Par Nouria Raha, membre du Collectif des usagers de la compagnie Air Austral
Suite à la suspension de la liaison directe entre Saint-Denis de La Réunion et Moroni aux Comores, la compagnie Air Austral a publié un communiqué le 21 mai 2025 évoquant des justifications techniques et réglementaires. Ce droit de réponse, émanant du Collectif des usagers de la compagnie Air Austral, vise à analyser factuellement la situation, à démonter certaines incohérences et surtout à formuler des propositions concrètes pour repenser les conditions d’accès aux dessertes régionales dans l’océan Indien.
Une lecture critique du prix du billet : 30 % de taxes, mais pour qui ?
Un aller-retour Saint-Denis – Moroni via Mayotte peut atteindre 1235,52 euros. En apparence, cela s’explique par la double escale, la distance, ou encore des éléments techniques. Pourtant, une analyse détaillée du billet montre une structure de coût très déséquilibrée. Sur ce montant, le tarif de base est de 865 euros. Les taxes s’élèvent à 370,52 euros, soit près de 30 % du prix total. Parmi ces taxes, 185 euros sont captés par la compagnie elle-même via des surcharges carburant et sûreté. Cela représente à lui seul 49,9 % des taxes. L’État français, pour sa part, encaisse 139,25 euros, en grande majorité sous forme de frais de sécurité. Les autorités comoriennes ne perçoivent que 46,27 euros, soit environ 12 % du total, répartis entre redevances aéroportuaires, frais gouvernementaux et sécurité. Ce déséquilibre soulève une question de fond : comment justifier qu’un pays de destination ne perçoive qu’une fraction marginale des frais, tandis que des entités intermédiaires, dont la compagnie elle-même, absorbent la plus grande part du surplus payé par le passager ?
Une mobilité entravée pour les plus modestes
Ce déséquilibre tarifaire n’est pas anodin. Il impacte fortement les familles, les étudiants, les travailleurs en transit entre La Réunion et les Comores. Dans une région où l’avion reste le seul moyen de franchir les distances inter-îles, ces tarifs créent un effet d’exclusion silencieux. Le transit via Mayotte, imposé depuis la suspension de la ligne directe, alourdit le budget global du voyage. Frais de correspondance, nécessité parfois d’un hébergement, formalités supplémentaires, notamment de visas ou d’enregistrement multiple, s’additionnent au prix du billet. Le voyage devient alors un luxe, alors qu’il s’agit souvent de répondre à des besoins familiaux, de santé, d’urgence ou de lien social.
Des justifications techniques contestées
Air Austral invoque dans son communiqué des difficultés liées à l’aéroport de Moroni, évoquant notamment l’incompatibilité de la piste avec certains types d’appareils. Cet argument est contredit par la réalité opérationnelle de l’aéroport Prince Saïd Ibrahim. Celui-ci accueille régulièrement des vols d’Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Air France-KLM, opérant des gros porteurs sans difficulté. Par ailleurs, Air Austral elle-même y a opéré jusqu’à récemment sans jamais avoir alerté sur un quelconque problème technique majeur. Aucune alerte n’a été publiée par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), ni par les autorités comoriennes ou françaises. En l’absence de publication technique ou de rapport indépendant, l’argument de la sécurité paraît davantage relever d’une stratégie commerciale visant à concentrer les flux via Mayotte.
Une stratégie de transit qui pose question
La compagnie Air Austral détient la majorité de la filiale Ewa Air, qui opère les vols Mayotte – Moroni. La suppression du vol direct depuis La Réunion a pour conséquence directe d’augmenter mécaniquement la fréquentation de la liaison Ewa. Pour les usagers, cela signifie un allongement des délais de voyage, une réduction drastique de la capacité (les ATR d’Ewa ne proposent que 64 sièges) et une multiplication des contraintes. En imposant ce passage par Mayotte, Air Austral semble chercher à renforcer la rentabilité de sa filiale régionale, au détriment de l’intérêt des passagers. Cela constitue un détournement de la logique de service public régional, au profit d’un recentrage économique sur la base de Mayotte.
