On ne parle pas de poudre aux yeux, mais de béton ! Hier après-midi, l’Hémicycle de la Région Réunion n’a pas seulement vibré ; il a sérieusement chargé ses batteries en accueillant la nouvelle garde : les lycéens bénéficiaires du dispositif des Conventions Éducation Prioritaire (CEP). Cette conférence, c’est l’acte de naissance du plan de bataille mené par la Collectivité et Sciences Po Paris : faire de l’excellence académique une réalité de série, et non une option de luxe, pour la jeunesse réunionnaise.

Sciences Po & La Réunion : l’excellence n’est plus l’exception, c’est le cahier des charges.

Non, ce n’est pas un conte de fées, c’est de la politique publique musclée. L’accès au sommet académique est en pleine refonte ici. Au cœur de l’opération, un partenariat solide comme le basalte : Région Réunion, Rectorat, et Sciences Po Paris via le CEP.

Le message est clair et sans chichi : on n’est pas là pour faire de l’élitisme de salon. L’ambition ? « Viser l’excellence sous toutes ses formes » pour les jeunes du territoire. En d’autres termes : on donne les outils, vous faites le travail.

Céline Sitouze, Vice-Présidente en charge de l’éducation, a enfoncé le clou : l’engagement de la collectivité, ce n’est pas juste un petit coup de pouce, c’est un « investissement massif dans l’avenir de l’île. »  Pour les admis, l’aide ne s’arrête pas à la porte de l’école. On parle d’un accompagnement « longue distance «  : allocation mensuelle significative pour le logement, bourses complémentaires, etc. C’est l’équivalent d’un bon coup de masse pour faire tomber les obstacles financiers et garantir des conditions de travail optimales (échanges internationaux inclus). En résumé, l’objectif est de « donner les moyens de réussir et de révéler votre potentiel et vos talents. » Un bon ouvrier mérite de bons outils !

Le partenariat CEP : le « Pilier » qui tient la transformation sociale (et le dossier solide)

Myriam Dubois Monkachi, Directrice de la scolarité et de la réussite étudiante de Sciences Po Paris, était sur le terrain pour une raison simple : « s’assurer que le travail est bien fait.  » Sa délégation a rendu visite aux lycées conventionnés pour échanger et affirmer leur soutien indéfectible aux équipes pédagogiques.

Sa maxime : « Absolument la réussite est accessible à tous. »

Elle l’a confirmé : la procédure CEP est exigeante, oui, mais elle est aussi « protégée ». Les lycéens des établissements conventionnés sont comparés entre eux, et non noyés dans la « masse globale » des candidats. C’est un couloir prioritaire, mais il faut quand même courir vite.

Le mythe de la « Petite École » : Sciences Po est un vrai chantier de carrières

Marre d’entendre que Sciences Po, c’est juste pour la politique et le journalisme ? Myriam Dubois Monkachi a rappelé que l’école est un véritable « atelier pluridisciplinaire.  » Après un premier cycle fondamental (la « boîte à outils »), place à huit écoles professionnalisantes : affaires publiques, urbanisme, affaires internationales, et même une toute nouvelle école du climat.

« Ce qu’on apprend aux étudiants de Sciences Po, c’est à apprendre à utiliser les bonnes méthodes pour pouvoir avoir une approche très pluridisciplinaire » face aux phénomènes de société, explique-t-elle.

Et pour ceux qui se demandent si ça débouche sur un job : 70% des diplômés travaillent dans le privé, et près de 40% trouvent leur premier emploi à l’étranger. On n’est pas là pour faire de la théorie, mais de la carrière !

« Briser l’autocensure » : l’urgence d’oser. C’est le moment de postuler !

Karine Aurélia, Directrice déléguée à l’égalité des chances, a visé le problème de fond : le petit vélo dans la tête. Face au célèbre « Sciences Po n’est pas pour moi », sa réponse est direct : « C’est d’oser, oser croire à leur potentiel. »

Le CEP n’est pas une simple porte de secours. Il est une réponse structurée contre l’autocensure et les biais sociaux. Le taux de sélectivité à 16,5% prouve qu’il n’y a pas de favoritisme, juste de l’exigence.

Les résultats, eux, sont la preuve que ça marche : « 98% des étudiants sont en emploi dans les six mois suivant leur diplomation. » Difficile de faire mieux comme garantie de retour sur investissement !

Les voix du terrain : du Lycée Sarda Garriga à l’ambition XXL

La relève est déjà là, et elle n’a pas froid aux yeux.

Gabriel (Première, Lycée Sarda Garriga) veut devenir journaliste reporter spécialisé en politique. Son moteur est simple : « Mon quotidien, la vie de tout le monde est impacté par les choix que ces gens-là font. » Il a pigé comment fonctionne le monde, il veut désormais le raconter.

Claire (Terminale, même lycée) vise le Droit de la famille et voit Sciences Po comme un tremplin d’opportunités qui va l’aider à « l’oral, à s’exprimer, à avoir plus de culture générale. »

Quant à la perspective de quitter La Réunion ? Sa réponse est d’une maturité déconcertante : « Non, parce que moi je sais d’où je viens et je sais que je vais revenir et il faut un moment passer un cap. »

Un modèle réunionnais : former des citoyens qui savent travailler

Mme Yannick Ledonné, représentant le Recteur, a rappelé que l’objectif de l’Éducation Nationale est « d’accompagner tout le monde afin de permettre à chacun d’atteindre son niveau d’excellence. »

Ce « modèle réunionnais », qui couvre sept lycées pour garantir l’équité géographique, est un succès collectif. La Région ne fait pas que financer des carrières individuelles ; elle forme des « citoyens d’exception, conscients de leurs racines et porteurs d’une ambition collective : faire grandir La Réunion par la connaissance, le mérite et la confiance. »

En créant les conditions d’une réussite équitable et en valorisant ceux qui bossent dur, le CEP prouve que les trajectoires inédites ne sont pas seulement possibles : elles sont déjà en route.

Reste à voir jusqu’où cette nouvelle génération de « talents réunionnais » va porter cette vision. Une chose est sûre : on n’a pas fini d’entendre parler d’eux !