Dans les rues de Saint-Denis, là où la précarité se vit au quotidien, une matinée de solidarité, dans le cadre de la cinquième édition de la Semaine de la Fraternité et des Solidarités, a redonné souffle et dignité à ceux qu’on croise trop souvent sans les voir. Entre petit déjeuner partagé, soins accessibles et écoute bienveillante, les invisibles ont trouvé un espace pour exister, se soigner, et être entendus au Jardin de la Fraternité au Butor. Ce moment simple, mais essentiel, a marqué le début d’une journée placée sous le signe de l’écoute, du soin et de l’accompagnement.
Un village santé au service des oubliés
À l’occasion de la cinquième édition de la Semaine de la Fraternité et des Solidarités, la ville de Saint-Denis a mis en place un village santé dédié aux personnes en grande précarité. Mickaël Morel, chargé de mission du DGS au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), explique : « Ce sont des personnes qui présentent certaines précarités, notamment au niveau de leur santé. »
Domiciliées par le CCAS, elles ont pu bénéficier de dépistages (diabète, tension), de consultations médicales via la PASS Réunion, et de conseils en matière de santé. L’événement a aussi permis de sensibiliser sur la précarité menstruelle, avec des ateliers et la distribution de kits adaptés.
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La PASS : un accès aux soins pour tous
Le docteur Sarah Arnoulx-Depirey, médecin responsable de la PASS CHU Nord, rappelle que ce dispositif permet à des personnes en situation irrégulière ou sans couverture sociale d’accéder à des soins, des médicaments et un accompagnement social.
« La PASS, c’est une permanence d’accès aux soins de santé pour une population en difficulté sociale. »
En 2024, plus de 1100 patients ont été suivis, dont les trois quarts étaient de nouveaux venus. Grâce à des permanences au CHU, à la Boutique Solidarité et lors des Jeudis d’accès au droit, l’équipe mobile assure une présence constante auprès des plus fragiles.
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L’addictologie en soutien des plus vulnérables
Julien Berthet, éducateur spécialisé pour Addiction France, était également présent avec son équipe mobile. Leur mission : accompagner les personnes en situation d’addiction, souvent liées à la vie dans la rue.
« Les conditions à la rue sont des conditions de survie difficiles… le produit permet de dormir, de se socialiser« , confie-t-il. L’équipe distribue du matériel de réduction des risques et propose des substituts nicotiniques. Rattachée à un CSAPA, elle offre un accueil gratuit et anonyme, que l’on soit consommateur ou proche d’un consommateur.
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Vers une solidarité élargie sur tout le territoire
Aujourd’hui, seuls Saint-Denis et Saint-Pierre portent ce type de dispositif avec constance et engagement. Mais les besoins, eux, dépassent largement les frontières de ces deux communes. Face à une précarité qui s’intensifie et touche de plus en plus de personnes, il devient urgent que d’autres villes réunionnaises s’emparent de cette dynamique.
« La domiciliation est une obligation de chaque commune« , rappelle Mickaël Morel, et pourtant, trop peu jouent le jeu.
Cette matinée fraternelle n’est pas une fin en soi, mais un appel à l’action. Elle montre qu’il est possible de faire mieux, de faire ensemble, et surtout de faire partout. Pour que demain, chaque personne sans abri, où qu’elle soit sur l’île, puisse trouver un lieu où se poser, se soigner, se nourrir… et être reconnue.
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