Depuis le 1er janvier 2025, une nouvelle réforme du revenu de solidarité active (RSA) est entrée en application. Désormais conditionné à un contrat d’engagement, ce dispositif social impose aux bénéficiaires entre 15 et 20 heures d’activité par semaine pour continuer à percevoir leur allocation. À La Réunion, où la précarité sociale est déjà très forte, les appels des conseillers de France Travail ont d’ores et déjà commencé, suscitant stress, incompréhensions et inquiétudes.
Avec des agents mobilisés au niveau national et local, France Travail a lancé une vaste campagne de rappels téléphoniques à destination des allocataires du RSA.
Soyez très vigilant : pensez à consulter régulièrement votre espace personnel sur le site de France Travail, notamment la rubrique “Rendez-vous”.
Des convocations peuvent y apparaître sans que vous n’ayez reçu ni mail, ni SMS au préalable.
Une méthode pour le moins discutable… Car si vous ne vous présentez pas à ce rendez-vous, vous ne saurez même pas quelles conséquences cela peut entraîner pour vos droits.
À la Réunion dans un premier temps, un mail est envoyé, suivi d’un second rappel précisant que le rendez-vous est impératif et OBLIGATOIRE.
Dans certains cas, les bénéficiaires sont ensuite convoqués physiquement dans une agence France Travail.
Et dès que les bénéficiaires doivent à développer leur situation, les conseillers peuvent aussi proposer un rendez-vous en agence.
Une réforme aux exigences strictes
La réforme prévoit désormais :
• Une inscription obligatoire à France Travail ;
• La signature d’un contrat d’engagement réciproque ;
•L’accomplissement de 15 à 20 heures d’activités par semaine pour maintenir son RSA.
Ces activités peuvent inclure :
• Des immersions professionnelles ;
•Des actions associatives ou bénévoles ;
• Des démarches administratives ;
•Une préparation au permis de conduire, entre autres.
Un plan d’actions personnalisé est intégré à ce contrat. En cas de manquement aux obligations ou de refus répété d’offres “raisonnables”, le bénéficiaire s’expose à une suspension, voire une suppression de ses droits.
À La Réunion, une mise en œuvre problématique
Sur le terrain réunionnais, la réforme inquiète. Le tissu économique est fragile, les structures d’accompagnement sont saturées, et les opportunités d’activités réelles sont insuffisantes.
Des entreprises refusent même de maintenir un salarié 15 jours, ce qui complique l’application des directives nationales. Le turnover est important, et l’importation de main-d’œuvre extérieure continue d’alimenter la concurrence sur des postes peu ou non qualifiés.
De nombreux acteurs locaux – y compris des élus et institutions – admettent avoir du mal à mettre en œuvre les nouvelles règles, notamment pour les bénéficiaires du RSA. Même les présidents du Département, de la Région ou de la Chambre de commerce évoquent les limites structurelles du territoire pour appliquer ce type de dispositif.
Vers une précarité accrue pour des milliers de familles ?
Dans un contexte déjà tendu, la réforme pourrait faire basculer de nombreuses familles réunionnaises dans la grande précarité.
Entre les menaces de suspension, les obligations difficiles à remplir, et le manque réel d’offres adaptées, des milliers de foyers pourraient se retrouver privés d’aide, sans alternative immédiate.
Le pouvoir d’achat local est déjà inférieur à celui de l’Hexagone, et la dépendance au RSA y est plus élevée. Pour certains, cette réforme est vécue comme une forme de stigmatisation des plus fragiles, sans solution durable en face.

