Du grand-guignolesque ! Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers Emmanuel Macron, l’homme sans qui la France ne serait pas aujourd’hui dans cette situation politique abracadabrantesque. Certes, mais à bien y réfléchir en prenant un peu recul, depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, « n’a poin ène pou tire l’autre ! », comme on dit en créole. Tous les mêmes !

En dépit de ce qu’il peuvent bien déblatérer devant les caméras depuis la démission surprise survenue ce lundi matin, 6 octobre 2025, d’un Premier ministre qui ne l’a jamais été dans les faits, à savoir Sébastien Lecornu, le plus éphémère locataire de Matignon de toute l’histoire politique de France, tous les leaders politiques, de la gauche à la droite en passant par la Macronie et les autres partis, et à commencer par Emmanuel Macron, tous ne pensent qu’à 2027.

Macron lui n’a qu’une obsession : y rester jusqu’à la fin de son mandat en 2027. Alors qu’il y a péril en la demeure, que le château France est en train de brûler et de s’écrouler économiquement, lui s’accroche plus que jamais au pouvoir, quitte à faire tomber tous les Premiers ministres qu’il a nommés dont le dernier en date, Sébastien Lecornu. Pour lui, le plus important consiste à sauver sa tête et son confort à l’Elysée.

Quant aux autres leaders politiques tant de l’opposition que du bloc central, ils pensent eux aussi  à la présidentielle de 2027. Ils se font donc la guerre entre eux au sein de leur parti respectif : Bruno Retailleau contre Wauquiez à « LR » (Les Républicains)… C’est le même bordel à gauche, au PS, au sein de LFI… Pas besoin de rappeler que le fameux bloc central a, depuis ce lundi matin 6 octobre, volé en éclats. Bref, c’est un peu la chicaya partout. Tous les leaders font preuve d’une hypocrisie sans limite et ils n’ont manifestement rien à cirer de la population.

En effet, la démission de Sébastien Lecornu, un mois à peine après sa nomination à Matignon, relève du grand cirque politique. Un Premier ministre fantôme, sans gouvernement complet, sans discours de politique générale, sans même avoir foulé le perchoir de l’Assemblée nationale. Du jamais vu sous la Ve République. Et pourtant, personne ne semble vraiment surpris. Parce qu’au fond, ce désordre était programmé, orchestré depuis le sommet de l’État.

Au sommet, il y a un homme qui fait ce qu’il veut, qui n’en fait qu’à sa tête, et qui s’étonne ensuite du chaos qu’il provoque. Emmanuel Macron n’est pas victime du désordre : il en est l’architecte.

Tous hypocrites ! Tous responsables ! Et pendant ce temps, cabris (la population) i mange salade !

C’est lui qui, en juin 2024, dans un réflexe aussi brutal que politique, a dissout l’Assemblée nationale au lendemain des élections européennes. Une décision prise seul, sans concertation, sans stratégie, sinon celle d’un coup de poker. Résultat : un pays paralysé, un Parlement fragmenté, et une République qui ressemble de plus en plus à une pièce mal répétée. Mais s’il reste le principal artisan de cette débandade, il n’est pas tout a fait le seul dans ce naufrage. Car les autres jouent aussi leur partition dans ce grand théâtre de l’hypocrisie.

À gauche, le Nouveau Front Populaire, pourtant arrivé en tête aux législatives, s’est auto-sabordé avant même d’avoir commencé. Lorsque le Président de la République avaient demandé à Jean-Luc Mélenchon (LFI), à Olivier Faure (PS), à Fabien Roussel (PCF) et à Marine Tondelier (Les Verts) de lui proposer un nom pour Matignon, ce fut, rappelez-vous, la cacophonie au Nouveau Front Populaire (NFP)… tout le monde veut avoir raison, personne ne veut céder. On se déchire, on s’insulte, on s’entre-méprise. Le PCF avait même proposé le nom de la Réunionnaise Huguette Bello, la présidente de la Région Réunion, pour le poste de cheffe du gouvernement. Cela aura le temps d’un week-end, avant qu’elle ne soit balayée par le PS. Résultat : aucun nom, aucune unité, aucun projet. Juste une gauche qui se regarde dans le miroir de ses ego.

