Dans une salle archi-comble, celle du « Palace » à Ravine-Creuse, Eric Fruteau a convié la presse pour une conférence en ce dimanche matin, 12 octobre. Une conférence de presse et non un meeting électoral – il ne faut pas se fier aux apparences – pour officialiser sa candidature aux élections municipales des 15 et 22 mars prochains à Saint-André. A 57 ans, ce père de deux filles, proviseur-adjoint de profession, a décidé d’effectuer un retour sur le devant de la scène politique locale.

L’ancien maire de la commune (2008-2014), élu à l’époque avec l’étiquette PCR (Parti communiste réunionnais) se présente cette fois-ci avec celle de « Demain La Réunion ». Entouré de certains de ses anciens coéquipiers à la table officielle, le candidat qui, avait de 2008 à 2014, Joé Bédier comme premier adjoint, vise aujourd’hui le poste occupé par ce dernier. En effet, Joé Bédier est maire de Saint-André depuis 2020, il avait battu le candidat de droite Jean-Marie Virapoullé. Rappelons qu’en 2020, Eric Fruteau n’avait pas le droit de se présenter. Il avait soutenu son épouse Claudie Fruteau.

Le candidat a expliqué ce matin que durant cette période, de 2020 à maintenant, ses militants et lui n’ont jamais abandonné le terrain et qu’ils sont « restés au contact de la population » à travers la diffusion du journal « Saint-André, Ensemble » distribués dans tous les quartiers de la ville trois fois par an. Il a pour objectifs : « de redonner à Saint-André sa place de capitale de l’Est », à « sortir la commune de son isolement », à lui « redonner une autre dimension ».

Il poursuit : « au lieu de construire des ponts et de rassembler, la majorité sortante a préféré diviser et cloisonner aussi bien à Saint-André qu’au sein de la Cirest. Cet isolement a affaibli notre ville et freiné tout développement collectif ». Mais Eric Fruteau « ne souhaite pas s’attarder sur le bilan de cette mandature », préférant parler de l’avenir, de sa « vision » pour la ville. « Moi je veux prendre un autre chemin; Je veux additionner et non soustraire; Je veux construire des ponts plutôt que des murs; Je veux rassembler les Saint-Andréennes et les Saint-Andréens, reconstruire l’unité dans l’Est et redonner à notre vville une place digne de son rôle et de son potentiel ».

« Le fonctionnement actuel de la commune relève d’une véritable kakistocratie : le pouvoir est entre les mains d’un système incompétent, déconnecté des réalités… »

Selon lui, « les attentes sont immenses dans tous les domaines de la vie municipale : l’éducation, parce que chaque enfant doit avoir les mêmes chances de réussir; Le sport et la culture, qui sont des leviers d’émancipation et de cohésion sociale; La gestion des ressources humaines communales pour redonner sens et dignité au travail des agents; L’aménagement des quartiers pour mieux vivre ensemble et préparer l’avenir et la sécurité et la lutte contre les violences qui sont devenues une urgence quotidienne ». Le candidat estime que « Saint-André doit reprendre sa place de locomotive ». Ecoutez Eric Fruteau, il est au micro d’Yves Mont-Rouge :

Il plaide pour « un nouveau cycle; Il faut penser un nouveau processus s’inscrivant dans une ambition générale des grands contrats de plan liant la collectivité à l’Etat ou l’Europe. Seule une nouvelle équipe compétente, qui sait mesurer les enjeux futurs, pourra donner un autre souffle… Saint-André doit retrouver un rôle de locomotive dans l’Est. Nous devons sortir de l’isolement intercommunal et redevenir force de proposition en proposant un projet de territoire durable et solidaire, ambitieux ».

Le candidat Fruteau a rappelé que son bilan 2008-2014 « était positif ». Il a expliqué qu’à son arrivée à la mairie en 2008, « Saint-André était en grande difficulté : taux d’endettement élevé, des infrastructures dégradées, un personnel démotivé et une population en attente de changement ». Selon lui, « le défi a été relevé avec rigueur et détermination ».

Il « constate que depuis, Saint-André traverse une période difficile, que la gestion est chaotique avec des services désorganisés, un personnel communal en souffrance et, surtout, une population abandonnée ». Il ajoute que « le fonctionnement actuel de la commune relève d’une véritable kakistocratie : le pouvoir est entre les mains d’un système incompétent, déconnecté des réalités, sans vision ni ambition pour les Saint-Andréens. La ville recule là où elle devrait progresser ». Eric Fruteau conclut en déclarant « qu’il ne s’agit pas de revenir pour reprendre un fauteuil, mais pour reprendre le fil d’un projet abandonné, celui d’une ville digne, solidaire et dynamique. J’ai montré que des résultats concrets sont possibles quand la gestion est rigoureuse, humaine et tournée vers l’intérêt général. Aujourd’hui, je veux rassembler les énergies locales autour d’une alternative crédible, ouverte et partagée ».

Entre le maire sortant Joé Bédier, son adversaire de droite Jean-Marie Virapoullé, son adversaire de gauche Eric Fruteau et, peut-être, Laurent Virapoullé, sans compter les autres candidats à venir, on peut dire que la campagne des municipales s’annonce très animée à Saint-André.