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Orientations budgétaires du Département, les dépenses sociales explosent : + 30 millions d’euros (Vidéos)

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Les élus du Département se sont réunis en session plénière ce mercredi matin, 26 novembre, dans l’hémicycle du palais de la Source. En raison d’un gros embouteillage résultant d’un accident survenu sur la route du Littoral, la séance a commencé avec quasiment une heure de retard. Elle s’est déroulée en présence des jeunes de l’Académie des dalons, qui sont en parcours d’insertion, ainsi que du nouveau directeur du SDIS, le Réunionnais Bertrand Vidot et du président du conseil départemental des jeunes (CDJ), Joackim Bertile.

Une session qui, comme à l’accoutumée, tenue dans une ambiance bon enfant, sous la présidence de Cyrille Melchior. Au menu : les orientations budgétaires 2026, qui a donné lieu à un débat, et non un vote. Les élus voteront le 17 décembre prochain sur le budget primitif 2026. Mais avant d’examiner les OB, place a été laissée aux quatre motions respectivement défendues par Serge Hoareau sur la lutte contre le narcotrafic, ensuite par Aurélien Centon sur les transferts sanitaires des jeunes réunionnais et au rapatriement des dépouilles mortuaires, puis par Monique Orphé sur la décentralisation et la crise du logement.

Concernant le narcotrafic, les données publiées par les services de l’État font état, pour la seule année 2025, d’une explosion des saisies de produits de synthèse (+716 % pour la méthamphétamine, +1 348% pour le khat) et d’une intensification du recours aux « mules », au fret express, aux colis postaux et au transport aérien comme marquant la mutation du marché. Le Département demande : le renforcement immédiat des moyens humains et matériels pour lutter contre le narcotrafic, la création d’une Conférence Territoriale de Sécurité spécialisée « Narcotrafic – Océan Indien », la mise en place d’un Plan Départemental de Prévention et de Santé Publique Addictions – Jeunesse, le développement d’une stratégie social-économique de réduction des facteurs de vulnérabilité de lutte contre la déscolarisation et le décrochage, de soutien aux familles monoparentales et en précarité, de renforcement des actions d’insertion, de programmes sportifs, culturels et citoyens pour les adolescents en zone sensible et La mise en œuvre d’un plan de sécurisation des quartiers et espaces publics, par la cartographie des points de deal… Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire l’intégralité de la motion :

Motion sur la lutte contre le narcotrafic

Concernant la motion relative aux transferts sanitaires des jeunes réunionnais et au rapatriement des dépouilles mortuaires, les élus du Département demandent à l’Etat « de faire évoluer la règlementation afin de garantir et systématiser la prise en charge de l’accompagnement (transport et hébergement) d’un parent ou d’un proche désigné pour tout transfert sanitaire de jeunes (jusqu’à 25 ans) nécessitant une hospitalisation en Hexagone, reconnaissant ainsi le rôle indispensable du soutien familial dans le parcours de soin; La création d’un Fonds d’Urgence de Solidarité dédié au soutien financier immédiat des familles réunionnaises confrontées à des frais imprévus (notamment les surcoûts de transport aérien) liés à l’hospitalisation d’un jeune en Hexagone ou au rapatriement post- mortem et la création d’un guichet unique chargé d’orienter et d’accompagner de manière proactive les familles concernées par les transferts sanitaires ou le rapatriement des dépouilles, assurant le lien avec les services médicaux, les compagnies aériennes et l’ensemble des acteurs ».

Cliquez sur le lien suivant : Motion sur rapatriement des dépouilles mortuaires.

L’élue socialiste Monique Orphé a défendu deux motions. D’abord sur le fonds de sauvegarde, à la réforme des aides sociales et au nouvel acte de décentralisation. Cliquez sur le lien : Motion fonds de sauvegarde.

