Hier, sur notre antenne, un auditeur désemparé a pris la parole. Il a raconté la situation dramatique que traverse sa famille, marquée par l’alcool et la drogue. Sa mère, en situation d’addiction, aurait récemment porté des coups à son compagnon. Un épisode de violence qui illustre une dérive inquiétante. Aujourd’hui, ce sont des violences. Demain, le pire pourrait se produire.

Face à cette situation, le fils ne cherche ni à accuser ni à se défausser. Il lance un appel clair : « Je veux aider ma mère », a-t-il déclaré à l’antenne. Un appel à l’aide qui dépasse le cadre familial et met en lumière une réalité plus large, profondément ancrée à La Réunion.

Une situation alarmante sur l’île

La Réunion figure depuis plusieurs années parmi les territoires les plus touchés par les ravages de l’alcool. L’île est la première région de France en nombre de décès liés à l’alcool, avec environ 450 morts par an en moyenne. Elle enregistre également un nombre très élevé d’hospitalisations liées aux troubles de l’usage de l’alcool.

Les conséquences sont multiples : l’alcool est impliqué dans 80 % des violences intrafamiliales et dans 60 % des accidents mortels de la circulation. La prévalence du syndrome d’alcoolisation fœtale y est également particulièrement élevée, révélant une problématique sanitaire durable et profonde.

Quand l’addiction frappe tout l’entourage

Le témoignage entendu hier rappelle que l’addiction ne concerne jamais une seule personne. Elle touche l’ensemble de la cellule familiale, fragilise les proches et expose parfois à des situations de danger immédiat. Les enfants, conjoints ou parents deviennent souvent des témoins impuissants, partagés entre peur, épuisement et volonté d’aider.

Dans un article récent publié par Le Monde, David Métété, chef du service d’addictologie du CHU de Saint-Denis et président de la Fédération régionale d’addictologie de La Réunion, rappelle que l’île figure depuis longtemps sur le « podium de la honte » en matière d’alcoolisation. Il souligne que l’addiction est une maladie chronique, qui nécessite une prise en charge globale et durable, bien au-delà de la seule responsabilité individuelle.

Des dispositifs existent, encore trop méconnus

À La Réunion, des structures spécialisées accompagnent pourtant les personnes en situation d’addiction ainsi que leurs proches. Les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), présents sur l’ensemble du territoire, proposent un suivi médical, psychologique et social, gratuit et confidentiel.

Des associations locales jouent également un rôle essentiel à travers des groupes de parole, de l’écoute et de l’accompagnement de terrain, à l’image d’Addictions France, du Mouvement Vie Libre ou encore de collectifs d’entraide engagés auprès des familles. Des réseaux régionaux coordonnent ces acteurs afin d’orienter les personnes vers des parcours de soins adaptés.

Agir avant qu’il ne soit trop tard

Le témoignage de ce fils pose une question centrale : comment intervenir avant qu’un drame ne survienne ? Derrière les chiffres, ce sont des vies qui basculent, des familles qui s’effondrent et des enfants qui portent une charge trop lourde.