Ce matin, la pose de la première pierre du Lycée des Métiers de la Mer, au Lycée Lepervenche au Port, n’était pas qu’une simple formalité administrative. C’était l’aboutissement d’une décennie de vœux et le début d’une nouvelle ère pour l’économie bleue de l’île. L’événement a été célébré avec un enthousiasme qui ferait pâlir d’envie le plus stoïque des amiraux.
Un investissement qui fait tanguer les chiffres
Huguette Bello, la Présidente de Région, n’a pas caché sa joie pour l’investissement de ce Lycée des Métiers de la Mer, qu’elle appelait de ses vœux « depuis près d’une décennie ». Avec une enveloppe solide de plus de 81 millions, le projet est désormais bien réel. L’investissement est le fruit d’un partenariat crucial avec l’État (à hauteur de 8,5 millions) et le Parlement européen (54 millions), sans qui l’établissement « n’aurait pu se faire ».
Le Lycée des Métiers de la Mer est ambitieux : il enseignera « », couvrant plus de 400 professions. Il accueillera 750 élèves, dont 156 pour la filière professionnelle maritime, proposant des formations allant du CAP au BTS, avec l’objectif d’établir un cursus d’ingénieur en lien avec l’école maritime du Havre. Mme Bello a insisté sur l’importance du secteur professionnel en citant l’exemple inspirant de Jean-Louis Étienne, preuve qu’un passage par le lycée professionnel peut mener à une carrière de grand chercheur. L’avenir de La Réunion, a-t-elle conclu fièrement, est « aussi maritime », faisant de l’île le « vaisseau amiral de l’Europe de la France dans l’océan Indien ».
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La Proviseure-Bâtisseuse, une aventurière des mers administratives
Chantal Gonski, proviseure du Lycée Lepervenche, a joué le rôle de « proviseur bâtisseuse » et a mené le projet à bon port. En 2020, sa mission s’apparentait à « construire une fusée pour aller sur Mars ». Pendant cinq années, elle a transformé le lycée Lepervenche en préfigurateur, ouvrant le premier CAP maritime en EPLE de France, un exploit nécessitant de lever des « barrières… une à une » face aux obstacles administratifs.
Avec ses équipes, elle a sillonné « quasiment tous les lycées maritimes de l’Hexagone », étudiant les ateliers et les équipements. Le lycée, dont elle a rédigé les 480 pages du cahier des charges, est le fruit d’une réflexion intense, allant de l’emplacement des prises électriques à la définition des simulateurs. Elle a conclu avec émotion que le Lycée des Métiers de la Mer, c’est avant tout le « lycée de l’amour », un projet porté et défendu pour l’intérêt général et la réussite des jeunes.
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L’Architecte, le créateur d’un « Quai » entre ville et océan
L’architecte de l’Atelier Architecte, a dévoilé la vision du bâtiment : relier la ville à l’océan. Le cœur du projet est un grand axe appelé le « Quai » autour duquel s’articulent les différents programmes (enseignement, ateliers, administration).
Axé sur le confort des utilisateurs et la sobriété, le lycée intègre des protections solaires adaptées et une centrale photovoltaïque qui vise à couvrir la quasi-totalité des besoins énergétiques. Le bâtiment principal, positionné sur l’avenue Mondon, affirme son caractère institutionnel et se replie pour dégager un parvis commun aux deux lycées. Pour affirmer le caractère « fondamentalement maritime » du nouvel établissement, l’architecte a prévu d’installer de grandes voiles dans le volume intérieur du bâtiment d’enseignement général.
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Le Port, berceau de l’ambition maritime
Annick Letoullec, représentant le Maire du Port, a souligné la nécessité et l’évidence de cette implantation, « en prise directe avec le trafic maritime mondial », dans la continuité de l’histoire portuaire de la ville. Elle a rendu hommage à Paul Vergès qui, en 1971, avait affirmé sa volonté de « renouer la ville et les Portois à l’océan ».
La ville, déjà engagée avec des programmes comme le Brevet d’Initiation à la Mer (BIM) qui rencontre un succès « exemplaire », a facilité le projet en mettant à disposition des terrains communaux. Ce lycée, premier du genre à La Réunion, incarne une ambition collective, car il s’ouvre sur l’océan Indien, avec des internats configurés pour accueillir des jeunes des autres îles de la zone.
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Un grand départ, le rêve à la poupe
L’atmosphère de la célébration a été marquée par la forte présence symbolique de l’océan. Le site de la future construction était orné d’une immense voile blanche frappée des mots « Lycée des Métiers de la Mer », dominant fièrement l’assemblée des élus, des officiels et surtout des futurs marins. Cette voile, loin d’être un simple décor, symbolisait l’ambition d’une jeunesse prête à prendre le vent du large. Sous un ciel clément, les sourires étaient de mise, que ce soit autour de la petite sculpture de bateau qui marquait l’emplacement symbolique du futur lycée, ou devant le grand drapeau, où les élèves, en uniforme ou en tenue décontractée, ont posé en force, honorant de leur présence ce lancement historique.
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L’ancre est jetée… et le chant s’élève !
Pour conclure cet événement, c’est la jeunesse qui a donné le mot de la fin. Pour honorer cette célébration, les lycéens du site préfigurateur ont pris le micro, offrant une prestation chantée qui a ravi et ému l’assemblée. Ce moment musical symbolique a prouvé que si la Région a fourni les fonds, les architectes les plans et la proviseure le travail acharné, c’est bien la passion et la volonté de cette jeunesse qui servira de véritable moteur au Lycée de la Mer. L’établissement est en marche, ou plutôt, il est en mer !
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