Crise à Madagascar : utilisation des armes de guerre contre les jeunes manifestants à Tana (VIDEOS)

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Les vidéos en direct diffusées ce lundi par les médias locaux sur les manifestations à Antananarivo montrent clairement l’usage de fusils à pompe, de kalachnikovs ainsi que le déploiement de véhicules blindés par les forces de l’ordre, en particulier les gendarmes et les militaires. Ces armes ne peuvent être confondues avec de simples lance-grenades lacrymogènes.

La répression des manifestations à Madagascar apparaît particulièrement sévère. Le traitement réservé aux jeunes protestataires rappelle celui habituellement appliqué aux bandes armées et aux groupes de kidnappeurs opérant aussi bien dans les campagnes que dans les grandes villes. L’objectif affiché est d’empêcher les manifestants d’accéder à la place d’Ambohijatovo, dont l’accès a été strictement interdit. Sur place, un de nos correspondants s’est rendu à Antaninarenina pour tenter de se rendre à Ambohijatovo, mais des contrôles et fouilles systématiques sont effectués sur tous les principaux axes menant vers ce lieu.

Le service de communication du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) a expliqué sur les réseaux sociaux qu’il s’agissait d’« armes et munitions non létales » (armes et balles non mortelles, non blessantes) et que les projectiles utilisés étaient des cartouches à blanc, considérées comme inoffensives. Selon cette communication, elles ne sont pas destinées à tuer ni à viser directement les manifestants, mais à les repousser et les disperser.

Cependant, plusieurs décès ont déjà été enregistrés lors de ces manifestations à Antananarivo. Les victimes auraient été touchées par de véritables balles, qui, jusqu’à preuve du contraire, ne peuvent provenir que des forces de l’ordre.

Ce lundi, des milliers de jeunes, majoritairement des étudiants, mais aussi des influenceurs et des artistes connus comme Yzit du groupe franco-malgache Tragédie, se sont donné rendez-vous ce lundi à l’université d’Antananarivo. Cette mobilisation visait à revendiquer l’accès à l’eau potable et à l’électricité, la liberté d’expression et à dénoncer les violences commises par les forces de l’ordre contre les citoyens.

Les revendications des manifestants ne portent plus seulement sur le retour de l’eau et de l’électricité. Elles s’étendent désormais à la démission du gouvernement dans les 48 heures, à celle du préfet d’Antananarivo dans les 24 heures, ainsi qu’à la présentation d’excuses publiques par le président de la République et le Premier ministre. Les participants exigent également la fin de la répression contre la population et la libération immédiate des jeunes arrêtés lors des manifestations.

Après s’être rassemblés sur l’esplanade de l’université, les manifestants ont décidé de descendre dans les rues pour se diriger vers Ambohijatovo, lieu où la mobilisation citoyenne avait débuté jeudi dernier. Mais, une nouvelle fois, les forces de l’ordre ont réprimé la manifestation par la violence, déployant des blindés et tirant des grenades lacrymogènes.

Le mouvement de contestation contre les pratiques du régime s’est depuis jeudi étendu aux autres provinces de Madagascar, notamment à Antsiranana, Toamasina et Toliara. Parallèlement à la mobilisation à l’université d’Ankatso, des milliers de jeunes se sont également rassemblés à l’université de Diégo. À Toliara, des grenades lacrymogènes ont été utilisées dès le matin pour tenter de contenir la foule.

Dans le cadre de la manifestation à Antananarivo, le député d’Arivonimamo, Antoine Rajerison, a été arrêté par les forces de l’ordre à Tsiadana, alors que les étudiants commençaient à peine à quitter l’université. La réaction du député d’Antananarivo III, Gascar Fenosoa, réclamant la libération de son collègue et dénonçant une arrestation illégale, n’a pas tardé. Dans sa circonscription électorale, des milliers d’habitants se mobilisent pour réclamer sa libération.

Artistes, influenceurs et jeunes citoyens lancent actuellement un appel à la communauté internationale à agir pour soutenir le peuple dans cette demande de liberté et contre le massacre commis par les forces de l’odre et le régime d’Andry Rajoelina.

4 Commentaires

    • Vous n’avez pas compris que c’était une manoeuvre de Rajoelina ?

      Le ministres de l’énergie lui a servi de fusible.

      Mais lui et sa clique sont toujours au pouvoir et disposent toujours de la force publique dont ils se servent sans limite pour réprimer la population pauvre, privée de tout : d’eau, d’électricité, mais surtout de tout espoir d’améliorer son sort dans le système actuel.

      Rajoelina et son Etat répriment le mouvement en cours parce qu’ils craignent que la mobilisation des étudiants et de la population pauvre contre le manque d’eau et d’électricité ne s’en prenne ensuite à leur pouvoir même, au pouvoir qu’ont les capitalistes malgaches et étrangers sur toute la société malgache.

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