Le député Joseph Rivière a interpellé le Premier ministre François Bayrou lors de la séance des questions au gouvernement, critiquant l’annonce présidentielle du 22 avril dernier sur l’extension d’une zone franche limitée à une partie du sud de l’île. Selon lui, cette mesure « ne bénéficiera qu’à une minorité d’industries », excluant de fait l’essentiel du tissu économique réunionnais, notamment les très petites entreprises (TPE) disséminées sur l’ensemble du territoire.
Dans son intervention, le député a dressé un tableau alarmant de la situation socio-économique de l’île : un taux de chômage de 17 % à l’échelle départementale, avec 12 000 chômeurs dans la seule ville du Tampon, et une hausse de 61 % des défaillances d’entreprises en un an. Il a aussi souligné la fragilité de l’agriculture locale, « assassinée par les produits d’importation », alors que 90 % des produits alimentaires consommés à La Réunion sont importés. Pour lui, seule une défiscalisation généralisée, à l’image de celle proposée par Marine Le Pen en 2017, pourrait constituer une réponse « audacieuse » à la crise actuelle.
Répondant à cette attaque, le ministre chargé des Outre-mer, Manuel Valls, a défendu l’action de l’exécutif. Il a précisé que la visite du président de la République après le passage du cyclone Garance n’était « pas une escapade », mais un déplacement de solidarité. Il a rappelé que la création de la nouvelle zone franche visait un secteur spécifique du sud de l’île « en retard et durement frappé par le cyclone », et qu’elle avait été saluée par les élus locaux.
Manuel Valls a par ailleurs élargi le débat, évoquant les 5,5 milliards d’euros mobilisés en 2025 à travers 29 dispositifs de défiscalisation. S’il reconnaît la nécessité de mieux les organiser et cibler, il a rejeté l’idée d’un « paradis fiscal » généralisé, plaidant plutôt pour une économie fondée sur « l’innovation et le travail ». Il a également mentionné un « pacte d’avenir » en discussion avec les collectivités pour renforcer les projets d’infrastructure, notamment dans le BTP, et relancer l’économie réunionnaise de manière plus structurelle.


