Marcelino Chaton : la voix du séga avec le cœur de deux îles

3 min de lecture

Il a chanté pour les bals populaires, pour les personnes âgées, pour les amoureux du séga, pour ses enfants et pour la mémoire. Depuis plus de cinquante ans, Marcelino Chaton incarne une musique qui rassemble, qui console, qui fait danser et qui traverse les générations.

Né à Maurice, révélé à La Réunion, il a su tisser un lien indélébile entre les deux îles, porté par une voix sincère et une humilité rare. Auteur-compositeur-interprète, il n’a jamais cessé de créer, même lorsque la maladie l’a frappé, même lorsque les projecteurs se sont faits discrets.

Aujourd’hui, alors qu’il célèbre 50 ans de carrière, ses enfants reprennent le flambeau, son public le salue, et sa musique continue de vivre. Ce portrait est un hommage à un homme qui n’a jamais chanté pour les trophées, mais pour les gens.

Une vie dédiée à la musique

Auteur-compositeur-interprète, Marcelino Chaton est né le 24 avril 1956 à Vacoas, sur l’île Maurice. Marié et père de quatre enfants, il chante depuis 1974, année où il débute dans les orchestres de bal mauriciens. Très vite, il se fait remarquer dans plusieurs concours de chant télévisés, avant de s’installer à La Réunion en 1977.

Il intègre alors l’orchestre Musical Group Piton Saint-Leu et enregistre son premier 45 tours en 1980, intitulé La vie n’a pas facile. Au fil des années, il sort plusieurs cassettes, et en 1990, de retour à La Réunion, il enregistre chez Piros Studio l’album Dialsa Mauricien, disponible en 33 tours et en CD. En 1993, il connaît un grand succès avec le tube Millionnaire, suivi de Mo content planter, en collaboration avec le groupe Cassiya.

 Une discographie riche et populaire

L’œuvre musicale de Marcelino Chaton témoigne d’une remarquable longévité et d’une passion constante. Au fil des décennies, il a enregistré vingt albums en format CD, ainsi qu’un vinyle 33 tours et un vinyle 45 tours, qui marquent les débuts de sa carrière. Il a également produit dix cassettes, très prisées à l’époque, qui ont circulé largement dans les foyers mauriciens et réunionnais.

Son talent l’a conduit à se produire en concert dans plusieurs pays, notamment en France, en Belgique et en Suisse, où il a su porter haut les couleurs du séga et de la culture mauricienne et réunionnaise, avec une authenticité qui touche tous les publics.

Une vie à La Réunion, une passion intacte

Installé à La Plaine des Palmistes depuis 20 ans, Marcelino célèbre cette année 50 ans de carrière dans le séga. C’est à La Réunion qu’il a véritablement trouvé son public, ramenant le groupe Cassiya sur l’île et s’impliquant dans la vie culturelle locale. Il a notamment accompagné les personnes âgées dans le cadre des animations de la Troisième Jeunesse, avec des bals hebdomadaires et une chanson dédiée à Joël Bègue, disparu en mars 2024.

Une carrière sans relâche, malgré les épreuves

Touché par un cancer du côlon il y a deux ans, Marcelino a subi une opération et est aujourd’hui guéri. Bien qu’affaibli, il continue à chanter, à composer, et à se produire dans des scènes ouvertes.

« C’est ce qui le garde en vie », confie sa fille Mélody Chaton, elle-même chanteuse et auteur-compositrice.

 Un héritage vivant

L’héritage musical de Marcelino Chaton se perpétue à travers ses enfants, tous profondément liés à la musique. Son fils Avellino est aujourd’hui batteur d’ Alain Ramanisum, tandis que Emmanuel Chaton, également musicien, poursuit sa propre voie artistique. Sa fille cadette, Symphony, incarne la sensibilité musicale de la famille.

Quant à Mélody Chaton, elle a choisi de rendre hommage à son père en reprenant certaines de ses chansons dans un medley intitulé « Medley Marcelino », disponible sur YouTube.

« Je ne voulais pas attendre qu’il meure pour lui rendre hommage. Marcelino a existé, il existera encore ».

 Une reconnaissance tardive mais sincère

Malgré 50 ans de carrière, Marcelino n’avait jamais reçu de prix officiel. C’est grâce à Télé-Kréole, et à l’initiative de Thierry Araye, qu’il a enfin reçu un trophée honorifique, saluant son parcours et son impact sur la scène musicale réunionnaise.

Cette reconnaissance, bien que tardive, a une valeur symbolique forte. Pourtant, Marcelino n’a jamais couru après les récompenses. Comme il le dit lui-même avec simplicité :

« Ce n’est pas la reconnaissance qui me fait chanter, c’est le regard des gens quand ils écoutent mes chansons » clame Marcelino. 

Pour lui, c’est le lien avec le public qui compte, cette émotion partagée qui traverse les générations.

Aujourd’hui, Mélody, ses frères et sœurs portent haut l’héritage musical de leur père : « La musique, c’est ce qui nous a relevés ».

Et nous aussi, nous croyons en lui.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Article précédent

Thomas Pausé : un candidat engagé pour l’acceptation de soi (Photos-Vidéo)

Article suivant

Tragédie au Morne : un jeune touriste français perd la vie lors d’une ascension

Free Dom