Il a beaucoup été question également du logement. « En 2023, plus de 44 000 ménages sont en attente d’un logement social. En cinq ans: +50 % de demandes.
– 38% des demandeurs sont hébergés chez un tiers – bien au-dessus de la moyenne nationale (22 %); Un peu plus de 25% déclarent un revenu fiscal de référence… à zéro; 88% des ménages sont sous le plafond LLTS, contre 71% en métropole et le taux d’attribution d’un logement social est de 12 %, en dessous de la moyenne nationale (15 %)… ». Elle demande à l’Etat « le rétablissement de la LBU, amputée de 22 millions d’euros, ce qui bloque réhabilitations et constructions.
– Aux b a i l l e u r s s o c i a u x : une gestion plus digne et plus juste des expulsions locatives, via la tenue plus régulière des CCAPEX. La mise en place un plan d’accompagnement des familles surendettées ou en occupation illégale, en partenariat avec la CAF, pour éviter les expulsions massives. Revoir les critères d’accès à la propriété dans le parc social, afin d’éviter la spéculation et de soutenir le parcours résidentiel des familles modestes. Face à l’urgence, une action coordonnée est essentielle pour garantir un logement digne à toutes les familles réunionnaises ». Le président Melchior a fait voter l’urgence pour les quatre motions; Lesquelles ont été adoptées à l’unanimité par l’assemblée. Cliquez sur le lien : Motion sur la crise du logement

« Malgré le contexte exigeant, notre cap reste clair : solidarité, responsabilité, innovation »

Juste avant de passer en revue les orientations budgétaires, le président a laissé la parole à la conseillère départementale de la Possession Fabiola Lagourde, élue référente VIF (Violences intra-familiales) qui, au terme de la projection de deux petits films et d’une longue intervention, a réaffirmé « avec force » l’engagement de la collectivité dans la lutte contre ces violences (Voir les articles que nous avons publié à ce sujet avant-hier, mardi 25 novembre).

Concernant les orientations budgétaires 2026, « l’inquiétude des élus de cette assemblée autour des finances départementales est tout à fait légitime », a relevé le président Cyrille Melchior, qui a précisé « qu’à l’heure où nous parlons, nous ne savons toujours pas dans quelles conditions le budget 2026 de la Nation sera examiné, ni même s’il pourra être voté. Cette incertitude extrême pèse lourdement sur l’ensemble des acteurs économiques, et en premier lieu sur les collectivités, qui ont besoin de visibilité pour agir et programmer »… Malgré tout, nous avons œuvré pour sauvegarder les mesures les plus favorables ».

Notamment dans le social, l’une des principales compétences de la collectivité qui, face à une augmentation croissante des demandes, voit ses dépenses exploser, comme l’a rappelé le vice-président, délégué aux finances, Jeannick Atchapa, soit plus de 30 millions pour 2025-2026. Certes, contrairement à nombre de Départements de l’hexagone, celui de la Réunion « n’est pas en faillite, mais en difficulté, mais pour autant, il ne faut baisser les bras », a rappelé Cyrille Melchior, interrogé sur les OB 2026. Ecoutez le président du Département, il est au micro d’Yves Mont-Rouge :

En dépit de ce contexte difficile, le président Melchior se veut confiant d’autant que . « nous sommes la seule collectivité d’Outremer à voir nos comptes certifiés, et l’une des toutes premières au niveau national. C’est un marqueur fort de sérieux, de méthode et de transparence ». Le mot d’ordre pour l’année prochaine : « nous continuerons, en 2026, à piloter nos finances de manière responsable, avec une vigilance constante sur nos frais généraux et nos charges de personnel. Nous devons préserver une trajectoire d’équilibre, tout en répondant aux besoins d’accompagnement du territoire et des Réunionnais, et sans jamais renoncer à aucune de nos politiques publiques. Nous devons toutefois regarder la réalité en face : les besoins sociaux de notre population vont continuer de croître, en cohérence avec notre trajectoire démographique. Cela nous oblige collectivement à conforter la place du Département dans son rôle social, un rôle fragilisé année après année par la tension sur nos ressources », a insisté Cyrille Melchior, qui espère, dans le cadre du prochain grand acte de décentralisation annoncé par le Gouvernement, « une refonte du financement des Départements » afin de disposer « de moyens à la hauteur de nos compétences, adaptés aux réalités démographiques, sociales et économiques de nos territoires ».

