Le monde de la photographie a perdu l’une de ses voix les plus singulières aujourd’hui. Elena Iv-skaya, photographe d’origine russe installée à La Réunion, s’est éteinte des suites d’un cancer du sein, laissant derrière elle une œuvre vibrante, audacieuse et profondément féminine.
Anciennement mannequin, Elena s’est imposée derrière l’objectif avec une esthétique reconnaissable entre toutes : couleurs saturées, compositions graphiques, silhouettes sculpturales. Son travail, à la croisée de la mode et de l’art pictural, célèbre la féminité dans toute sa puissance et sa diversité.
Une ode à la beauté féminine, dans toutes ses dimensions
Elena ne se contentait pas de photographier les femmes, elle les révélait. Son approche allait bien au-delà de l’image figée : elle créait une expérience où chaque femme pouvait se reconnecter à sa propre puissance.
Elle choisissait les vêtements avec une attention particulière, toujours dans l’idée de sublimer les corps et les personnalités. Chaque tenue devenait une extension de l’identité de la modèle, un moyen de raconter une histoire visuelle unique.
Le maquillage, loin d’être un masque, était pour elle un outil d’expression. Elle l’utilisait pour accentuer les traits, jouer avec les couleurs, et surtout, mettre en lumière ce qui rendait chaque femme singulière.
« Mais ce qui marquait le plus, c’était sa manière de guider ses modèles. À travers des conseils bienveillants, des mots justes et une écoute sincère, Elena aidait chacune à se sentir forte, belle et confiante. Elle ne photographiait pas seulement des visages, elle captait des présences » témoigne Floriane l’une des jeunes femmes photographiées par Elena, devenue avocate installée à Paris.
À La Réunion, elle a capté une beauté plurielle et authentique. Elle a sublimé Cassandre, Florianne, Marie, Azuima… en révélant leur grâce dans des compositions artistiques. Elle transformait aussi des femmes croisées dans la rue, sur un marché ou dans un quartier, en icônes visuelles. Et elle a contribué à propulser la carrière internationale de Oulimata Galet, en captant son charisme et sa puissance avec une justesse rare.
Et puis il y a Oulimata Galet, dont la carrière de mannequin a pris un tournant international grâce à Elena. Elle a su révéler en elle une puissance, un charisme, une aura que peu avaient su capter auparavant.
“Elena avait cette capacité rare de nous faire sentir belles, puissantes, et solidaires. Elle incarnait une vraie sororité , celle qui élève, qui unit, qui révèle”.
Un rayonnement international
Ses photographies ont été publiées dans Elle, Harper’s Bazaar, L’Officiel, exposées chez YellowKorner, et utilisées par des marques telles que Avon, Lalique, Naturella. À travers chaque image, Elena racontait une histoire, celle d’une femme libre, forte, magnifiée.
“La beauté n’est pas dans ce que l’on voit, mais dans ce que l’on ressent.” rappelait Elena Iv-skaya.
Un hommage, une alerte
Le décès d’Elena nous rappelle avec force que le cancer du sein touche des femmes de tous horizons, parfois en pleine force créative. Il est essentiel de parler, prévenir, dépister.
- L’autopalpation régulière, les examens médicaux et les mammographies sont des gestes simples qui peuvent sauver des vies.
- N’attendons pas les symptômes : la vigilance est un acte d’amour envers soi-même.
En mémoire d’Elena, et pour toutes celles qui luttent ou ont lutté, faisons de la sensibilisation une priorité.
J’ai eu la chance d’être le compagnon de vie d’Elena ces derniers mois. Cette terrible et affreuse maladie s’est emparée de son corps peu après le début de notre relation. Elle s’est battue jusqu’au bout. Mais il y a un mois, nous avons dû accepter que ce combat était sans issue. J’ai le plus grand honneur d’avoir accompagné Elena jusqu’à son dernier souffle. Elle a quitté ce monde comme une reine ! Jusqu’au bout, elle a surmonté la maladie et a réussi à s’endormir paisiblement, sans grande douleur, avec honneur et le sourire. Durant l’année où j’ai eu la chance de l’accompagner, j’ai très peu appris de son travail. Mais ce que j’ai appris ces derniers jours à travers les nécrologies, les condoléances et le soutien de dizaines de Réunionnais est si indescriptiblement beau et réconfortant que je me retrouve constamment en larmes. C’est très important pour moi que ma reine vive à travers vous, chères femmes qui avez travaillé avec elle. Pour l’instant, je n’ai qu’un souhait : visiter un jour votre belle île et vivre de mes propres yeux toutes les merveilleuses expériences qu’Elena a pu vivre. A La Réunion, je pourrai à nouveau la côtoyer de près !