Face aux constats alarmants sur la santé des jeunes, dix dionysien.ne.s viennent d’être formés pour devenir les tout premiers Ambassadeurs Santé des Jeunes. Leur mission : parler de santé mentale et de prévention des addictions directement avec leurs pairs, sur leurs lieux de vie et dans leurs établissements scolaires.

Ces jeunes relais de proximité incarneront un dispositif inédit : aller à la rencontre des collégiens, lycéens et étudiants pour engager le dialogue, briser les tabous et créer une relation de confiance autour de questions essentielles mais souvent passées sous silence.

Des chiffres préoccupants

Pour Marie Annick Andamaye, élue déléguée à la Santé à la mairie de Saint-Denis, la situation impose d’agir rapidement :

« Pour nous, la santé des jeunes est un enjeu majeur. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au niveau national, 88 % des 16-29 ans déclarent être en bonne santé. Mais derrière ce chiffre rassurant, la réalité est préoccupante. Un jeune sur quatre est en surpoids ou en situation d’obésité, près d’un sur cinq vit déjà avec une maladie chronique, et la santé mentale devient un sujet crucial, avec une forte progression des idées suicidaires et des épisodes dépressifs. À La Réunion, la situation est encore plus préoccupante : 23 % de nos jeunes fument quotidiennement, 24 % consomment de l’alcool plus d’une fois par semaine, 18 % consomment du cannabis… et à cela s’ajoute la sédentarité. »

Ces constats soulignent l’urgence d’initiatives comme celle des Ambassadeurs Santé des Jeunes, qui visent à enrayer ces tendances en plaçant la jeunesse au cœur de la prévention.

Sensibiliser autrement

« Quand on parle santé mentale, addictions, psychotropes, drogues dures ou encore cannabis, il est essentiel de clarifier de quoi l’on parle et comment on s’adresse aux jeunes », a rappelé Aurélie lors de la présentation. Contrairement aux messages institutionnels souvent jugés éloignés de leur réalité, cette initiative mise sur la parole des jeunes pour sensibiliser les jeunes.

La vision d’Ericka Bareigts

La maire de Saint-Denis a insisté sur le rôle fondamental de ce dispositif face aux dérives de la société de consommation et à leurs conséquences sur les jeunes :

« Les faux amis de Facebook, ce n’est pas la vraie vie. Ce ne sont pas les amis que l’on a à nos côtés. Nous vivons aujourd’hui dans une société de consommation qui nous pousse à courir après toujours plus, et qui nous laisse finalement frustrés, malheureux, parfois même en colère. Quand notre existence est suspendue à ce que nous possédons, cela n’est jamais suffisant. Alors, pour fuir cette pression, certains se tournent vers les addictions : l’alcool, la drogue, tout ce qui coupe du lien réel et de la vie authentique. Face à cela, les parents sont souvent démunis. »

Une réponse aux réalités d’aujourd’hui

La démarche des Ambassadeurs Santé vise donc à répondre à cette réalité : « La drogue est accessible, il faut pouvoir en parler clairement. Qu’est-ce que cela signifie de consommer ? Pourquoi certains jeunes sont tentés d’expérimenter, y compris avec des produits dangereux comme le protoxyde d’azote ? », ont expliqué les organisateurs.

À travers ce collectif, l’ambition est d’offrir une écoute bienveillante et des repères concrets à la jeunesse dionysienne, en l’impliquant directement dans la prévention.

Une expérimentation ambitieuse

Cette première génération d’Ambassadeurs Santé des Jeunes incarne un pari fort : donner aux jeunes les moyens d’agir, de prévenir et de soutenir leurs pairs. Si l’expérimentation porte ses fruits, elle pourrait être pérennisée et élargie, faisant de ce projet un modèle en matière de santé publique et de prévention jeunesse.