporte avec soi. »

Le livre explore la condition féminine de l’époque, marquée par la guerre, les épidémies et les changements sociaux. Il aborde des thèmes universels tels que la transmission, le deuil, les silences familiaux, et le lien entre les générations. La spiritualité occupe une place centrale dans le récit, notamment à travers le lien mystérieux de Julie avec les morts. Inspiré de la vie de la grand-mère de l’auteur, ce roman est un hommage à la mémoire des femmes discrètes dont les vies ont façonné le monde en silence, cherchant à rendre visible l’invisible et à faire entendre leur écho à travers le temps.

Le roman mêle amour interdit, quête de liberté, héritage créole, et émancipation féminine, dans une écriture accessible, sincère et généreuse. C’est un livre qui s’adresse à tous : aux amoureux de sagas familiales, aux passionnés de récits inspirés du réel, aux lectrices et lecteurs sensibles aux destins de femmes, aux enseignants, aux familles, aux jeunes, et à tous ceux qui souhaitent découvrir un pan intime de l’histoire réunionnaise.

Voici un extrait du livre, un avant-goût :  » Il n’aura fallu qu’une seule soirée pour que mon destin se dessine, presque à mon insu. Un nom chuchoté, un visage présenté, des regards approbateurs, des échanges complices entre adultes… On voulait déjà me placer avec ce garçon de vingt ans. Vingt ans ! J’en avais à peine douze ! Il était, paraît-il, travailleur, issu d’une famille respectable, prêt à fonder un foyer et c’est moi qu’il avait choisi ! Il m’inspirait davantage le dégoût que le trouble. Je ne ressentais rien, sinon un grand malaise. Et pourtant je n’avais mon mot à dire… Cette nuit-là, je n’ai pas rêvé de liberté. Je l’ai pleurée. Dans le silence de mon lit, le poids des convenances et des traditions m’écrasait. J’avais l’impression d’être pris dans un filet invisible dont personne ne cherchait à me libérer. Pas même moi. Comment aurais-je pu ? Les règles étaient claires : les rêves n’avaient pas leur place ici, et encore moins pour une fille ».

Julie Boyer travaille déjà sur le deuxième tome, qui transportera les lecteurs entre les deux guerres mondiales. Quelques notes du troisième volet, consacré aux “temps modernes”, commencent aussi à prendre forme, mais l’auteure n’en dira pas plus pour le moment. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que Julie Boyer avance avec passion. Avec le désir de transmettre, de réparer, de raconter ce que tant de femmes ont vécu dans le silence.

Avec ce premier roman, Julie Boyer ne signe pas seulement un livre : elle révèle une voix, une sensibilité, une mémoire. Elle s’impose comme une passeuse d’histoires, une femme qui transforme les traces du passé en littérature vibrante. La petite fille du Sud sauvage a ouvert un chemin qui parle à son peuple, à sa famille, et à toutes les générations qui cherchent à mieux comprendre d’où elles viennent. Car selon le bon vieux dicton créole : « si ou veut connaître ousa ou sava, il faut d’abord connaître où sa ou sorte ». Avec le parler Saint-Joséphois, ça donne : « si vu vé connaître ou vu sava, vu doit connaître d’où vu vient ». 

Julie Boyer sera de retour dans son île natale à partir de mi-décembre pour un court séjour. Si vous souhaitez la rencontrer, vous pouvez entrer en contact  avec elle via les réseaux sociaux.

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

1 Commentaire

  1. pourquoi pas un film issu de ce livre qui retrace l’histoire de sa vie…. ce serait beaucoup plus intéressant que certains films tournés ici et qui n’ont ni queue ni tète. La Région peut bien financer un film la présidente aime bien les femmes de ce style et ça parle de femme réunionnaise donc l’ex présidente de l’UFR ne peut que s’en réjouir

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