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Mario EDMOND : « Notre démocratie à l’épreuve des minorités »

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« En décembre 2023, j’écrivais un article que la presse a eu l’amabilité de publier qui s’intitulait « la vraie crise politique majeure est à venir » dans lequel je prédisais une dissolution de l’assemblée nationale et de nouvelles élections législatives avec les conséquences que l’on connait, à savoir une assemblée sans aucune majorité et une forte représentation des extrêmes nous menant tout droit à une impasse.
Si je ne pouvais aller jusque dans le détail des noms et des nombres, la situation est bien celle que j’avais prédite à tel point qu’aujourd’hui, le Nouveau Front Populaire avec ses 182 sièges se proclame vainqueur de ces élections et que La France Insoumise, forte de ses quelques 70 députés revendique le poste de premier ministre et « l’application de son programme, rien que son programme, mais tout son programme » dixit JL Mélenchon.
Et nous voilà en plein cambouis politique le plus total qui n’augure rien de réjouissant pour les prochains mois sachant que l’assemblée est composée de presque deux tiers de députés de droite et d’extrême droite, d’à peu près un tiers du nouveau front populaire lequel intègre des socialistes et des écologistes de surcroît plus aussi convaincus de leur programme « commun » mais au moins conscients de leur situation minoritaire.
Ainsi, trois blocs se font face, un bloc de gauche emmené par La France Insoumise qui ne veut ni du bloc des républicains, ni du bloc d’extrême-droite, un bloc de républicains et de macronistes au centre qui ne veut ni de LFI, ni de l’extrême-droite, un bloc d’extrême-droite sagement hostile aux deux autres.
Dès lors, comment rassembler une majorité indispensable au fonctionnement de nos institutions, comment désigner un premier ministre, comment former un gouvernement. On a beau écouter les acteurs politiques concernés, les observateurs les plus qualifiés, les plus grands spécialistes politiques, les institutionnalistes ou autres constitutionnalistes, on ne voit poindre la moindre solution.
Pourtant, il faudra bien sortir de cet abîme et vite. Et puisque le Nouveau Front Populaire se proclame vainqueur de ces élections et que La France Insoumise revendique le poste de Premier Ministre, de perfides tentations et de perceptibles pressions pourraient convaincre le Président de la République de nommer JL Mélenchon ou tout autre de son parti Premier Ministre et de le charger de former un gouvernement malgré les très fortes réticences de ses plus proches alliés communistes, socialistes et écologistes.
La France connaîtrait alors et sans doute le Premier Ministre et le gouvernement les plus éphémères de son histoire en même temps que de clarifier une partie de l’équation de la manière la plus démocratique possible.
En raison de la configuration de l’assemblée, il est impensable, inimaginable que le nouveau front populaire puisse à lui seul imposer son programme aux autres blocs qui représentent tout de même les deux tiers de l’assemblée.
Plus qu’une nécessité et tel même un défi, la rationalité et l’évidence commandent qu’une majorité bien plus large que celle d’un seul bloc se constitue auquel cas toute nomination d’où qu’elle vienne, tout gouvernement de quelque bloc qu’il émane s’exposera à une censure éclaire et à un destin certain de rejet des plus précoces. »

Mario EDMOND

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