Le Président de la République a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. À 39 ans, celui qui occupait jusqu’ici le ministère des Armées devient l’un des plus jeunes chefs de gouvernement de la Ve République.

Une nomination dans un contexte de crise politique

Ce changement à Matignon intervient après la chute du gouvernement précédent, renversé à l’Assemblée nationale. Dans un contexte de fortes tensions sociales et de manifestations annoncées dans plusieurs villes, le chef de l’État a choisi de s’appuyer sur un homme de confiance, loyal et expérimenté. Sébastien Lecornu, déjà considéré comme un pilier de la majorité, a été désigné pour incarner à la fois la stabilité et le renouvellement.

Un parcours politique solide

Originaire de l’Eure, Sébastien Lecornu débute très jeune sa carrière politique. Après un passage par l’UMP puis par la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, il gravit rapidement les échelons.
Il a été successivement :

• Secrétaire d’État à la Transition écologique,

• Ministre des Collectivités territoriales,

• Ministre des Outre-mer,

• Ministre des Armées.

Cette trajectoire fulgurante témoigne de sa capacité à s’adapter à des dossiers complexes et stratégiques, tout en restant un fidèle soutien de l’Élysée.

Son passage remarqué aux Outre-mer

C’est en tant que ministre des Outre-mer (2020-2022) que Sébastien Lecornu s’est particulièrement illustré dans sa relation avec les territoires ultramarins. Son action a marqué un tournant par sa volonté d’être un ministre de terrain, proche des élus locaux et des populations.

La Réunion, un territoire qu’il connaît bien

Lors de ses déplacements à La Réunion, Sébastien Lecornu a été au contact direct des acteurs économiques, sociaux et politiques. Il s’est impliqué dans plusieurs dossiers majeurs pour l’île :

• le soutien aux communes face aux difficultés budgétaires,

• la modernisation des infrastructures liées à l’eau et aux déchets,

• la question sensible de l’emploi et de l’insertion des jeunes,

• le suivi des grands projets de mobilité et d’aménagement.

À l’époque, il avait rappelé que La Réunion devait pleinement bénéficier des dispositifs nationaux, notamment en matière de développement économique, de transition écologique et d’aménagement du territoire. Son pragmatisme et son écoute avaient été salués, même si certaines tensions avaient pu émerger sur des dossiers sociaux.

Une relation forte avec les élus locaux

À La Réunion comme dans d’autres territoires ultramarins, Lecornu a toujours privilégié la concertation avec les collectivités et les partenaires sociaux. À Saint-Denis, Saint-Benoît ou Saint-Pierre, il avait multiplié les échanges pour bâtir des solutions adaptées aux réalités locales, convaincu que “l’État doit être un partenaire et non un donneur d’ordres”.

Ce lien particulier avec l’Outre-mer pourrait peser dans ses nouvelles fonctions à Matignon. La Réunion, comme les autres départements ultramarins, attend de ce nouveau Premier ministre une écoute renforcée et des réponses concrètes face aux défis économiques et sociaux.

Les défis qui l’attendent

La nomination de Sébastien Lecornu intervient à un moment critique. Comme Premier ministre, il devra faire face à plusieurs défis :

• apaiser les tensions sociales et répondre aux attentes exprimées dans la rue,

• relancer la confiance entre le gouvernement et le Parlement,

• poursuivre les grands chantiers économiques et écologiques,

• et maintenir une relation de proximité avec les territoires ultramarins.

Une page politique qui s’ouvre

Avec cette nomination, Emmanuel Macron fait le choix d’un homme jeune mais déjà aguerri par plusieurs expériences ministérielles. Pour La Réunion, l’arrivée à Matignon d’un ancien ministre des Outre-mer est perçue comme une opportunité : celle de voir ses problématiques locales mieux prises en compte au plus haut niveau de l’État.

Sébastien Lecornu, Premier ministre : une nouvelle page s’ouvre pour l’exécutif français, et La Réunion suivra avec attention ses premiers pas à Matignon.

Les réactions politiques à la Réunion

PLR :  » L’entêtement d’Emmanuel Macron est révoltant et consternant« 

« Le Président de la République vient de nommer Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. Cette décision relève d’une véritable provocation. 

