Découvert bancaire : bientôt sa suppression ? Les députés réunionnais montent au créneau.

6 min de lecture
5

Le découvert bancaire, longtemps considéré comme une simple soupape de survie pour des millions de Français, s’apprête à changer de nature. À partir de la fin de l’année 2026, il sera officiellement classé dans la catégorie des crédits à la consommation. Autrement dit, ce qui relevait jusqu’à présent d’une facilité ponctuelle entre le client et sa banque deviendra un véritable prêt encadré par la réglementation, avec tout ce que cela implique : justificatifs, conditions d’octroi, taux d’intérêt, et potentiellement refus.

Ce changement, prévu dans le cadre de la transposition d’une directive européenne adoptée en 2023, bouleverse un équilibre fragile. Car derrière les chiffres et les textes juridiques, il y a des vies : celles de familles qui jonglent avec les fins de mois, de travailleurs précaires, de retraités, d’étudiants. Et notamment à La Réunion, où le coût de la vie demeure élevé et où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.


Le découvert, une bouée de survie appelée à disparaître

Le découvert, dans son principe, n’a jamais été un luxe. Pour beaucoup, il s’agit du seul moyen de respirer entre deux rentrées d’argent. C’est la marge invisible qui permet de payer un plein d’essence avant le virement du salaire, de régler une facture d’électricité en retard ou d’acheter les fournitures scolaires des enfants.

Derrière cette habitude souvent banalisée, se cache une réalité sociale dure : près d’un Français sur cinq vit à découvert chaque mois, et à La Réunion, la proportion est estimée autour de 30 %. Ce chiffre monte encore plus haut dans certaines zones où les salaires sont faibles et les charges lourdes. Pour ces ménages, le découvert n’est pas un excès, mais un outil de survie, une dernière ligne de défense avant la chute.

La réforme à venir changera profondément cette dynamique. En intégrant les découverts au régime du crédit à la consommation, les banques devront désormais analyser la solvabilité du client avant de l’autoriser à dépasser son solde. Fini les petits dépassements de quelques jours ou de quelques dizaines d’euros, tolérés sans formalité : il faudra désormais justifier sa situation, présenter des documents, et parfois se voir opposer un refus.


Des conséquences sociales lourdes

Pour les familles les plus fragiles, cette évolution risque de se transformer en piège. Sans possibilité de découvert, le moindre imprévu – une panne de voiture, une dépense médicale, un retard de virement – pourrait conduire à des rejets de prélèvements, des pénalités, et à un cercle vicieux d’endettement.

Les associations de consommateurs redoutent une explosion des frais bancaires. Les découverts, désormais assimilés à des prêts, pourront être assortis de taux d’intérêt comparables à ceux des crédits à la consommation, bien plus élevés que les agios actuels. Et comme souvent, ce sont les ménages modestes qui paieront le prix fort.

À La Réunion, la situation s’annonce d’autant plus préoccupante que les revenus moyens y sont nettement inférieurs à ceux de la métropole, tandis que les prix – notamment de l’alimentation, du logement et des transports – sont supérieurs. En 2024, plus de 1 700 dossiers de surendettement ont été déposés sur l’île. Derrière chaque dossier, une histoire : un parent isolé, un salarié en intérim, un couple vivant à crédit permanent pour tenir jusqu’à la fin du mois.


La colère des élus réunionnais

Face à ce projet, plusieurs voix se sont élevées à La Réunion. Le député Jean-Hugues Ratenon a réagi vivement, dénonçant une « déclaration de guerre sociale ». Selon lui, « le gouvernement, sous couvert d’une directive européenne, s’apprête à interdire purement et simplement le découvert bancaire dès novembre 2026 ».