Pendant ce temps, le RN joue sa propre musique : faussement sage, faussement patient, attendant son heure, celle de 2027.  Et la droite traditionnelle, elle, se contente d’exister par inertie, oscillant entre indignation feinte et calculs électoraux. Bruno Retailleau en est un illustre exemple, lui qui a accepté de faire partie du gouvernement de Bayrou, puis de celui à venir de Lecornu, avant de le faire exploser via une sortie, dimanche soir, sur les réseaux sociaux. Tellement obnubilé par la présidentielle de 2027, le bonhomme ne sait plus ce qu’il veut.

Tous hypocrites ! Tous responsables ! Parce que chacun, à sa manière, pense déjà à 2027, au lieu de penser au pays, à sa cohésion, à son avenir. Plus personne ne gouverne : tout le monde fait campagne. Alors oui, Lecornu a démissionné. Mais ce n’est qu’un symptôme. Le mal est bien plus profond : c’est l’épuisement d’un système où plus personne ne croit à la politique, où l’intérêt général est devenu une variable d’ajustement, où le pouvoir n’est plus qu’un miroir pour ambitions personnelles.

La vérité, c’est que ce départ précipité dit tout du chaos qui règne au sommet de l’État. Le camp présidentiel est en colère, les soutiens d’hier se taisent, et même les plus loyaux finissent par douter. On a l’impression d’assister à une comédie politique qui tourne à la farce, une répétition sans spectacle, un gouvernement sans gouvernement. C’est quoi ce cirque ?

Et puisque tout le monde joue à se renvoyer la balle, puisque l’Assemblée est ingouvernable, puisque les alliances sont impossibles, autant aller au bout de la logique. Plutôt que de dissoudre encore une fois, plutôt que de prolonger ce théâtre absurde, autant démissionner tout court de la présidence de la République Monsieur Macron. Que le Président rende la parole au peuple. Qu’il remette la balle dans le camp de la population. Parce que c’est bien elle, au final, qu’on a oubliée dans ce grand numéro de prestidigitation politique. Le peuple ne veut plus d’un cirque. Il veut simplement un pays gouverné. Il faut redonner un souffle démocratique à un pays économiquement asphyxié.

Crise politique inédite et tempête économique, « nout canard lé noir ! »

La population aspire à un peu de sagesse politique, seule à pouvoir permettre à assainir la situation politique car au-delà de la crise politique en France commence déjà à surgir une véritable tempête économique. « Nout canard lé noir ! »

Depuis juillet 2024, la France n’a plus de majorité, plus de gouvernement stable, plus de cap. Et pendant que la comédie politique se rejoue chaque jour à Paris, l’économie, elle, s’effondre. L’euro recule, les marchés s’affolent, chute du CAC 40, banques en souffrance, la confiance s’évapore. Les investisseurs fuient une République qui ressemble de plus en plus à une zone d’instabilité politique chronique. Les agences de notation menacent, les taux d’emprunt montent, et la dette française — déjà colossale — devient un fardeau qui inquiète toute l’Europe.

Voilà donc la France de 2025 : un pays sans gouvernement, sans boussole, sans crédibilité internationale. Bientôt sans monnaie stable. La chute de l’euro n’est pas une simple secousse économique : c’est le reflet d’une perte de confiance totale dans le modèle politique français. Car quand la politique devient un cirque, l’économie, elle, finit toujours par payer l’entrée. La population attend aujourd’hui des réponses sur le pouvoir d’achat, sur les retraites, sur la santé, sur le financement de la Sécurité Sociale, sur l’assurance chômage, sur la création d’emplois, sur le logement. Elle en a marre de tous ces clowns (tristes) qui ne cessent de se donner en spectacle avec pour seul objectif : l’Elysée. Le titre de mon Ti Kozman d’il y a deux semaines, c’était « des législatives avant les municipales de 2026 ? « .