Le collectif Les Enfants Invisibles 974 a annoncé son retrait du groupe de travail mis en place par le rectorat de La Réunion, estimant que les discussions n’ont apporté aucune avancée concrète pour les familles concernées.
Selon le collectif, la première journée d’échanges a révélé un profond décalage entre les autorités et la réalité vécue sur le terrain. « Nous avons été confrontés à des interlocuteurs déconnectés, incapables de comprendre la souffrance des familles », déplore le communiqué. Les réponses des représentants du rectorat, jugées répétitives mais pourtant en accord avec les directives ministérielles — « il n’y a pas de moyens, on fait avec ce qu’on a » —, ont renforcé la frustration des parents.
Derrière ces mots, souligne le collectif, se cachent des enfants sans solution de scolarisation, des familles à bout et des droits bafoués. Face à ce qu’il qualifie de déni et d’indifférence institutionnelle, Les Enfants Invisibles 974 appellent à une action symbolique et pacifique le mercredi 15 octobre, de 9h à 11h, devant les locaux du rectorat.
Chaque famille déposera un sac d’écolier devant le portail de l’institution, en signe d’un enfant « abandonné par le système ». Une table et une chaise au nom du recteur seront installées sur place pour l’inviter à venir rencontrer les parents. « Sera-t-il présent ? Ou, une fois encore, l’élève sera-t-il absent ? », interroge le collectif.
Cette mobilisation se veut apolitique : elle appartient aux parents, aux enfants et à ceux que l’on refuse de voir, précise l’appel. Les associations et partis politiques sont invités à respecter cette initiative portée exclusivement par les familles.
À l’issue du rassemblement, les participants se retrouveront au parc de la Trinité pour un pique-nique partagé, symbole de solidarité et d’espoir. « Parce qu’aucun enfant ne devrait être invisible », conclut le collectif.
Une politique gouvernementale qui promet mais qui ne se donne pas les moyens
En France, plus de 500 000 élèves en situation de handicap sont aujourd’hui scolarisés dans les établissements ordinaires. Le gouvernement affirme avoir fait de l’inclusion scolaire une priorité, en créant chaque année plusieurs milliers de postes d’AESH. Cependant, sur le terrain, les académies dénoncent un manque criant de moyens humains et financiers.
À la rentrée 2024, le ministère de l’Éducation nationale annonçait la création d’environ 4 000 postes supplémentaires, portant le nombre total d’AESH à près de 145 000. Une progression notable sur le papier, mais jugée insuffisante par les syndicats, qui estiment qu’il faudrait au moins 20 000 accompagnants supplémentaires pour répondre aux besoins réels.
La majorité des AESH sont recrutés sous contrats à durée déterminée (CDD), souvent à temps partiel, avec un salaire moyen d’environ 950 à 1 100 euros nets par mois. Malgré les promesses gouvernementales, la revalorisation annoncée reste marginale.
Pour rationaliser le dispositif, les Pôles inclusifs d’accompagnement localisé (PIAL) ont été créés dans les académies. Ils visent à mieux répartir les AESH selon les besoins des établissements. Cependant, ces structures sont vivement critiquées par les familles et les collectifs, qui y voient une source d’instabilité et une dégradation de l’accompagnement individuel des enfants.
Selon plusieurs rapports parlementaires, la logique de mutualisation au sein des PIAL répond davantage à une gestion budgétaire qu’à une réelle ambition éducative nationale.
Le gouvernement assure vouloir « renforcer l’inclusion scolaire » et promet un plan pluriannuel de formation et de stabilisation de l’emploi des AESH. Mais sur le terrain, la réalité reste inchangée : des affectations tardives et des enfants sans accompagnement dès les premières semaines de classe.
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