La nouvelle édition du bulletin VIH–IST de Santé publique France pour La Réunion, publiée le 25 novembre 2025, dresse un bilan préoccupant de la situation sanitaire sur l’île. Si le dépistage reste particulièrement dynamique, les découvertes de séropositivité au VIH ont fortement augmenté en 2024, tout comme certaines infections sexuellement transmissibles bactériennes.

Forte hausse des découvertes de séropositivité

Selon le rapport, 101 nouvelles séropositivités ont été diagnostiquées en 2024, contre 59 en 2023 et 38 en 2022. Cette progression très marquée concerne principalement deux groupes :
• les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes nés en France,
• les personnes hétérosexuelles nées à l’étranger.

Les données figurant page 8 du bulletin montrent que cette tendance s’inscrit dans une dynamique continue depuis 2022.

Une incidence en hausse et une part non diagnostiquée préoccupante

L’analyse statistique indique que l’incidence du VIH à La Réunion est estimée à 109 nouvelles contaminations en 2024, soit plus du double de l’estimation 2022.
Le document précise également qu’environ 206 personnes vivraient avec le VIH sans connaître leur statut fin 2024 (page 10).

Un dépistage massif mais insuffisant pour freiner la progression

Le taux régional de dépistage demeure l’un des plus élevés du pays : 144 tests pour 1 000 habitants selon les données SNDS.
La progression se confirme dans toutes les tranches d’âge, particulièrement chez les femmes de 15 à 49 ans, très largement dépistées.

Les CeGIDD (centres gratuits de dépistage) ont également intensifié leur activité : les trois centres de l’île ont contribué en 2024.

IST bactériennes : des niveaux nettement supérieurs à l’Hexagone

Le bulletin rappelle que La Réunion demeure l’un des territoires où les IST sont les plus dépistées et détectées.
Les tendances 2024 sont les suivantes :
• Chlamydia : dépistage en hausse, stabilité du diagnostic global mais augmentation chez les femmes de 15 à 25 ans.
• Gonocoque : hausse continue depuis 2022, avec des taux jusqu’à trois fois supérieurs chez les femmes jeunes.
• Syphilis : progression notable depuis 2022, particulièrement chez les hommes de 15 à 25 ans et les femmes de plus de 50 ans.

Prévention : un effort constant mais des signaux d’alerte

Près de 900 000 préservatifs ont été vendus en 2024 sur l’île (page 19), un niveau stable.
Santé publique France reconduit en 2025 plusieurs campagnes ciblées :
• prévention combinée auprès des publics originaires d’Afrique subsaharienne,
• dépistage trimestriel pour les HSH,
• normalisation du préservatif chez les adolescents.

Une vigilance indispensable

Dans son éditorial, le délégué régional de Santé publique France, Fabian Thouillot, souligne que la progression rapide des découvertes de séropositivité constitue un « signal fort » et rappelle l’importance :
• du dépistage régulier,
• de l’accès facilité à la PrEP,
• d’une déclaration obligatoire plus exhaustive, dont l’exhaustivité est tombée de 92 % à 55 % en un an.

Dossier complet disponible Ici