Le dernier rapport de l’Assurance maladie-risques professionnels, publié fin 2025, dresse un constat inquiétant : les accidents du travail mortels augmentent en France, avec 764 décès en 2024, contre 759 en 2023. En incluant les accidents de trajet et les maladies professionnelles, le nombre total de décès liés au travail atteint 1 297 personnes.
Derrière ces chiffres nationaux, La Réunion n’est pas épargnée : l’île enregistre plusieurs décès chaque année, et la tendance générale confirme une hausse préoccupante.

En France : une mortalité qui progresse malgré la baisse globale des accidents

En 2024, la branche AT/MP couvre 20,8 millions de salariés.
Le rapport fait état de :
• 549 614 accidents du travail : en baisse de 1,1 %, leur niveau le plus bas depuis 10 ans ;
• 94 654 accidents de trajet : +0,7 % ;
• 50 598 maladies professionnelles : +6,7 %, dont 90 % de troubles musculosquelettiques.

La mortalité reste, elle, en hausse :
• 764 décès dus à un accident du travail ;
• 318 décès liés à un trajet, dont 222 sur la route ;
• 215 décès imputables à une maladie professionnelle, un nombre qui grimpe sous l’effet des pathologies psychiques et de l’amiante.

Plus de la moitié des accidents mortels résultent de malaises sur le lieu de travail. Les chutes, manutentions et écrasements restent des causes majeures dans les secteurs à risque comme le BTP, les transports, la logistique et l’industrie.

À La Réunion : une hausse des sinistres et une mortalité qui alerte

Le dernier état des lieux publié localement montre que La Réunion suit la même tendance que la métropole, avec une progression notable des accidents déclarés.

En 2024 :
• 6 650 accidents du travail ont été recensés sur l’île, soit +7,7 % en un an ;
• 958 accidents de trajet, une hausse de +10,2 % ;
• un taux de fréquence de 29,9 accidents pour 1 000 salariés, supérieur au niveau national.

Depuis janvier 2024, au moins neuf décès sont survenus sur les lieux de travail à La Réunion, un chiffre qui, rapporté à la taille du territoire, illustre la vulnérabilité de nombreux travailleurs réunionnais.
Les secteurs les plus touchés sont les mêmes qu’au niveau national : le BTP, les services, les commerces alimentaires, les transports et les activités nécessitant de la manutention.

Un coût financier qui explose

Au niveau national, les dépenses indemnitaires atteignent 10,5 milliards d’euros en 2024 (+6,5 %), tirées par :
• les indemnités journalières, en forte hausse ;
• les rentes d’incapacité permanente ;
• la progression des affections liées à la santé mentale et aux TMS.

Cette inflation du coût des accidents du travail se ressent également à La Réunion, où la masse salariale et la sinistralité augmentent simultanément.

Un enjeu social majeur

Les chiffres, qu’ils soient nationaux ou locaux, rappellent tous la même réalité : le travail tue encore, et souvent.
Ils posent la question de la prévention, du contrôle des entreprises et de la responsabilité des employeurs dans les secteurs les plus exposés.

À La Réunion comme en France hexagonale, les autorités sanitaires insistent sur la nécessité de renforcer :
• la formation à la sécurité,
• les contrôles sur les chantiers et plateformes logistiques,
• la prévention des risques routiers,
• la prise en charge des maladies psychiques liées au travail.

Car derrière chaque statistique se cache un salarié blessé, une famille touchée, une entreprise fragilisée. Un rappel brutal que la sécurité au travail doit rester une priorité absolue.