Protection de l’enfance : « assez de chiffres, place à l’action »

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Lors de la séance plénière de l’Observatoire départemental de la protection de l’enfance, Monique Orphé, conseillère départementale, a tiré la sonnette d’alarme face aux chiffres des signalements d’enfants en danger. Plus de 7 400 informations préoccupantes (IP) ont été recensées en 2024 sur l’île, contre 5 380 en 2022, soit une hausse de 38 % en deux ans. En 2025, plus de 4 000 demandes ont déjà été enregistrées alors que l’année n’est qu’à moitié écoulée.

Trop de dossiers classés sans suite

Quarante pour cent de ces situations sont classées sans suite après évaluation, ce qui interroge, d’autant que certains signalements supposés résolus ont conduit à des drames, comme celui survenu à La Montagne où une petite fille, replacée dans son milieu familial, est décédée peu après. « Derrière chaque statistique, il y a un enfant, une vie », a rappelé Monique Orphé.

L’école en première ligne mais sans soutien suffisant

L’Éducation nationale est en première ligne du repérage avec près de 1 800 IP transmises chaque année, dont la moitié émanent des établissements scolaires. Mais les enseignants se sentent encore trop seuls face aux élèves en souffrance. Gérer une classe de 25 élèves, dont certains vivent des traumatismes lourds, est un défi impossible sans psychologues, infirmiers, éducateurs ou assistants sociaux présents dans les établissements.

Ne pas se défausser sur les associations

Alors que les services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) multiplient les expérimentations, Monique Orphé met en garde contre un transfert de responsabilités vers le tissu associatif, qui n’a pas les moyens de faire face à ce défi. « Cette tendance est dangereuse : il s’agit d’une responsabilité publique », insiste-t-elle.

Elle rappelle que les moyens existent – près de 30 % d’effectifs ASE supplémentaires depuis 2020, mobilisation de 18 travailleurs sociaux de prévention, contrats d’engagement réciproques avec les parents – mais qu’ils ne sont pas fléchés au bon endroit. Selon elle, les efforts doivent se concentrer sur le suivi réel, la prévention et la sécurisation des parcours.

L’urgence de la santé mentale

Monique Orphé souligne également que près de 40 % des jeunes ultramarins souffrent de troubles psychiques, un facteur aggravant de déscolarisation et de marginalisation. Cette urgence de santé publique doit être pleinement intégrée dans les politiques éducatives et sociales.

« Protéger avec rigueur et humanité »

« Nous devons être le premier rempart contre leur détresse, la barrière de leur souffrance, pas les témoins de leur chute. Chacun à sa place doit agir de façon concertée », martelait-elle ce matin, appelant à un vrai suivi, des moyens ciblés et une coordination effective entre l’État, l’Éducation nationale, l’ARS, la justice et le Département pour que plus aucun enfant ne soit laissé sur le bord du chemin. Monique Orphé, conseillère départementale de La Réunion

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