Depuis quatorze mois, Emmanuel Macron s’entête à bafouer le principe fondamental du respect du suffrage universel. Après les élections législatives de 2024, il a choisi d’ignorer le verdict des urnes et d’imposer un fonctionnement politique qui tourne le dos à la volonté populaire. 

Sébastien Lecornu devient ainsi le troisième Premier ministre désigné depuis ce déni démocratique et le 7ème depuis le début de la présidence d’Emmanuel Macron. Sa nomination ne fait qu’aggraver la fracture entre le pouvoir et la population : il est non seulement un proche du chef de l’État, mais aussi l’incarnation d’un système fermé sur lui-même, coupé des réalités vécues par les Français et les Réunionnais. 

Pendant ce temps, la situation sociale à La Réunion continue de se dégrader. Les inégalités s’accroissent, les services publics sont asphyxiés, et les besoins les plus essentiels de la population restent sans réponse. Alors que l’urgence exige : des investissements massifs dans les services publics, pour les collectivités locales, pour la transition écologique, pour l’aide à la personne et la lutte contre la précarité et l’exclusion.  Emmanuel Macron persiste à enfermer notre pays dans une impasse politique et sociale. 

Le PLR dénonce avec force ce nouvel affront fait à la population et partage la colère légitime qui s’exprime aujourd’hui ». 

Cyrille Melchior, président de Nouvel R’ : « Le parcours de M. LECORNU témoigne d’une expérience solide et variée »

« Nouvel R’ prend acte de la nomination de Sébastien LECORNU au poste de Premier ministre par le Président de la République. Nous lui adressons nos félicitations les plus sincères et formons le vœu qu’il saura apporter au pays la stabilité et l’apaisement dont nos concitoyens ont besoin dans le contexte politique et social actuel. Le parcours de M. LECORNU témoigne d’une expérience solide et variée : – Ministre des Armées depuis 2022, il a conduit avec sérieux et détermination la loi de programmation militaire et renforcé la crédibilité de nos forces. Ancien ministre des Outre-mer, il a eu à gérer des crises sociales et à ouvrir des perspectives de dialogue sur l’avenir institutionnel de ces territoires. – Élu local expérimenté, il fut maire de Vernon et président du Conseil départemental de l’Eure, ce qui lui a donné une connaissance directe des réalités des collectivités et du quotidien des Français. Nous espérons qu’il saura mettre à profit cette expérience, ce sens du terrain et cette capacité d’écoute pour engager un travail de rassemblement, au service de la France et des Français. Nous faisons le souhait de voir cette nouvelle étape marquer un retour à la cohésion et au dialogue républicain.

La Fédération réunionnaise du Parti Socialiste

« La fédération réunionnaise du Parti Socialiste dénonce avec force la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. Ce choix est une insulte à la volonté du peuple français, qui réclame un véritable
changement et une politique de gauche ambitieuse.
Une fois de plus, Emmanuel Macron recycle les mêmes figures politiques, perpétuant un système sourd aux souffrances et aux attentes populaires.
Cette décision entérine l’immobilisme et la résignation, trahissant les espoirs de millions de Français.
Car gouverner, c’est avant tout l’expression vivante de la souveraineté populaire, l’art de faire émerger l’intérêt général au-delà des intérêts particuliers. C’est sur cette base humaniste et émancipatrice que le Parti socialiste pose sa proposition de reconstruction d’un projet de justice sociale, écologique et solidaire, fidèle aux aspirations profondes du peuple.
La colère du peuple sera massive et légitime si cette orientation persiste. Le Parti socialiste appelle l’ensemble des forces progressistes et citoyennes à s’unir, à se mobiliser dès maintenant, pour faire entendre leur voix et imposer
enfin un changement réel. Ensemble, refusons ce retour au passé et construisons un avenir de justice sociale, d’égalité et de transformation profonde.

La Région Réunion : « c’est l’ensemble du projet de loi de finances qui est à revoir »

« La Région Réunion prend acte de la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre, en remplacement de François Bayrou. La question centrale à laquelle il devra s’atteler est celle du projet de loi de finances 2026. Les orientations et les premiers arbitrages qui avaient été rendus par son prédécesseur avaient nourri de vives inquiétudes aussi bien sur le plan national qu’en outre-mer et à La Réunion.

