Avant la grande consécration religieuse (Mahâ Koumbabishegam), qui se déroulera donc du mercredi 12 mars et au dimanche 16 mars prochains en présence de plusieurs Gurrukal (swamis) venus de l’Inde et de la Réunion, les responsables de l’association ont tenu à présenter ce temple au public et aux représentants institutionnels, ce samedi matin, 8 mars.
Plusieurs dizaines de personnes parmi lesquels madame Marie-Ange Narayanin (née Naralingom, épouse de feu Noël Narayanin), son frère Emilien Naralingom, ainsi que des élus (Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose; Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph, 1er vice-président de la Région et président de l’IRT; Dominique Panamballom, 1er vice-président de la Cirest; Pierrick Robert, président de la CCIR…), le curée de la paroisse de Sainte-Rose, les présidents de quelques temples tamouls et des personnalités civiles, ont pu assister à la présentation de l’histoire de ce temple familial devenu au fil des années un véritable joyau du patrimoine cultuel et culturel de la Réunion. Un temple situé à Sainte-Rose, plus précisément à la Ravine Glissante, en face de la balance cannes (une ancienne usine sucrière).

Un édifice qui, au niveau architectural, n’a plus du tout rien à voir avec la petite bâtisse faite de pailles et de bois dans les années 1920 qui, à l’instar des autres lieux de culte hindous à la Réunion, avait vu le jour avec l’arrivée dans l’île des engagés indiens venus remplacer après 1848 (abolition de l’esclavage) en renfort de main d’œuvre pour la culture de la canne à sucre.
A partir de 1940, la structure de l’édifice a été améliorée en bois sous tôles, puis en béton en 1958. Des marches sur le feu en l’honneur de la déesse Pandialee (ou Draupadi née du feu sacrificiel) y étaient organisées, après un carême de 18 jours observé par les pénitents. Cette propriété sur laquelle se trouvait le temple appartenait à la famille Mourouvin. Elle a été rachetée par Arnassalom Taillamin, avant d’être revendue en 1970 à Noël Narayanin (dit Léon). Ce dernier a perpétué la tradition religieuse de la marche sur le feu de 18 jours entre 1970 et 1975, avec sacrifices d’animaux (cabris, coqs). Plusieurs prêtres tamouls ont officié dans ce temple.
On peut citer notamment Tonton Grand Manikon (1970); Tonton Naranin (1972); Tonton Marcel Tailé, dit Cathaire (1973); Tonton Permalnaïcken (de Trois-Bassins) et Tonton Candassamy Palanicaoudin dit Candé (1974) et Pajaniaye Darmon (1975). Après une période « au ralenti », le temple a véritablement « redémarré » ses activités cultuelles à partir de 1989, avec la reprise en main du lieu de culte par Théophane Narayanin (dit Guyto), fils de Noël Narayanin. Entouré d’une équipe motivée et ambitieuse, des travaux conséquents de rénovation ont été engagés par la nouvelle association, sous l’impulsion spirituelle d’Anin Mani Dailly et de son disciple Serge Ajaguin-Soleyen. Le lieu de culte devient alors un temple hindou dédié à la déesse Marliémen et le carême pour la marche sur le feu passe à 10 jours. Les premières marches sur le feu en l’honneur de Marliémen eurent lieu le 14 juillet. Depuis, elles se déroulent en avril, le jour de Pâques. Cette année, elle se déroulera le dimanche 20 avril vers 17 heures, mais les cérémonies débuteront dès le 11 avril.

Le temple Kalrou Marliémen a été durant de longues années présidé par Guyto Narayanin (acteur du monde économique qu’on ne présente plus tant à la Réunion que dans la zone océan Indien), qui a décidé depuis 2009 de passer la main à son petit frère François (enseignant au sein de l’éducation nationale). « Je me suis beaucoup investi pour la réalisation finale de ce bel édifice, avec honneur et un fort enthousiasme, à la mémoir de mon père. Je remercie au nom de toute la famille, toutes et tous ceux qui m’ont suivi et soutenu dans cette belle aventure humaine afin d’obtenur ce merveilleux résultat. Je profite également de l’occasion qui m’est donnée pour remercier ceux qui ont apporté des aides, des dons ou tout autre apport, bref à tous ceux qui ont mis une pierre à l’édifice. Désormais, ce monument cultuel et culturel est au service de la connaissance de l’hindouisme, un héritage à perpétuer et à relayer », a souligné, ému, Guyto Narayanin, qui occupe aujourd’hui le poste de président d’honneur au sein de l’association Kalrou Marliémen qui gère le temple. Il est au micro d’Yves Mont-Rouge :
A noter qu’en 2023, des travaux d’ampleur ont été entrepris pour donner au temple un style dravidien en accord avec les écrits sacrés d’édifices religieux avec l’implication des personnes qualifiées notamment des sculpteurs (starpathis) venues de l’Inde.

Les travaux sont en cours de finition. Aux côtés des membres de l’association Kalrou Marliémen, se trouve un prêtre tamoul réunionnais dont la notoriété n’est plus à faire dans notre île. Il s’agit de Serge Coujendével Ajaguin-Soleyen, petit-fils de Tonton Permalnaïken barldon poussari. Cela fait 36 ans qu’il officie au temple de la Ravine-Glissante lors des marches sur le feu. Ecoutez Serge Ajaguin-Soleyen :
Tant le prêtre tamoul que le président et le président d’honneur ont insisté, samedi, sur « le respect du lieu de culte » « ouvert à tous sous conditions du respect des règles de base qui sont : être en carême, marcher pieds nus, être vêtu dignement, c’est-à-dire bien couvert et faire silence dans l’enceinte du temple. Après les discours, les premiers visiteurs ont eu droit à une visite guidée menée par Serge Ajaguin-Soleyen, l’occasion de découvrir la beauté de la nouvelle architecture du temple, avec les figurines et statues représentant les déesses et divinités.
Après la présentation au public, la partie religieuse va démarrer ce mercredi 12 mars, avec le début des cérémonies du Mahâ Kumbabishegam, cérémonies de purification destinée à sanctifier les structures du temple et les divinités. Comme l’a expliqué Serge Ajaguin-Soleyen, « ce puissant rituel hindou pratiqué dans les temples est censé homogénéiser, synergiser et unir les pouvoirs mystiques de la divinité. Plusieurs rituels constituent le Mahâ Kumbabishegam qui dure 5 jours. La direction et les membres de l’association Kalrou Marliémen invitent, outre les fidèles, le public à venir nombreux assister aux cérémonies du Mahâ Kumbabishegam.