Le parlementaire estime que cette mesure touche « au cœur même de ceux qui luttent déjà pour survivre » et qu’elle « prive les plus modestes du peu de souffle qui leur permettait encore de tenir ».
Pour lui, il s’agit d’une décision « catastrophique pour les territoires d’Outre-mer », où le recours au découvert est particulièrement fréquent. Il rappelle que ce dispositif n’est pas un confort, mais un amortisseur vital : « Ce n’est pas un outil pour faire la fête, c’est un moyen de payer les factures, de remplir un caddie, de mettre de l’essence pour aller travailler. »

Jean Hugues Ratenon voit dans cette réforme un symbole de plus d’un pouvoir déconnecté de la réalité : « Alors que les salaires stagnent, que l’inflation grignote le pouvoir d’achat et que les aides sociales sont gelées, on retire aux gens l’un des derniers filets de sécurité qu’ils avaient. »

Même son de cloche du côté de la députée Karine Lebon, qui s’est exprimée à l’Assemblée nationale sur le sujet. Elle dénonce une mesure « inacceptable » et « injuste », pointant du doigt une décision gouvernementale prise « par un Conseil des ministres déconnecté de la réalité de millions de foyers ».

Dans son communiqué, la députée met en garde contre les conséquences directes de ce durcissement : « En privant les plus modestes de cet outil vital, on les pousse vers les sociétés de crédit à la consommation, où les taux d’intérêt sont exorbitants. Résultat : davantage de dettes, davantage de surendettement, davantage de drames humains. »

Elle rappelle que l’Union européenne, à l’origine du texte, n’a jamais exigé une telle rigueur. Selon elle, la France « en a dévoyé l’esprit » : « Ce qui devait protéger les consommateurs devient une arme contre les plus fragiles. »

Et de conclure par une phrase qui résonne comme un avertissement : « On n’extermine pas la pauvreté en exterminant les pauvres. Donnez le pouvoir à un banquier, il le donnera aux banques. »

Du côté des établissements bancaires, on reste discret mais préoccupé.

La réforme impliquera une refonte complète des systèmes de gestion des comptes, de nouvelles procédures d’analyse du risque et une communication accrue auprès des clients.

Certaines banques pourraient choisir de supprimer les découverts automatiques ou de les remplacer par des micro-crédits à taux encadrés, assortis de conditions. D’autres songent à proposer des produits hybrides, à mi-chemin entre la réserve d’argent et le prêt personnel.

Mais une chose est certaine : le rapport de confiance entre les clients et leur banque va changer. Là où le découvert était un signe de flexibilité et de confiance, il deviendra un produit contractuel, négocié, surveillé, potentiellement refusé.


Une réforme qui interroge la notion même de justice sociale

Cette réforme soulève aussi une question plus large : celle de la place de la banque dans la vie quotidienne des citoyens. Dans une société où l’argent circule de manière dématérialisée, où tout passe par le compte bancaire, limiter l’accès au découvert revient à restreindre la respiration financière de ceux qui n’ont déjà plus de marge.

À La Réunion, où les fins de mois difficiles sont le quotidien de nombreux foyers, la réforme risque de creuser un peu plus les inégalités. Les ménages modestes, exclus du système bancaire classique, pourraient se tourner vers des solutions parallèles : microcrédits privés, emprunts familiaux, voire pratiques usuraires.

Pour certains observateurs, cette évolution traduit une mécanisation du rapport social à la banque : la logique comptable prime sur la solidarité, l’algorithme remplace le jugement humain.

Des voix appellent déjà à accompagner cette transition par des mesures d’éducation budgétaire et de soutien social : médiation bancaire, sensibilisation au surendettement, création de filets de secours publics.
Mais ces initiatives, pour être efficaces, devront être pensées localement, au plus près des réalités sociales de territoires comme La Réunion, où la pauvreté, la précarité de l’emploi et la dépendance au crédit sont structurelles.

D’ici à 2026, les banques, les pouvoirs publics et les associations devront travailler ensemble pour éviter que la fin du découvert ne se transforme en nouvelle fracture sociale.

Au-delà des débats politiques, la fin du découvert automatique marque une rupture symbolique : celle d’une époque où le système bancaire, malgré sa rigidité, laissait encore un peu de marge aux plus vulnérables.

Désormais, tout sera cadré, justifié, calculé. Le découvert ne sera plus ce geste de tolérance tacite, mais un contrat à part entière, soumis à l’évaluation froide de la solvabilité.

Pour les Réunionnais, déjà confrontés à des difficultés économiques structurelles, cette réforme sonne comme une mise à l’épreuve supplémentaire. Et pour beaucoup, elle incarne la déconnexion grandissante entre les réalités du terrain et les décisions venues d’en haut.