Malgré ce contexte financier qui n’est pas des plus optimistes, le président maintient les grands objectifs de la mandature, comme il l’a rappelé dans son discours d’introduction : « nous avancerons aussi vers la mise en service de l’Institut Citoyen d’Apprentissage à la Vie Publique, un projet structurant qui regroupera l’École des citoyens, l’École des élus et l’École des métiers de l’administration. Cet Institut permettra de transmettre les connaissances institutionnelles, historiques et politiques indispensables au développement du territoire.

La construction d’une Réunion durable se poursuivra à travers plusieurs chantiers : l’approvisionnement en eau, l’entretien et l’aménagement des routes, la valorisation de nos sites touristiques, la protection de la biodiversité, notamment via le plan “1 million d’arbres”.

La sécurité alimentaire reste au cœur de nos priorités. J’ai eu l’occasion de le réaffirmer récemment lors du Comité de Suivi Plurifonds, un temps d’échange qui nous permet de faire un point d’étape sur la gestion de l’ensemble des fonds européens alloués à notre île. Les résultats sont encourageants : tous les indicateurs sont au vert et la gestion des fonds FEADER, pour ce qui concerne le Département, est même exemplaire.

Cette réunion a été l’occasion de rappeler notre engagement pour un développement durable et cohérent du territoire, notamment à travers la gestion des fonds FEADER. J’ai également tenu à réaffirmer notre combat constant pour défendre la ruralité. Nous l’avons encore montré en votant une motion en faveur de la préservation d’outils essentiels comme le POSEI, indispensables au maintien de nos filières et de nos équilibres agricoles.

Cet attachement se traduit aussi très concrètement dans les politiques agricoles portées par le Conseil départemental. Deux rapports importants sont d’ailleurs inscrits à l’ordre du jour de cette séance.

Le premier concerne directement la question de l’autonomie alimentaire. Il s’agit de valider le dispositif d’aide à la production de fruits et légumes pour la période 2026-2028, un levier majeur pour renforcer nos capacités de production locale, soutenir nos agriculteurs et offrir aux familles des produits frais issus de nos terres.

Le second rapport aborde la dimension historico-culturelle de notre agriculture, avec un plan de préservation et de valorisation de deux races menacées de disparition : le bœuf moka et le cabri péi. Ces races emblématiques racontent une partie de notre histoire et de notre identité. Leur sauvegarde participe à la richesse de notre biodiversité autant qu’à la transmission d’un patrimoine vivant. Nous poursuivrons également notre soutien aux communes grâce au Pacte Département et Territoires en faveur de l’investissement et de l’action sociale locale. Ce soutien est essentiel pour maintenir la vitalité économique et sociale de notre île. Notre action s’ancrera aussi dans une dynamique de coopération régionale renforcée. Les liens avec les pays de la zone océan Indien sont indispensables pour répondre ensemble aux défis du développement durable, de la jeunesse et de la résilience climatique.

Enfin, nous continuerons à construire une société plus inclusive, attentive aux besoins de nos aînés et des personnes en situation de handicap, en favorisant leur autonomie et en accompagnant la dépendance avec dignité. Dans un contexte exigeant, notre cap reste clair : solidarité, responsabilité, innovation. Ce cap, nous le tenons grâce à l’engagement commun des élus et des agents de la Collectivité. Ensemble, nous continuerons à faire du Département une Maison des solidarités et du développement territorial, proche des habitants et tournée vers l’avenir ».

Toujours dans le domaine agricole, à noter que lors de cette session plénière, les élus du Département ont voté en faveur du régime d’aide de soutien à la production de fruits et légumes locaux pour la période de 2026-2028. Une enveloppe de 4,5 millions d’euros sera mobilisée pour la mise en œuvre de ce dispositif, sur lequel nous reviendrons prochainement.

La prochaine assemblée plénière, qui sera consacrée à l’examen du budget primitif 2026, est prévue le mercredi 17 décembre.

 

 

Yves Mont-Rouge

montrougeyves@gmail.com
Téléphone : 0692 85 39 64

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