À La Réunion, les chiffres récemment dévoilés par la gendarmerie et l’Observatoire départemental de la protection de l’enfance (ODPE) sont alarmants : 995 enfants ont été victimes d’atteintes sexuelles en 2024, dont 382 dans un cadre familial, et 158 viols ont été recensés, soit une hausse de 23 % par rapport à 2023. Au total, 7 400 informations préoccupantes ont été signalées l’an dernier, contre 5 380 en 2022, marquant une progression de 38 %. Derrière ces données, souligne Monique Orphé, conseillère départementale, « se cachent des visages et des enfances brisées ».
La responsable rappelle que 60 % des agressions sexuelles sur mineurs proviennent du cercle familial, et que près de la moitié des signalements sont classés sans suite. Une réalité qui, selon elle, interroge sur la crédibilité accordée à la parole de l’enfant. « L’inceste, comme d’autres violences sexuelles, détruit l’intimité et la confiance des enfants. Il est nécessaire que leur parole soit mieux accueillie, sans pour autant remettre en cause l’autorité parentale », insiste-t-elle.
Si le plan national 2023-2027 prévoit 22 actions de prévention et de prise en charge, le plan départemental 2024-2028 s’articule quant à lui autour de cinq axes clés : repérage précoce, prise en charge globale et gouvernance partagée. Mais pour Monique Orphé, les moyens humains et financiers déployés ne suffisent pas face à l’ampleur des violences. Elle appelle à renforcer les lieux d’accueil, à garantir un soutien psychologique immédiat et durable, à former les acteurs de terrain, à accélérer le traitement judiciaire et à suspendre l’autorité parentale des auteurs lorsque les faits sont avérés.
« Chaque enfant doit pouvoir vivre sa vie d’enfant dans un milieu apaisé. Aucun ne doit grandir dans la peur, la honte ou la souffrance », conclut la conseillère départementale, qui exhorte l’ensemble de la société à se mobiliser. Pour elle, protéger les enfants victimes de violences sexuelles « n’est pas une option : c’est un devoir moral, social et humain ».


