Après une rentrée sociale marquée par une mobilisation massive le 18 septembre, les syndicats de La Réunion appellent à une nouvelle journée de grève le jeudi 2 octobre. Face aux politiques d’austérité et à la dégradation des services publics, l’intersyndicale se rassemble pour défendre les droits des travailleurs, des usagers et des plus fragiles. Le rendez-vous est donné : 9h devant le Jardin de l’État.

Une mobilisation qui s’annonce décisive

Le succès de la mobilisation du 18 septembre qui avait rassemblé plus d’un million de travailleurs à l’échelle nationale, avec une participation particulièrement forte à La Réunion, a démontré que le mouvement syndical reste bien vivant, et que les travailleurs réunionnais sont prêts à défendre leurs droits face aux politiques d’austérité.

« Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une manifestation d’une telle ampleur ici », ont souligné les représentants syndicaux.

Un plan gouvernemental largement contesté

Au cœur des revendications figure le retrait total du plan Bayrou, « jugé dangereux pour les acquis sociaux et les services publics.»

Ce plan prévoit notamment des baisses de subventions aux collectivités locales, ce qui aurait des répercussions directes sur l’économie réunionnaise.

Les syndicats alertent :

• Moins de budget pour la Région, c’est moins de commandes publiques, donc moins de chantiers pour les entreprises locales.
• Moins de moyens pour le logement social, ce qui compromet les rénovations nécessaires pour les personnes âgées et les familles en difficulté.
• Des associations en crise, incapables de fonctionner avec des financements en baisse.

« Des services publics à bout de souffle »

Les représentants syndicaux ont également dénoncé la dégradation du service public sur l’île. Ils ont évoqué les longues files d’attente devant les impôts dès 7 heures du matin, les guichets fermés à 8h05 faute de quota disponible, et les citoyens contraints de dormir devant la préfecture pour obtenir des documents administratifs.

« Dans un pays où les gens paient des impôts, ne pas avoir accès à un service public de qualité est scandaleux », ont-ils affirmé.

La numérisation des démarches, bien qu’utile pour certains, exclut une partie de la population qui n’a pas accès à Internet ou qui est en situation de handicap. La Cour des comptes a récemment pointé du doigt la CGSS, notamment sur les problèmes d’accueil.

« Il y a de moins en moins de qualité dans l’accueil du public, et cela pose un vrai problème pour notre territoire », ont-ils ajouté.

Des travailleurs invisibles et oubliés

Les syndicats ont également dénoncé le manque de prise de conscience autour de certaines réalités.

« Regardez la dernière fois : on a fermé la SRPP sans rien, et le lendemain, tout allait bien. Ils ont gagné un centime, un seul centime. Si on considère environ cinq millions de litres vendus, faites le calcul de l’argent récolté. Mais personne ne parle des salariés, personne ne parle des chauffeurs qui ne sont pas payés quand ils travaillent la nuit, quand ils ne sont pas visibles. On ne parle pas de ça. » s’indigne Jacky Balmine.

Ils dénoncent aussi la pression exercée par les forces de l’ordre avant même le début du mouvement social. « Ce n’est pas normal que les salariés soient surveillés ou intimidés avant de se mobiliser, alors que les gérants des stations-service, eux, n’ont subi aucune pression », ont-ils déclaré.

Ils appellent donc à une réaction collective : « Il faut que les autres réagissent. Et cette réaction, c’est le 2 octobre. S’il n’y a pas de mobilisation, il n’y aura pas non plus de reconstruction. Il faut reconstruire une plateforme ici, à La Réunion, parce que la vie chère, c’est ici. La souffrance des gens, c’est ici. Alors que tous deviennent de plus en plus pauvres ici. »

Un appel à l’unité et à l’action

Face à cette situation, les syndicats appellent l’ensemble des travailleurs, des citoyens et des acteurs locaux à se mobiliser massivement le 2 octobre. Ils insistent sur le fait que « seule une mobilisation forte et unitaire pourra faire reculer les mesures gouvernementales et relancer une dynamique sociale et économique à La Réunion. »

Le rendez-vous est pris,  9h devant le Jardin de l’État.