Le découvert, autrefois symbole d’un équilibre fragile entre confiance et survie, risque bien de devenir le baromètre d’une société qui a perdu le sens du juste milieu.

5 Commentaires

  1. vous aviez souvent, créé de l’ indifférence aux autres parce que vous aviez le pouvoir , c’est vrai que se sera très dur pour beaucoup de famille, mais n’ oublie pas que vous étiez toujours en complice sur tous les fronts pour à battre des gens par votre pouvoir politique quand ils disent la vérité. Personnellement, j’ai connu des frais exorbitants à aller même mettre mon compte en difficulté, parce que on connaît madame un tel , dites à out fils totoche à lu les frais mettre à lu à terre. au moins il va arrête causer , . Ce n’est pas l’ indifférence que vous créez à une personne, cela peut être une indifférence injuste et disqualifié pour notre société , c’est la loi le plus fort. Continue comme çà, quand cela répercute sur les siens on crie à l’ scandale d’ état, c’est vrai, mais n’ oublie jamais ce qu’ on fait autres. Maintenant travail pour enlever ce fardeau national sur le dos du peuple. Mais c’est vous qui créé tout çà, la gauche caviar.

  2. Dans la mesure du possible i faut éviter le découvert bancaire !!! lé trop anxiogène !!!!! des fois i peut rendre service mais occasionnellement …. mais comme tout i augmente lé difficile de tenir la tête hors de l’eau ……

  3. grâce à Macron la France est à découvert de 3500 milliards
    + 1 000 milliards de découverts avec la Macronie

    et ces ordures de politicards et technocrates enfoncent les français dans l’esclavage fiscalisé
    et leurs interdisent les découverts ?
    bientôt ils auront un pays à feu et à sang et les ordures bruleront avec….

    « Bonjour
    @EmmanuelMacron
    ,
    -89% des Français ne soutiennent pas votre politique et vous désavouent
    -36% des Français ne peuvent plus se chauffer l’hiver
    -il y a un record de defaillances d’entreprises
    -tous les services publics sont à l’os
    -vous avez augmenté la dette publique de plus de 50% depuis votre arrivée, avec donc une immense accélération.
    -le chômage remonte
    -les gens sont déprimés
    -nous sommes le pays le plus taxé de l’OCDE
    -nous dégringolons dans tous les classements internationaux
    -Vous avez detruit la diplomatie Française
    -démantelé nos fleurons
    -fait un 180 degré sur la politique nucléaire
    -nos institutions ont été devoyées
    -le pays fracturé
    -y a des antivols sur la viande dans certains magasins…
    -des français dorment dans leur voiture
    -d’autres meurent seuls SDF dans nos rues
    etc etc

    Et vous avez que ça à faire de contrôler ce que que Mme Michu poste sur les RS, tellement vous ne supportez pas la critique ?
    On en est là ?! »

  4. Nous la fine arrive dan un société de consommation où toute moun y cherche à vivre comme les « gros zozo » et si y gaigne pas passe par la case citoyen honnête et bun y sar voler. Cet n’avait point té reste dan son na point. C’est aussi toute facilité paiement qui mette au service domoun que na peu moyen alors quand l’économie y reçoit coup d’massue y fait retourne aou en arrière et toute avantage accordée lé diminuer ou retirer alors cet na peu y sens à zot davantage frustré puisque l’avait offre à zot ce « credit » à la consommation. Le découvert lé considéré coma. Alors que non. Quand faut perde l’habitude bun na du mal à déglutir. Y mette dan nout bouche à manger après y ar tire. Avouez que n’importe quel nourrisson va crier. Restez lucide pas tomber dan le piège. Sinon c’est la spirale qui attire aou vers l’abîme et ce sera pas cet la entraîne aou à là (son but aussi) qui sar porte aou secours. Car par là même ou rapporte à li. En milliards.

Répondre à Picsous Annuler la réponse

Your email address will not be published.

Article précédent

Le Territoire de l’Ouest renforce son engagement pour le logement social et la qualité de vie des habitants

Article suivant

Saint-Louis : la fin des distributions gratuites de carcasses de poulet après des reventes abusives

Free Dom