Ce 20 décembre, au Jardin de la Liberté à Saint-Denis, la commémoration de l’abolition de l’esclavage a pris la forme d’un retour aux sources longtemps étouffées. Entre archives exhumées, paroles politiques fortes et maloya incarné, le Mozambique est revenu battre au cœur de la ville, non comme une origine abstraite, mais comme une mémoire enfin nommée. Lomaz nout zanset n’a pas seulement rendu hommage : il a réparé.
Il y a des voyages qui ne se mesurent pas en kilomètres, mais en siècles de silence brisé. Quand la Maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, a relié la Réunion au Mozambique, elle n’a pas seulement pris l’avion : elle a rouvert une veine mémorielle que l’histoire officielle avait tenté de ligaturer. Ce 20 décembre, au Jardin de la Liberté, l’air n’était plus tout à fait le même. Il était chargé de cette humidité particulière : celle des larmes qui lavent enfin les visages oubliés.
L’archive qui déchire le linceul
Klara Boyer-Rossol, historienne au flair de détective et au cœur d’anthropologue, a jeté un pavé dans la mare de nos certitudes. Imaginez : des carnets de terrain perdus depuis 1845, retrouvés dans des greniers privés, révélant les noms et les traits de ceux que l’on rangeait froidement dans la catégorie « Mozambiques ». Grâce à elle, Virginie, esclave domestique à Saint-Denis, n’est plus une ligne sur un inventaire notarié. Elle a un vécu, une origine, une dignité retrouvée.
Klara Boyer-Rossol nous a rappelé que le Mozambique n’était pas qu’un port de départ, mais une mosaïque de cultures, Makua, Yao, Ngoni, qui ont infusé notre terre. En écoutant le récit de ses vingt ans de recherches, on a compris que l’histoire n’est pas une matière morte, mais un puzzle dont on déterre enfin les pièces maîtresses sous le basalte réunionnais.
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Le « Kaf » : d’une étiquette méprisée à une valeur sacrée
Puis est venue la parole de la Maire. Une intervention vibrante, où la voix a vacillé le temps d’une larme, rappelant que ces ancêtres ont taillé ces pierres, planté ces arbres et regardé ces mêmes vagues du Barachois en rêvant d’un retour impossible. Sa définition du mot « Kaf » a résonné comme un manifeste : longtemps utilisé pour désigner l’infidèle, l’être « sans valeur », il devient aujourd’hui le symbole d’une résistance culturelle indomptable.
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Comme l’a martelé Ericka Bareigts, le « Noir » et le « Blanc » n’étaient pas des couleurs de peau sous le Code Noir, mais des statuts : le « libre » face au « bien meuble ». En brisant cette sémantique coloniale, elle a rendu à chaque Réunionnais la complexité glorieuse de son identité. « Kaf lé pas in kouleur, kaf lé in valeur ».
La République face à ses miroirs
Aurore Bergé, Ministre de l’Égalité, a complété ce triptyque oratoire en soulignant que la France doit être une « bonne ancêtre » pour ceux qui viennent. Reconnaître l’esclavage comme crime contre l’humanité est un socle, mais faire en sorte que cette histoire soit celle de tous les Français est le vrai combat. Au pied des statues de Gédéon ou de Furcy, le message était limpide : la liberté ne se donne jamais, elle s’arrache et se protège chaque jour.
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Le Maloya des corps : une claque mémorielle
Mais la mémoire n’est pas qu’une affaire de pupitres. Elle est organique. La troupe Tic Tac Family a littéralement secoué le jardin avec son « Hommage des corps ». Entre danse traditionnelle et art martial, chaque percussion au sol semblait vouloir réveiller ceux qui dorment sous nos pieds.
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La voix de Gwendoline Absalon a ensuite enveloppé l’assistance, nous transportant sur les rives de l’Afrique avec une douceur presque mystique, avant que le recueillement ne s’installe. Observer ces fleurs alignées au bord du bassin central, bercées par les chants ancestraux, c’était accepter que le deuil est enfin terminé pour laisser place à la reconnaissance.
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La journée s’est achevée dans l’énergie brute du groupe Maloyé. Car si la mémoire est un devoir, elle est aussi une fête. Le défilé de ce soir ne sera pas qu’une célébration, ce sera une preuve de vie. Nous sommes là parce qu’ils ont été là. Et nous nous souvenons pour que demain soit digne d’eux.
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C’est là que l’on voit que l’esclavage n’est pas fini. On dirait que nous sommes au temps où certains esclaves faisaient des courbettes au maître pour avoir un petit bénéfice! Les marrons se sont battus pour la liberté et ont perdu la vie pour être respectés! Bareigts n’a pas compris qu’il ne suffit pas de retirer ses chaussures et de danser pour que le peuple soit conquis! Quant à son discours, c’est risible! Que ne fait-on pas pour rester au pouvoir?
Le bas de la rue Maréchal Leclerc est devenu un bidonville! La pauvreté est grandissante à Sin Dni! Et la maire se pavanne devant les ministres et préfet!
Je trouve que tout ce cinéma ne rend absolument pas hommage mais sert plutôt les desseins de la maire qui adore faire du grand spectacle. Où est passée la sobriété des recueillements ? Tout ça chanté par quelqu’un qui n’est même pas réunionnaise et qui vient rendre hommage à des ancêtres qui ne sont pas les siens. Rien contre l’artiste mais que comprendre de tout ça ? Le kréol n’est pas capable par lui-même de rendre hommage à ses ancêtres, il faut toujours l’aide et l’assentiment de gens extérieurs ?