Les agents des prisons du Port et de Domenjod se mobiliseront respectivement les 30 avril et 2 mai prochains à l’appel du syndicat UFAP-UNSA-Justice. En cause : des conditions de travail jugées intenables, une surcharge carcérale chronique et une nouvelle réforme législative vivement critiquée.
Samuel Fontaine, représentant régional du syndicat, dénonce une situation devenue explosive. Il évoque une fatigue généralisée, aggravée par le manque de personnel et la multiplication des tensions au sein des établissements. « La coupe est pleine », affirme-t-il sans détour, redoutant une dégradation encore plus marquée dans les mois à venir.
Des établissements saturés et des effectifs à bout
Au centre de détention du Port, les agents sont toujours confrontés à des infrastructures vétustes, notamment des cellules sans douche. À Domenjod, la situation est encore plus préoccupante : l’établissement accueille près de 900 détenus pour 575 places, et le taux d’occupation atteint jusqu’à 190 % dans certaines unités, notamment chez les femmes.
Face à cette surcharge, les équipes tournent en flux tendu. L’absence d’au moins 25 agents pousse ceux qui restent à dépasser régulièrement les 150 heures de travail par mois. Les incidents se multiplient. Dernier en date : une agression survenue il y a quelques jours à peine. « Ce taux d’occupation crée de la promiscuité, des tensions, des violences », alerte Samuel Fontaine.
Une demande de moyens concrets
Le syndicat réclame en urgence la sécurisation des établissements et la création d’une nouvelle prison dans le sud de l’île, ainsi qu’une unité spécialisée pour accueillir les détenus souffrant de troubles psychiatriques. Jusqu’ici, La Réunion a été relativement épargnée par les agressions visant les personnels ou leurs domiciles, mais la situation reste sous haute tension.
Une réforme qui met le feu aux poudres
Autre sujet de discorde : un projet de loi permettant l’incarcération de personnes condamnées à moins d’un mois ferme. Une absurdité selon le syndicat, qui y voit une surcharge inutile pour une administration déjà asphyxiée. « Quel travail de réinsertion peut-on faire avec un détenu qui reste 15 jours ? », s’indigne Fontaine.
Avec cette double journée de mobilisation, les agents pénitentiaires entendent faire entendre leur détresse avant qu’elle ne vire à la rupture.


