Le pavé dans la mare a été lancé le 11 mai dernier, par un article détonnant de Médiapart. Une femme s’est faite retirer son utérus sans son consentement par un professeur qu’elle avait consulté au CHU de Bellepierre à Saint Denis.
LIRE CET ARTICLE DE MEDIAPART ICI: https://bit.ly/4jqUcLB
Nous avons rencontré la jeune femme, qui aujourd’hui a 41 ans, et qui ne veut plus garder le silence. Pour Free Dom, elle revient sur cette hystérectomie non consentie qui a bouleversé sa vie alors qu’elle n’avait que 33 ans.

À l’époque âgée de 33 ans, la jeune femme souffrait d’endométriose et d’adénomyose . Elle consulte le professeur Peter Von Theobald, alors réputé spécialiste de ces pathologies dans l’île.
Ce dernier lui propose une ovariectomie — ablation des ovaires — pour soulager ses douleurs, en lui assurant qu’une procréation médicalement assistée (PMA) resterait envisageable par la suite. Aucune congélation d’ovocytes ne lui est proposée, malgré son désir d’enfant.
Mais lors de l’intervention, réalisée le 30 septembre 2016, le gynécologue décide de retirer l’utérus, sans l’avoir informée ni obtenu son consentement. Il invoque ensuite un changement d’appréciation, estimant que seule une hystérectomie permettrait d’agir efficacement contre l’adénomyose. Pourtant, les douleurs persistantes dont souffre Shirley démontreront plus tard que cette justification ne tenait pas.
Une succession de manquements et de doutes
En 2019, après avoir évité les consultations médicales pendant plusieurs années, Shirley Dhinn doit de nouveau se faire opérer à Paris. À sa grande surprise, on lui retire des trompes censées avoir déjà été enlevées lors de la première opération à La Réunion. Elle s’interroge :
« A qui étaient ces trompes ? Est-ce que l’utérus analysé était bien le mien ? Tout cela n’a aucun de sens, mes trompes étaient entières en 2019 ! »
Encouragée à engager une procédure, Shirley saisit la Commission de conciliation et d’indemnisation. L’expertise est confiée à une chirurgienne gynécologue de renom, exerçant à l’Institut Gustave-Roussy. Celle-ci dénonce des choix médicaux non justifiés, tant l’ovariectomie initiale que l’hystérectomie effectuée sans consentement, estimant que la ménopause induite à 33 ans était « inacceptable » au regard de l’absence d’information préalable.
Condamnation du CHU de La Réunion
Le 13 février 2025, la commission rend sa décision : plusieurs fautes sont reconnues, notamment un manque d’information sur les conséquences de l’intervention sur la fertilité. Le CHU de La Réunion, tenu pour responsable des actes commis par ses praticiens, est condamné à verser une indemnisation à Shirley Dhinn.
Sollicité par Mediapart, l’établissement hospitalier a invoqué le secret médical pour ne pas commenter le dossier.
Voici l’interview que Shirley Dhinn a accordé à Radio Free Dom.
« Depuis quelques jours, vous avez peut-être entendu parler de mon histoire. Celle qui a anéanti ma vie de femme… Celle qui m’a volé la possibilité de devenir mère un jour…En 2016, alors que j’étais sous anesthésie générale, sans raison médicale valable, sans urgence vitale, et surtout sans mon consentement, un gynécologue renommé, spécialiste de l’endométriose, le professeur Peter von Theobald, a décidé de retirer mon utérus.
Ce n’était pas l’opération prévue.
Aujourd’hui encore, je souffre de mon endométriose. Car non, cette maladie ne se soigne pas en retirant un utérus — ce médecin l’a même mentionné dans une pièce de mon dossier médical.
Depuis 2016, je mène un long combat. Il m’a fallu du temps pour admettre que j’étais une victime.
Mais cette année, la Commission de conciliation et d’indemnisation a reconnu que le fautif, c’est lui. Pas moi.
Le combat n’est pas terminé. Et je ne le mène plus seulement pour moi explique t elle :
J’ai décidé de médiatiser mon histoire pour donner de la force à d’autres femmes, pour alerter, pour briser le silence. Et depuis le lundi 12 mai 2025, je réalise que je ne suis pas la seule… J’étais déjà celle de trop, et pourtant… vous êtes nombreuses à me contacter sur Facebook »
La libération de la parole a commencé !
Quand Shirley a raconté publiquement et sur le plan national son histoire, d’autres réunionnaises se sont de suite reconnues ! C’est le cas de Cathy qui nous explique longuement avoir vécu l’enfer , de multiples opérations, avoir frôlé la mort.
Les victimes rassemblées à ce jour ont toutes, un point commun :elles valident une intervention et des actes chirurgicaux , et sont victimes d’autres actes chirurgicaux, sans consentement de la patiente ou de la personne désignée comme personne de confiance alors qu’il n y a pas d urgence médicale.
Voici le cas de Cathy
Voici son témoignage :
Le cas de Roumie
Roumie a vécu l’enfer elle aussi à l’âge de 37 ans. Dix ans ont passé depuis qu’elle est passée sous les mains de ce chirurgien. Elle est aujourd’hui handicapée à vie, a failli mourir, alors qu’à la base, elle venait consulter pour des douleurs gynécologiques. A elle aussi, le professeur a expliqué qu’elle faisait de l’endométriose, et qu’il était le grand spécialiste de la question à la Réunion. Aujourd’hui, elle vit sous morphine toute la journée, ne travaille plus, tant les douleurs sont devenues chroniques, et s’agraveront avec les années qui passent.
Voici son témoignage :
Comment rejoindre le groupe des « écorchées vives » ?
Une page Facebook a été créée pour lire les premiers témoignages de ces femmes à retrouver CE DIMANCHE 01 JUIN 2025 dans notre matinale d’informations à 7H30, 8H30 et 12H15.
Voici le lien pour accéder à leur page Facebook :
Un groupe , plus confidentiel, a été créé sur Facebook pour recenser les victimes et les témoignages et donner des conseils. Elle n’est réservée qu’aux victimes, et soumise à des conditions précises pour y accéder pour préserver la confidentialité et l’anonymat de ces femmes.
LIEN VERS GROUPE PRIVE « Ecorchées Vives » :



Il y en a qui ont voulu faire de leur profession leur terrain de prédictions ou tous les pulsions sont en adéquation !
Savoir qu’un chirurgien comme ce soi-disant “Professeur” continue à mutiler des patientes malgré les plaintes laisse sans voix. À toutes celles et ceux qui ont traversé cet enfer, je sais que rien ne pourra vraiment réparer ce que vous avez perdu. Mais votre combat, votre courage, mérite d’être salué et soutenu. Malgré les cicatrices, je vous souhaite sincèrement de retrouver un peu de paix, et tout le bonheur possible. J’ai récemment regardé la série Dr. Death, inspirée d’une histoire vraie aux États-Unis. Vous avez vécu la même » boucherie ». C’est glaçant…