À quelques jours du 1er novembre, Saint-Denis ne se contente pas de balayer les allées des cimetières, elle les fait chanter. La Toussaint, ce moment où l’on revient vers ceux qu’on a aimés, prend ici des airs de fête douce, de retrouvailles apaisées. Et cette année encore, la ville a mis les petits pots de fleurs dans les grands pour que le recueillement soit aussi un moment de beauté partagée.
Madame la maire, Ericka Bareigts, a donné le ton :
“Les cimetières doivent redevenir des lieux de vie, d’émotion et de souvenir.”
Et pour cela, toute la ville s’est mobilisée. Nettoyage, fleurissement (550 plants !), sécurité renforcée, robinets réparés, bancs solaires installés… même les moustiques ont été priés de rester à la porte. Ce serait dommage de venir se recueillir et repartir avec le chikungunya.
C’est Sonia Bardinot, élue sur le quartier de Primat et déléguée à la Culture qui a soufflé l’idée il y a cinq ans : “et si on mettait un peu de musique dans les cimetières ?”
Une idée jugée “un peu folle” à l’époque, devenue aujourd’hui une tradition bien ancrée. Des artistes jouent en toute discrétion, offrant aux familles un moment suspendu.
“La culture, c’est une tisane. La preuve.” dit-elle avec tendresse.
Parmi ces artistes, Laurence, fondatrice de La Traversière de Lo de La, accompagne les familles avec sa flûte traversière. Un projet né après le décès de son père, et mûri dans un cimetière où une dame lui a demandé sa carte… pensant qu’elle était musicienne funéraire. Trois ans plus tard, elle a accompagné plus de 30 familles.
“La musique ne doit pas se cantonner au silence.” souffle-t-elle.
Elle joue à l’église, au cimetière, parfois même à la veillée. Son objectif : offrir un moment de dignité, de réconfort, de beauté dans l’épreuve.
Parce qu’à Saint-Denis, on ne fait jamais les choses à moitié, une exposition de tableaux réalisés par Laurence Lauret, agente de la ville, est installée au centre funéraire. Des œuvres offertes gracieusement, qui viendront ensuite embellir les bureaux municipaux. Oui, même les murs ont droit à leur moment de recueillement.
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On n’oublie pas Christelle Gumier, élue aux affaires funéraires, qui veille à ce que les familles soient accueillies dans les meilleures conditions. Ni les agents du centre funéraire, salués pour leur accompagnement humain et efficace. Ni les artistes, ni les prestataires, ni les jardiniers… bref, tout le monde s’est mis en quatre (voire cinq) pour que cette Toussaint soit douce, belle et bien vivante.
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Et pour conclure ce partage d’émotion, Laurence nous a offert quelques notes de sa flûte traversière sur “Le Paradis blanc”. Un moment suspendu, tout en douceur, qui a enveloppé les cœurs comme une caresse.
“Un véritable moment d’apaisement”, a murmuré la maire, les yeux brillants.
À Saint-Denis, on ne pleure pas seul : on pleure en musique, en couleur, parce que le souvenir, ici, se vit avec tendresse, avec art… et avec un soupçon de maloya dans le cœur…



encore une façon de prendre l’argent de ceux qui sont dans la douleur.