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20 ans de Sciences Po Alumni Réunion : une table ronde engagée sur la laïcité et la diversité (Photos-Vidéos)

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Pour fêter dignement les 20 ans de la section Sciences Po Alumni Réunion, le domaine du MOCA à Montgaillard s’est transformé, le temps d’une soirée, en un véritable laboratoire du vivre-ensemble. Au menu : une table ronde (forcément ronde, ici, tout le monde a sa place) sur un thème aussi sensible qu’essentiel : « Laïcité et diversité : le modèle réunionnais du vivre-ensemble ».

Un sujet brûlant d’actualité, abordé avec profondeur, bienveillance et engagement, par des personnalités venues d’horizons politiques, religieux et associatifs.
Et surprise : la salle était remplie d’étudiants, attentifs, curieux, parfois un peu intimidés mais clairement passionnés.
Même les intervenants, un brin émus, ont salué cette jeunesse nombreuse : preuve que le vivre-ensemble, ici, ne se raconte pas seulement, il s’hérite.

Une diversité d’intervenants pour un territoire pluriel

La rencontre a réuni :

  • Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, aujourd’hui engagée pour l’innovation sociale (et toujours aussi percutante quand il s’agit de remettre du sens dans le débat public) ;

  • Joé Bédier, maire de Saint-André et vice-président de la CIREST ;

  • Daniel Minienpaulle, président du Groupe de Dialogue Interreligieux de La Réunion (GDR) ;

  • Daniel Thiaw Wing Kai, président de la Fédération des Associations Chinoises de La Réunion (FACR) ;

  • Nazir Patel, président du Conseil Régional du Culte Musulman (CRCM).

La soirée était animée par Guillaume Govindin Ramasamy, président de Sciences Po Alumni Réunion, et Abdoullah Lala, président d’honneur, un duo complice, aussi rigoureux que chaleureux.

Des paroles fortes, des convictions partagées

Dès l’ouverture, Guillaume Govindin a rappelé la mission de la section : accompagner les jeunes Réunionnais vers les grandes écoles, et faire rayonner l’esprit républicain à travers l’éducation.
Vingt ans d’actions concrètes, de conventions éducatives et d’engagement citoyen, salués par tous les invités.

Najat Vallaud-Belkacem : “Il faut nettoyer nos lunettes pour mieux voir ce qui marche”

Accueillie par une salve d’applaudissements, Najat Vallaud-Belkacem a ouvert son intervention avec humour et tendresse :

Abdoullah, tout à l’heure, vous avez parlé de vos affectifs au lieu de vos effectifs et j’ai trouvé ce lapsus très joli. Parce que oui, il y a beaucoup d’affection dans cette association.”

Le ton était donné : bienveillance et lucidité.
La ministre a salué l’énergie et la vitalité de Sciences Po Alumni Réunion, soulignant combien ces initiatives font du bien “dans un monde devenu franchement compliqué”.

Elle a rappelé la charge mentale qui pèse sur une jeunesse plongée dans un climat anxiogène, saturé de discours polarisés :

On ne s’écoute plus penser, on ne prend plus de recul, on ne donne plus de sens aux choses… Je me mets souvent à la place des jeunes et je me demande comment ils arrivent à se projeter.

Ancienne élève et aujourd’hui enseignante à Sciences Po, elle a encouragé les jeunes Réunionnais à oser franchir le pas :

Vous avez toute votre place. Laissez tomber les complexes d’imposteurs, on est tous un peu imposteurs, honnêtement ! La France a besoin de vous, ses institutions, ses entreprises, son administration, ont besoin de votre modèle.

Et d’ajouter, avec cette formule qui a marqué les esprits :

À La Réunion, on voit la coexistence à l’œil nu. En métropole aussi, elle existe mais il faut nettoyer ses lunettes pour la voir.

Enfin, elle a évoqué un moment plus grave : l’importance de ne jamais oublier l’histoire, notamment celle des enfants de la Creuse, rappelant que le vivre-ensemble ne se construit qu’en reconnaissant les blessures du passé :

On ne comprend rien si on ne repart pas du contexte. Il faut se souvenir d’où l’on vient, veiller à la paix sociale comme on veille le lait sur le feu.”

Une prise de parole sincère, émouvante et profondément humaine, saluée par un tonnerre d’applaudissements.

La jeunesse au rendez-vous

La ministre n’était pas la seule à parler d’avenir : la jeunesse aussi a fait entendre sa voix.
Amélie Legault, coprésidente du Parlement régional des jeunes de l’Indianocéanie, a livré un témoignage qui a touché la salle :

Ce message de Najat Vallaud-Belkacem, qui nous disait ‘on a besoin de vous’, m’a profondément touchée. Nous, les jeunes, on est engagés pour notre île, notre pays, notre océan Indien. Et moi, je suis prête à saisir cette main tendue.”

Elle a  également évoqué l’apport du cursus Sciences Po, saluant ses camarades qui en sont issus :

Ils sont d’un grand soutien, ils nous aident à comprendre les sujets qu’on ne maîtrise pas encore. C’est un vrai partage.

Une intervention spontanée, sincère et pleine d’espoir, à l’image de cette nouvelle génération qui écoute, apprend, et s’engage déjà.

Le modèle réunionnais, entre fierté et vigilance

Tous les intervenants ont salué ce miracle tranquille qu’est le modèle réunionnais : une coexistence visible, une alchimie vivante entre cultures, religions et parcours.
Mais aussi un appel à rester vigilants face aux défis persistants : illettrisme, chômage, inégalités.

Moins de discours, plus de ponts !

La table ronde s’est conclue sur un appel unanime : renforcer les liens entre institutions, citoyens, croyants et non-croyants.
Continuer à faire de La Réunion un laboratoire vivant du vivre-ensemble républicain, où l’on débat, on s’écoute et on avance  avec sérieux, mais sans jamais perdre le sourire.

Et s’il fallait résumer cette soirée d’anniversaire ?
Un moment rare où l’intelligence collective a rencontré l’intelligence du cœur.
Et à voir les étudiants repartir les yeux brillants, on se dit que l’avenir, ici, est entre de bonnes mains.

3 Commentaires

  1. La laïcité devrait se traduire par l’interdiction pour certains d’étaler aux yeux de tous, par leur accoutrement, leur appartenance à une religion.

    De quel droit imposent-ils à la vue de tous les signes de leur adhésion à telle ou telle religion ? En quoi cela concerne-t-il la société ? Voudraient-ils nous faire comprendre qu’ils devraient avoir droit à un traitement particulier du fait de leurs religion ?

    Les croyants devraient garder leurs convictions pour eux.

    S’en prévaloir urbi et orbi sans qu’on ne leur ait rien demandé est une forme de violence vis-à-vis de ceux qui se fichent éperdument de ce genre de considérations, un empiètement insupportable sur l’égalité entre citoyens.

    Et cela sans compter que les accoutrements religieux réservés (imposés) aux femmes en font des êtres à part alors qu’en république tous les êtres humains doivent être traités à égalité.

    Non à l’apartheid imposé aux femmes !

    • +100000 10000% en phase avec vous, à bas cette islamisation rampante de notre belle île, le vivre ensemble ce sont les naïfs qui y croient encore… D’autres viennent s’installer en masse ici, en ne respectant pas nos us et coutumes, en agissant et en s’ acoutrant comme chez eux et cela sans gêne. Quel vivre ensemble!!!!!!!!!!!!!!!

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