André Rougé, député européen RN : « l’Outremer et la dissolution : approximations et demi-vérités de Manuel Valls »

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André Rougé est député français du Rassemblement national (RN) au Parlement européen,
délégué national à l’Outremer du Rassemblement national, fondateur et président des
Horaces, cercle de hauts fonctionnaires, hommes politiques, universitaires, entrepreneurs et
intellectuels apportant leur expertise à Marine Le Pen. Voici ci-dessous sa tribune :
« Manuel Valls connaît ses classiques. Comment en douter d’ailleurs après une vie
professionnelle tout entière dédiée à la politique, en France comme en Espagne ? Formé à
l’école du rocardisme, minorité agissante au sein du Parti socialiste, Manuel Valls sait mieux
que personne combien la politique nécessite de communication et de travestissement si l’on
veut parer une triste réalité d’habits de lumière.
En ce qui concerne les outre-mer, ces grands oubliés du marigot politique et administratif
hexagonal, le ministre d’État ne pouvait pas faire les choses à moitié. Une tribune au titre
évocateur – « Voulons-nous aussi dissoudre l’effort inédit engagé pour la Nouvelle-Calédonie
et les outre-mer ? » – publiée dans le FigaroVox du 8 octobre, pose ainsi les termes d’une
question à laquelle il serait à l’évidence malvenu de répondre autrement que par la négative.
Si l’épître du locataire à bail précaire du Ministère des Outre-mer peut paraître indigeste, la
faute en revient moins à celui qui l’a signé qu’au travail de collage des « briques d’argumentaire » fournies à la demande de « la cellule com’ » par les bureaux de
la rue Oudinot. Mais là n’est pas l’important. Manuel Valls ne prétend pas à un prix littéraire, et nous n’en sommes pas le jury.
En revanche, sur le fond, l’ancien Premier ministre de François Hollande n’y va pas par
quatre chemins. Si les outre-mer vont mieux, beaucoup mieux même, presque bien et
demain parfaitement, c’est parce qu’il s’en est occupé, lui. Et si une dissolution venait
soudainement mettre à mal ce magnifique ouvrage, elle entraînerait rien moins que la mise
en panne de ce vaste chantier de restauration ! Puisse donc le peuple, et notamment celui
des régions ultramarines, ne pas être consulté bêtement sur ce qu’il entend décider pour son
futur, il risquerait de donner une réponse inconvenante.
En réalité, Manuel Valls n’hésite pas à jouer la vieille partition du « plus c’est gros plus ça
passe ». En Nouvelle-Calédonie, l’accord de Bougival est-il rejeté par le FLNKS
représentant l’immense majorité de la famille indépendantiste ? C’est un succès. Le territoire
s’effondre dans une crise économique et sociale digne des pires mois de la crise de 1929 ?
Mais l’important est que les milliers de chômeurs en fin de droit aient chaud au cœur grâce à
une réforme institutionnelle dont strictement personne ne comprend les tenants et les
aboutissants.
Dans l’océan Indien, Mayotte est toujours à genoux après les cyclones Chido et Dikeledi de
décembre et janvier, sans eau potable, survivant tant bien que mal au rythme de l’ultra-
violence, de l’immigration illégale massive et de tous les renoncements, éducatifs, sanitaires
et environnementaux, d’un État aussi lâche qu’impécunieux ? Mais attention braves gens,
une dissolution viendrait enrayer la mécanique vertueuse mise en route par Manuel Valls
pour « reconstruire », un jour, le département le plus pauvre de France et la région la plus
démunie de toute l’Union européenne.
Dissoudre, nous dit encore le ministre d’État démissionnaire, ce serait aussi mettre un terme
aux efforts constants du Gouvernement pour mettre un terme à la vie chère en outremer
avec des écarts de prix de 30 à 80 % par rapport à l’Hexagone. Car, voyez-vous, Manuel
Valls n’y est pas allé de main morte ! Rien de moins qu’un « protocole d’objectifs et de moyens » en Martinique, sans compter trois décrets et une circulaire…De Nouméa à Fort-
de-France et de Saint-Denis à Cayenne, tous les ménages ne devraient-ils pas lui en être
éternellement reconnaissants ? La question est posée. Elle l’est d’autant plus que chacun
