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Sainte-Suzanne : les habitants de La Marine dénoncent des constructions à haut risque (Photos-Vidéos)

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Ce matin, à l’appel du Collectif citoyen de La Marine, les habitants se sont mobilisés en nombre pour dénoncer un projet immobilier jugé démesuré et dangereux pour leur quartier. Face aux risques d’inondation récurrents et à l’absence de concertation, Fred Honorine, porte-parole du collectif, a pris la parole pour porter la voix d’une population inquiète et déterminée à défendre son cadre de vie.

Une zone vulnérable face aux inondations : un risque connu, mais ignoré

Le quartier de La Marine est situé dans une zone marécageuse, à forte densité de population, construite sur un sol instable et historiquement exposée aux aléas climatiques. À chaque saison cyclonique, les habitants vivent dans l’angoisse : les pluies torrentielles provoquent des inondations récurrentes, les eaux usées envahissent les maisons, les routes deviennent impraticables, et les dégâts matériels s’accumulent. Pour certains foyers, les pertes sont irréversibles. Des personnes âgées, des familles avec enfants, des personnes vulnérables sont directement touchées.

Malgré cette réalité bien connue des autorités locales, la mairie a récemment délivré un permis de construire pour 117 logements supplémentaires, sans qu’aucune étude hydraulique sérieuse n’ait été menée. Le collectif citoyen dénonce une décision irresponsable, prise sans considération pour les risques environnementaux et humains.

« C’est une mise en danger des habitants », dénonce Fred Honorine.

Les riverains rappellent que toute nouvelle construction modifie les flux d’eau, augmente l’imperméabilisation des sols et aggrave les phénomènes de ruissellement. Sans infrastructures adaptées, chaque toit, chaque route, chaque mur devient un obstacle qui redirige l’eau… vers les maisons déjà fragilisées. Et dans ce contexte, l’absence d’étude hydraulique n’est pas une négligence : c’est une faute grave.

 

 Des permis jugés illégaux… et des habitants sous pression

Selon le collectif, les permis de construire ont été délivrés sur la base d’un Plan de Prévention de 2015, devenu caduc. L’article R111-2 du Code de l’urbanisme impose de nouvelles règles, qui n’ont pas été respectées. Le permis pour 115 logements repose sur ce document obsolète, rendant sa validation illégale. De plus, la zone est classée AU, ce qui exige des infrastructures d’évacuation et de raccordement… inexistantes à ce jour.

Mais au-delà des irrégularités administratives, les membres du collectif dénoncent une pression croissante. Plusieurs habitants engagés dans la mobilisation ont reçu des menaces, parfois directes, visant à les faire taire. Certains témoignent de tentatives d’intimidation, de pressions morales, voire de propos dissuasifs émanant d’acteurs liés au projet. 

« On veut nous faire croire que nous sommes seuls, que nous gênons, mais nous sommes unis et déterminés », affirme l’un des porte-paroles.

         

 Des remblais interdits et un sol instable

La DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) a formellement interdit tout remblai dans la zone de La Marine, en raison de la nature instable du sol et des risques hydrologiques avérés. Cette interdiction est clairement stipulée dans un courrier officiel adressé au maire en mars 2020. Pourtant, en dépit de cette alerte, le porteur du projet immobilier, GTOI, a procédé à des travaux de remblai massifs, atteignant par endroits plus de six mètres de hauteur à l’arrière du terrain.

Pour les habitants, cette violation manifeste des règles environnementales illustre un mépris total des recommandations techniques et des risques encourus par la population.

 « C’est écrit noir sur blanc, et pourtant on fait comme si de rien n’était », déplore le collectif. 

Ces remblais modifient la topographie du quartier, aggravent les risques d’inondation et compromettent la sécurité des riverains.

Mais ce qui choque le plus, c’est le silence des autorités et l’absence de concertation. Les habitants affirment n’avoir jamais été informés ni consultés sur ces travaux. Pire encore, plusieurs membres du collectif disent avoir reçu des menaces ou subi des pressions pour ne pas s’exprimer publiquement.

 « On essaie de nous faire taire, mais nous ne nous laisserons pas intimider », affirme l’un d’eux

Pour eux, cette opacité est inacceptable dans une démocratie locale, et ils réclament des explications claires, des documents officiels, et surtout, le respect des règles en vigueur.

