Le territoire fait face à une vague de cessions potentielle sans précédent, avec 370 PME concernées d’ici 2030, selon une étude Bpifrance. Face à cet enjeu économique crucial, la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion (CCIR) a mobilisé l’ensemble des experts (notaires, experts-comptables, avocats, financeurs) lors d’une journée dédiée. L’inaction des dirigeants, leurs réticences psychologiques et un manque d’anticipation menacent directement le savoir-faire et les emplois. Pour que cette situation devienne une opportunité de croissance et de dynamisme entrepreneurial, une préparation rigoureuse et un audit complet (financier, juridique, patrimonial) sont absolument nécessaires.
Patrick Verguin, représentant du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion (CCIR), Pierrick Robert, a tiré la sonnette d’alarme lors de la Journée de la Transmission d’Entreprises.
« La pérennité du tissu économique local est menacée par le manque d’anticipation et les freins psychologiques des dirigeants. La transmission et la reprise ne sont plus de simples formalités, mais un impératif économique pour préserver les savoir-faire et l’emploi. »
Les principaux obstacles au passage de flambeau
L’étude menée par Bpifrance et les chambres consulaires identifie les points de blocage qui ralentissent ce marché à fort potentiel :
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L’Attentisme : 40 % des chefs d’entreprise envisagent de transmettre, mais 80 % attendent un moment jugé « plus propice« , retardant ainsi la préparation indispensable.
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L’Intimité : Comme l’a souligné Hervé Mariton, la transmission est un acte de responsabilité qui nécessite un état d’esprit audacieux. La résignation ou la seule volonté de « faire le moins mal possible » dévalorise l’entreprise.
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L’Opacité : Les cédants et repreneurs manquent de visibilité sur la valorisation (le juste prix), les modalités de transmission et l’offre de financement disponible.
L’audit : une préparation chirurgicale en trois volets
Pour fluidifier le marché, l’unique remède est une préparation rigoureuse et anticipée. Les professionnels mobilisés lors de la journée insistent sur la nécessité d’un audit préalable complet, comparable à un bilan de santé pour l’entreprise.
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L’Excellence Opérationnelle et Financière (Expert-comptable) : Samuel Lebon, expert-comptable, préconise « une phase préparatoire longue, au minimum 18 mois. » L’objectif est de s’assurer que l’entreprise continue de générer du profit et d’établir une valeur de transmission optimale. Il s’agit d’une analyse stratégique pour identifier les domaines d’activité rentables et ceux qui ne le sont pas, assurant ainsi une base solide pour la cession.
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L’Intimité Juridique et Patrimoniale (Notaire) : Pour Dev Koytcha, notaire, la transmission est un sujet « intime. » L’audit juridique est essentiel pour éviter les pièges, notamment le régime matrimonial. Un chef d’entreprise ignorant l’impact de la communauté sur ses titres sociaux peut voir sa cession compromise, nécessitant l’accord d’un conjoint. Le notaire peut aujourd’hui agir directement sur le changement de régime matrimonial pour adapter la structure à l’opération de cession.
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Le Bilan de Santé (Commissaire aux comptes) : Irshad Rahim Khan rappelle que l’ennemi est le « temps. » L’audit permet au vendeur d’identifier et de corriger en amont les « points de tension potentiels« , et de fournir aux acquéreurs une fiche technique crédible, accélérant la due diligence et la finalisation du projet.
La mobilisation de l’ensemble des experts (notaires, avocats, experts-comptables, financeurs, administrateurs judiciaires) à la CCIR vise à former une chaîne de professionnels indispensable pour accompagner chaque projet de manière personnalisée.
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Une opportunité ou une bombe à retardement ?
La nécessité de cette journée est actée : la transmission d’entreprise est trop souvent subie plutôt qu’anticipée. Avec 370 PME menacées de non-reprise d’ici 2030, la question n’est plus de savoir si l’on doit transmettre, mais « comment » garantir que cette vague de cessions se transforme en une opportunité de croissance pour le territoire. Si l’attentisme et les freins psychologiques persistent, que deviendra le savoir-faire accumulé et l’emploi dans ces PME ?
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