Ce mardi matin à Saint-Paul, au Ciné Cambaie, les Journées de l’Écocité ont officiellement été lancées. Notre reporter Raphaël Gauvin était sur place pour suivre l’ouverture de cet événement devenu incontournable en juin.
Une ambition tropicale assumée
Dès les premiers mots, Emmanuel Séraphin, maire de Saint-Paul et président du GIP Écocité La Réunion, a rappelé l’ampleur du projet : 5500 hectares, 14 opérations d’aménagement, un contrat signé en 2021 avec l’État pour 10 ans, et une volonté claire : « faire émerger un modèle inédit de ville tropicale durable, inclusive et créole. »
Il y évoque des projets concrets en marche : « la pose de la première pierre de la zone Heva et du pôle Glisse dans la Zac Phaonce. » Le mois de l’Écocité, selon lui, est aussi l’occasion de « mettre en lumière ce qui bouge dans les coulisses » : les espèces végétales choisies en lien avec le Conservatoire botanique, les ateliers d’expertise, les nouvelles constructions à venir. Pour lui, « l’Écocité est un outil de résilience, un cadre souple qui s’adapte au climat, aux contextes, et surtout, à la culture du territoire. »
Un projet de territoire, pas de « vitrine figée »
La critique revient souvent : « Mais ça bouge pas à l’Oméga. » Emmanuel Séraphin répond directement. Oui, ça bouge. Et 2025 est un point de bascule. Les fonciers ont été acquis, les plans dessinés depuis 2013 par l’Atelier Lyon, et aujourd’hui les premières constructions s’annoncent : un démonstrateur sur l’ancienne antenne Oméga, puis dès 2027, la première ZAC livrera 1500 logements et 35 000 m² d’activités économiques. L’axe mixte est prévu pour relier les quartiers clés.
Mais au-delà de Saint-Paul, ce sont aussi les autres communes du cœur d’agglomération qui se structurent.
À la Possession, la ville du quart d’heure devient réalité
Vanessa Miranville, maire de La Possession, défend un projet à la fois concret et symbolique : « le Cœur de Ville. » Cet écoquartier de 34 hectares, dont un tiers d’espaces plantés, est déjà habité par 5000 personnes. Il incarne l’ambition réunionnaise : « pas une copie des modèles métropolitains, mais une adaptation au contexte insulaire. » La chaleur ? Elle est gérée par des écrans végétaux, pas des climatiseurs. Le bâti ? Il est pensé pour la vie quotidienne : commerces, bureaux, logement, tout en proximité.
Mais, dit-elle, un écoquartier ne se décrète pas : il faut accompagner les habitants pour en faire des éco-citoyens. Expliquer pourquoi « on ne coupe pas une trame végétale pour se débarrasser des fourmis. » Pourquoi on privilégie la ventilation naturelle. C’est un apprentissage collectif.
Une ville créole à construire ensemble
Ces Journées de l’Écocité sont l’occasion de faire un point d’étape honnête : montrer les chantiers déjà en cours, comme à Moulin Joli, ou la ferme urbaine du MPR. Mais aussi d’interroger les pratiques, de partager les réussites et les erreurs, d’ouvrir la porte à de nouveaux partenariats.
Car à entendre les intervenants, l’Écocité n’est pas un objet d’expo ou un discours figé, c’est un chantier vivant, multiforme, porté par des élus, des habitants, des experts du végétal, de l’eau, du bâti, de l’énergie, et par les réalités d’un territoire en mutation.
En résumé : ce mardi, l’Écocité n’a pas seulement déroulé un programme. Elle a déroulé un cap.




