C’est en effet un budget de régression sociale qui était sur la table : suppression de deux jours fériés, non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, remise en cause de l’assurance chômage, réduction du remboursement des médicaments, prélèvement sur les recettes des collectivités locales…

Ces mesures de restrictions budgétaires avaient été dénoncées par la Région Réunion, d’autant plus que le pire était envisagé pour l’outre-mer : baisse des aides à l’emploi et notamment des contrats aidés, modification des dispositifs de défiscalisation (moins 300 millions d’euros), remise en cause de la LODEOM (moins 350 millions d’euros pour les dispositifs d’allégement de charges pour les entreprises). De telles orientations aggraveraient une situation économique et sociale déjà très dégradée.

La Région Réunion attend de Sébastien Lecornu – qui a été ministre des collectivités territoriales dans le gouvernement d’Édouard Philippe et ministre des outre-mers dans le gouvernement de Jean Castex – qu’il revienne sur ces mesures qui auraient un effet désastreux sur l’emploi et l’activité économique dans les territoires ultra-marins.

Plus globalement, c’est l’ensemble du projet de loi de finances qui est à revoir et qui appelle une réelle concertation, notamment avec la représentation nationale.

L’élaboration d’un budget permettant la conciliation des impératifs financiers avec les enjeux économiques et sociaux est un préalable indispensable à un partenariat constructif entre l’État et les collectivités locales. Ce n’est qu’à la lumière des orientations et des arbitrages budgétaires qui seront rendus qu’il sera possible d’apprécier la portée de la nomination de Sébastien Lecornu à la tête du gouvernement ».

Ramata Touré, présidente de la Délégation Outre-mer du Conseil national de Renaissance

« C’est avec une vigilance exigeante mais aussi une espérance lucide que j’accueille la nomination de Sébastien Lecornu à la tête du Gouvernement. Un choix qui engage, un moment qui oblige.

Nous, ultramarins, savons ce que représente cette nomination. Nous n’oublions pas que Sébastien Lecornu fut un ministre des Outre-mer à l’écoute, résolument présent sur le terrain, et porteur d’une vision d’action. C’est avec lui que, sur le sol réunionnais, nous avons bâti le pré-Conseil de Refondation ultramarin, cette enceinte de travail et de sincérité qui avait pour ambition de sortir des postures pour proposer du concret.

Aujourd’hui Premier ministre, il a là une opportunité unique de faire des Outre-mer non plus une variable d’ajustement mais un levier central de la souveraineté, de l’égalité réelle et de l’avenir républicain.

Les Outre-mer attendent : une politique de formation ambitieuse, une stratégie maritime assumée, une réconciliation historique avec les mémoires blessées, un vrai projet pour Mayotte. Ils attendent aussi que la voix de celles et ceux qui agissent chaque jour dans les territoires soit entendue au plus haut niveau.

Je forme le vœu que le Premier ministre constitue un Gouvernement du courage, de la justice sociale et de la transformation concrète. Je resterai, avec constance et exigence, au service d’une parole ultramarine libre, fidèle et résolument tournée vers l’action.

En donnant à l’Outre-mer un ministère de plein exercice, dirigé par un ministre d’État, le Président de la République a déjà posé un acte fort de reconnaissance. Cette nouvelle étape peut désormais consolider ces acquis et ancrer plus profondément nos territoires dans le cœur du projet républicain ».

La sénatrice Audrey Bélim :  « Sébastien Lecornu, Premier ministre : une décision irresponsable ! »

« Sénèque écrivait : « l’erreur est humaine, persévérer est diabolique ».
En nommant un macroniste après avoir perdu la dissolution et vu deux Premiers ministres censurés – une première sous la Vème République ! – Emmanuel Macron semble l’appliquer.