sait que le ministre Valls s’est bien gardé d’avancer sur la reconfiguration de l’octroi de mer,
ce dispositif fiscal datant de Colbert et inflationniste par essence, comme sur les monopoles
qui nourrissent la rente et entretiennent des économies de comptoir dont les ultramarins
acquittent collectivement la note.
Enfin, dissoudre l’Assemblée nationale porterait un coup irrémédiable à la lutte contre les
trafics et la violence qui sévissent partout ou presque, notamment en Guadeloupe. Mais qui
peut y croire ?
En vérité, jamais dans l’histoire de ces cinquante dernières années l’outre-mer ne s’est
trouvée en aussi mauvaise situation. Que Jacques Chirac ait été le dernier président de la
République à aimer et à comprendre les outremers et les ultramarins n’est pas le fait de
Manuel Valls. En revanche, sa grande erreur, ou plutôt sa grande faute intellectuelle,
politique et morale aura été de continuer à biaiser. Lorsque l’on coule, on n’attend pas du
navire qui vient tourner autour de votre bouée un cours de droit maritime. On attend d’être
sorti de l’eau.
Or, le choix de Manuel Valls de se centrer sur les questions institutionnelles relève de cette
logique-là. Vous coulez ? Travaillons ensemble sur un nouveau schéma institutionnel pour
réussir votre sauvetage de demain. Alors que la Nouvelle-Calédonie a un besoin urgent de
relancer une économie disloquée par les émeutes de mai 2024 – et notamment de
repreneurs pour les sites industriels de la filière nickel – le débat institutionnel promu par
Manuel Valls et couronné par un pseudo-accord qui n’en est pas un est un lamentable
échappatoire. En Guyane, voir le ministre mettre la question de l’autonomie sur le devant de
la scène comme question majeure alors que les besoins sont partout immenses, que le
territoire est débordé par l’insécurité, le trafic d’or et de stupéfiants et l’immigration illégale
est une atteinte directe à tous les Guyanais.
Que Monsieur Valls soit prisonnier d’un système en perdition, nous pouvons l’admettre. En
revanche, qu’il s’obstine partout où il passe à mettre en avant des débats hors-sols et
clivants par nature n’est pas acceptable.
En tant que député du Rassemblement National, membre de la commission REGI du
Parlement européen, j’ai réussi à sensibiliser le vice-président exécutif de la Commission
européenne, l’italien Raffaele Fitto, à la situation de Mayotte. Et pour la première fois dans
l’histoire récente de ce département un haut responsable européen a accepté d’y passer une
journée en avril dernier. Conséquence directe : 110 millions d’euros des fonds de cohésion et
d’urgence ont été débloqués pour les mahorais. Sur le dossier majeur de l’adaptation des
normes européennes à l’outre-mer, c’est depuis 2019 que je plaide auprès de la Commission
pour faire avancer ce dossier. Là encore, c’est grâce à Raffaele Fitto que les choses ont
avancé en quelques mois alors que le Gouvernement français n’avait jamais été capable de
l’obtenir. Voilà la vraie politique qu’attendent nos concitoyens ultramarins. Du concret et des
moyens qui construisent l’espérance.
Et cette espérance collective, Monsieur le ministre d’État, j’ai le regret de vous le dire, elle
passe par votre départ et celle du Gouvernement minoritaire auquel vous appartenez et par
l’arrivée rapide en France d’une majorité du Rassemblement national autour de Jordan
Bardella et de Marine Le Pen qui, comme Jacques Chirac en son temps, nourrit une vraie passion pour la France du grand large ».

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

3 Commentaires

  1. Qu ‘on m’ explique comment un Lorion peut s’associer au RN pour les prochaines elections municipales ? C’est vous dire comment lui et son parti ont peur du RN !!! J’espère que les « zarabes » du centre ville tous des copains copains de Fontaine et donc de Lorion voure leurs leche culs voteront la gauche car là sera vraiment du n’importe quoi m ‘enfun tout est bon dans le cochon quand on veut tout gagner comme ces arabes pour la plupart n’ ont pas de diplômes adequats

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