Ce mercredi 26 novembre a marqué un moment fort pour les élèves de l’École municipale de musique, de danse et d’art dramatique Loulou Pitou. Quarante jeunes danseurs ont eu le privilège d’intégrer le gymnase de Champ Fleuri pour une master classe exceptionnelle de danse contemporaine, animée par Gianni Joseph, danseur et chorégraphe du célèbre Ballet Preljocaj.
Du théâtre au studio : l’élan créatif
Actuellement en tournée sur l’île avec la compagnie Preljocaj, la venue de Gianni Joseph (son père est Réunionnais) a transformé l’école Loulou Pitou dont les cours de danse se tiennent à Champ Fleuri en un véritable laboratoire chorégraphique. Cette intervention résonnait directement avec la récente représentation du Ballet Preljocaj à laquelle les élèves ont assisté au Téat Champ Fleuri, tissant ainsi une passerelle essentielle entre la scène professionnelle et le studio de pratique.
Pour Claire Alixart, professeur de danse classique pour la ville, et encadrant une centaine d’élèves, l’enjeu était clair : « L’intervention d’un artiste professionnel en activité offre une ouverture sur le monde chorégraphique contemporain et nourrit leur pratique. » Cette initiative renforce la qualité de l’enseignement en reconnectant pédagogie et création professionnelle.
Technique américaine et racines réunionnaises
Pour Gianni Joseph, dont le père est né au Port, cette rencontre avait une saveur particulière, marquant son retour sur l’île après 15 ans. Il a d’ailleurs retrouvé Claire Alixart, une amie de jeunesse rencontrée lors de leurs études en France dans une classe spécialisée danse.
Son enseignement s’est concentré sur la technique de Merce Cunningham, un vocabulaire qu’il maîtrise en tant qu’interprète privilégié du Centre national de danse contemporaine à Angers. Il a ainsi introduit aux élèves « toute l’approche du dos, notamment avec des curves, des tilts, des twists », un nouveau vocabulaire qui s’annonce « qu’enrichissant » pour les corps.
Malgré une timidité initiale, les élèves ont rapidement fait preuve d’un « dépassement de soi », d’une « énergie fabuleuse » et d’un ancrage dans le sol salué par le chorégraphe.
Un message d’universalité et de partage
L’engagement de Gianni Joseph dépasse la master classe. Son parcours, qu’il doit à des dispositifs gratuits, a forgé une conviction profonde pour la démocratisation de la danse auprès des écoles, du milieu scolaire et des publics dits empêchés.
Pour lui, la danse est un droit universel : « Un corps, c’est fait pour danser, qu’importe sa silhouette, qu’importe ses origines, qu’importe son genre, la passion de la danse est plus forte que tout ».
Conscient des moqueries rencontrées en tant que jeune garçon danseur, y compris au sein d’une partie de sa famille réunionnaise, il affirme que ces difficultés n’entameront jamais son élan de bonté et de générosité.
Cette master classe s’est donc achevée sur une triple note d’abondance, de tolérance, et de partage, laissant aux élèves une expérience inoubliable et un lien direct avec l’excellence du monde chorégraphique contemporain.
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