Alors que les Françaises et les Français ont exprimé, à de multiples reprises – par les élections, par les manifestations,.. – leur rejet de la politique ultra-libérale mise en place depuis 2017, Emmanuel Macron
continue, en toute conscience, à les ignorer. Nous voulions la gauche ! Juste la gauche ! Nous avons eu Macron. Encore du macronisme.
Face à nous, la Macronie fonctionne comme une machine à accroître les extrêmes, le désespoir et la théorie du chaos. Je crains fortement que le prochain gouvernement Lecornu applique le même budget que le gouvernement Bayrou. Tout recul pour les travailleurs, salariés, retraités, services publics sera combattu. Tout budget sans justice sociale et fiscale serait un budget inacceptable. Nous avons fait des propositions. Que le futur gouvernement Lecornu vienne les chercher et surtout écoute enfin les Français ».

Le député Jean Hugues Ratenon : « Lecornu, le dernier soldat nommé à Matignon »

« Moins de 24 heures après la chute de François Bayrou, Emmanuel Macron nomme Sébastien Lecornu à Matignon, qui lui-même faisait partie de son gouvernement.
Cette décision confirme, une fois de plus, qu’il est complètement têtu. Encore une fois, son message est clair : « c’est moi, et moi seul, qui décide ». Pour autant, il nomme un de ses derniers fusibles de la macronie.
Il consomme là le dernier grain et après cela, il ne restera plus rien. Il n’aura pas d’autre choix ensuite : démissionner ou dissoudre l’Assemblée nationale.
Nous avons déposé ce jour notre motion de destitution du Président de la République. En ma qualité de signataire, je souhaite que le maximum de députés y adhère en la signant. L’Assemblée nationale a destitué, à plus de deux tiers, le gouvernement auquel appartenait Sébastien Lecornu. Elle doit désormais continuer et aller au bout de cette logique. Destituons Emmanuel Macron avec la même détermination. Plus que jamais, les hommes et les femmes de ce pays doivent réagir. Le 10 septembre et les jours à venir doivent être des jours sans appel. Il est urgent d’éradiquer la macronie ».

Perceval Gaillard, député LFI

« La nomination de Sebastion Lecornu à Matignon prouve que le Président de la République Emmanuel Macron n’entend rien lâcher, ne comprend rien à la situation politique et s’entête à gouverner contre la majorité du pays. Plus que jamais la mobilisation populaire et la rupture radicale avec un macronisme agonisant sont nécessaires pour tracer un autre chemin pour notre île et la France : celui de la justice sociale et fiscale, de la bifurcation écologique, de la refondation démocratique et du développement pour La Réunion ».

La Réunion+ Verte : « Quand la boussole ne montre plus le nord, il faut changer de boussole »

La nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre n’est pas un signe de renouveau, mais bien la confirmation d’une politique usée qui tourne en rond. Derrière ce choix, c’est toute la Macronie qui continue à se recycler, sans jamais proposer une nouvelle vision pour la France et pour les territoires d’outre-mer comme La Réunion.

Nous ne sommes pas dupes : changer de Premier ministre ne change rien au problème central, qui s’appelle Emmanuel Macron.

Depuis plusieurs années, le Président de la République a perdu le cap. Sa gouvernance est marquée par l’usure, l’improvisation et le manque de vision. À force d’ignorer les attentes profondes des Français – pouvoir d’achat, services publics, emploi, transition écologique – il entraîne le pays dans une spirale d’instabilité et de défiance.

Quand une boussole n’indique plus le nord, ce n’est pas en changeant de porteur qu’on retrouve la bonne direction. C’est la boussole elle-même qu’il faut changer. Et aujourd’hui, la boussole de la France, c’est Emmanuel Macron.

À La Réunion, nous ressentons avec encore plus de force ce manque de vision nationale : chômage massif des jeunes, prix insupportables dans l’alimentation, crise du logement, recul des services publics, absence d’accompagnement pour les projets structurants pour nos mobilités comme le rail ou le tramway…La Macronie n’a pas su répondre à ces défis, préférant distribuer des postes et maintenir un système à bout de souffle.

La Réunion Plus Verte appelle à tourner la page. Nous avons besoin d’un véritable changement, pas seulement de visages recyclés. Il faut une nouvelle génération d’idées, de responsables et de pratiques politiques. Notre mouvement continuera à porter des solutions concrètes pour Saint-Pierre, pour La Réunion et pour la France : une politique plus proche des citoyens, plus transparente, et résolument tournée vers l’avenir. »