Une opacité tarifaire incompatible avec le service public
L’aérien est, dans la région, une infrastructure aussi vitale que l’eau ou l’électricité. En ce sens, il doit faire l’objet d’une gouvernance transparente. Le fait que près de 50 % des taxes soient internalisées par la compagnie interroge. Les surcharges carburant, pourtant historiquement conçues comme exceptionnelles, sont désormais devenues structurelles. L’absence de mécanisme de contrôle sur leur évolution, leur justification, ou leur redistribution pose problème. De même, les frais de sûreté facturés aux passagers devraient faire l’objet d’une réflexion publique, notamment sur la manière dont ils pourraient être mieux répartis, ou partiellement pris en charge sur les lignes dites de cohésion régionale.
Une rupture de continuité territoriale et humaine
La suppression du vol direct porte une atteinte directe à la continuité humaine et sociale entre les peuples de l’océan Indien. Elle ne se résume pas à une décision d’exploitation. Elle agit comme un facteur de désintégration régionale. La Réunion et les Comores entretiennent des liens historiques, culturels, familiaux et économiques profonds. Empêcher une liaison directe entre les deux territoires revient à couper ces ponts. Cela va à l’encontre de tous les discours politiques sur l’intégration régionale, la coopération Sud-Sud, et l’ouverture des territoires ultra-marins vers leur environnement géographique immédiat.
Des propositions concrètes pour avancer
Ce droit de réponse n’a pas vocation à entretenir une polémique. Il souhaite plutôt proposer des solutions : Premièrement, la publication complète des audits ou expertises techniques justifiant la suspension du vol doit être rendue publique. Deuxièmement, une régulation des tarifs aériens doit être mise en place sur les dessertes à caractère social ou familial, notamment entre les DOM et les pays voisins. Troisièmement, une harmonisation régionale des redevances pourrait permettre un rééquilibrage des flux financiers entre pays d’origine, de transit et de destination. Quatrièmement, il est essentiel que les autorités comoriennes soient intégrées aux processus de décision concernant la desserte de leur territoire.
En conclusion : une revendication de dignité
Ce combat n’est pas un caprice. Il est une revendication de dignité. Les Comores ne doivent pas être traitées comme une destination secondaire. Les usagers comoriens ne doivent pas être systématiquement contraints à des trajets longs, coûteux et humiliants. Ce que nous demandons, ce n’est pas un privilège, c’est l’égalité d’accès à la mobilité, le respect de nos liens et la reconnaissance de notre droit à voyager dans des conditions justes, claires et accessibles. Nous appelons Air Austral, les autorités de tutelle, la Direction Générale de l’Aviation Civile, et les acteurs institutionnels à entendre cette parole, à la considérer non pas comme une opposition, mais comme une opportunité d’améliorer un système qui, aujourd’hui, fracture plus qu’il ne relie.
Nouria Raha
Collectif des usagers de la compagnie Air Austral



Non seulement la France vous reçoivent, vous nourrissent , vous prenez l’argent des créoles et on doit vous donnez les billets d’avion au prix le plus bas! c’est un comble ! il reste qu’a la France de baisser son pantalon ! Je paye pour tous les comores un billet aller simple! et obligé Air Austral de remettre la ligne Run/ comores
Non seulement la France vous reçoivent, vous nourrissent , vous prenez l’argent des créoles et on doit vous donnez les billets d’avion au prix le plus bas! c’est un comble ! il reste qu’a la France de baisser son pantalon ! Je paye pour tous les comores un billet aller simple!
pouquoé vous allez pas au Kenya ou en Ethiopie vous serait mieux entre vous
incroyable la quantité de personnes qui vivent à la réunion et beaucoup avec des magouilles de papiers . Normal qu’il n’y à plus de logement pour les créoles.
Rien n’empêche les Comores de créer leur propre compagnie avec vol direct ! Et AA reste une société libre d’ouvrir (et de fermer) les lignes en fonction de leur rentabilité.
Quant à l’argument des « plus modestes » qui sont lésés, arrêtons les bêtises !! Les plus modestes des Comoriens ne prennent jamais l’avion !! Ils n’en ont pas les moyens !
Seuls la bourgeoisie comorienne (qui, elle, a de l’argent !!) en profite.
Arrêtons ces attitudes insupportables de toujours vouloir vivre au crochet des autres !
Encore un commentaire qui n a ni queu ni tête… Qui vit au crochet de qui ici ? Il s agit de business. Si AA ne peut pas s’aligner sur le besoin de ses clients, il les perdra au profit d’ une autre compagnie. C est tout. On rappelle au passage que AA ne survit que grâce aux subventions publiques.
Pas la avec ça…
En sorte à zot !
Nana d’autres choses lé plus important à faire…