Une école oubliée, des familles inquiètes et un avenir incertain

Au cœur du quartier de La Marine se trouve une petite école, discrète mais essentielle, qui accueille notamment des enfants malentendants. Depuis plusieurs années, cette école souffre d’un manque criant de moyens : bâtiments vétustes, équipements insuffisants, absence de travaux de rénovation malgré les demandes répétées des enseignants et des parents. Et pourtant, c’est cette même école qui devra, demain, accueillir les enfants issus des 117 nouveaux logements en construction… sans qu’aucune adaptation ne soit prévue.

Les familles s’inquiètent. Elles redoutent une surcharge des classes, une baisse de la qualité d’accueil, et surtout, une transformation brutale de leur quartier. 

« On a vu ce qui s’est passé à Fayard ou à Bras-Fusil : l’arrivée massive de nouveaux habitants, sans accompagnement social, a entraîné une montée de la délinquance et de l’insécurité », témoigne Thierry inquiet. 

À La Marine, les habitants craignent de voir leur tranquillité disparaître.

« La Marine est un quartier paisible, soudé, où les gens se connaissent et s’entraident depuis des années », rappelle Régis Coralin, résident depuis plus de 60 ans. 

Cette cohésion sociale, précieuse et fragile, risque d’être mise à mal par des décisions prises sans concertation. Les riverains dénoncent le silence de la mairie, le manque de transparence, et l’absence totale de dialogue. Ils demandent que l’école soit rénovée, renforcée, et intégrée dans une vision globale du développement du quartier.

Une ressource en eau sous tension, des habitants en colère

Au-delà des risques d’inondation, les riverains de La Marine tirent la sonnette d’alarme sur un autre enjeu majeur : la pression croissante sur la ressource en eau. Ces derniers mois, plusieurs entreprises se sont implantées ou prévoient de s’installer dans le secteur, avec des besoins en eau considérables pour leurs activités. Or, dans un contexte de pénurie déjà bien réel dans plusieurs communes de l’Est, les habitants subissent des coupures fréquentes, parfois sans préavis.

« On parle de développement, mais à quel prix ? » s’indigne un habitant. 

Pour les familles du quartier, ces coupures ne sont pas de simples désagréments : elles affectent la vie quotidienne, la santé, l’hygiène, et renforcent le sentiment d’abandon. Certains témoignent avoir été privés d’eau pendant plusieurs jours, alors que les chantiers voisins continuaient de fonctionner sans interruption.

Le collectif dénonce une gestion opaque des ressources et une absence totale de concertation. Pire encore, plusieurs habitants affirment avoir été découragés de poser des questions ou de demander des explications. 

« On nous fait comprendre que ce n’est pas notre affaire, que nous devons nous taire », rapporte une riveraine. Pour les habitants, cette situation est inacceptable : ils demandent une transparence totale sur les besoins en eau des entreprises, une étude d’impact claire, et surtout, que les besoins des citoyens ne soient pas relégués au second plan.

Un appel à la mobilisation citoyenne

Le Collectif de La Marine lance un cri d’alerte : si rien ne change, le quartier risque de disparaître sous les eaux… et dans l’indifférence. Ce n’est pas une exagération, mais une réalité que les habitants vivent déjà à chaque saison cyclonique. La Marine, ce quartier paisible et solidaire, pourrait être rayé de la carte par des décisions prises sans concertation, sans études, sans vision durable.

Les riverains appellent les autorités à revoir leurs priorités, à écouter ceux qui vivent ici depuis des générations, et à engager un dialogue sincère. Ils demandent aux citoyens, aux élus, aux médias de relayer leur combat pour un développement respectueux de l’environnement et de la vie humaine.

“Ce quartier, c’est notre histoire, notre famille, notre avenir. Il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités et protègent les citoyens au lieu de les exposer” conclut le collectif.

Et quand les mots ne suffisent plus, les images prennent le relais. Découvrez dans cette vidéo les scènes saisissantes tournées à La Marine lors des dernières fortes pluies : routes submergées, maisons encerclées par les eaux, habitants contraints d’évacuer… Une réalité trop souvent ignorée, mais impossible à nier.

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