Doctolib condamnée à 4,6 millions d’euros d’amende pour abus de position dominante

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L’Autorité de la concurrence a annoncé, lors d’une conférence de presse tenue ce 6 novembre 2025, une sanction de 4,665 millions d’euros à l’encontre de la société Doctolib, leader français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne. Cette décision, rendue dans la décision n°25-D-06, reproche à l’entreprise d’avoir abusé de sa position dominante sur deux marchés stratégiques : la gestion des rendez-vous médicaux en ligne et les services de téléconsultation.

Fondée en 2013, Doctolib s’est rapidement imposée comme un acteur incontournable de la santé numérique. Dès 2017, l’entreprise avait atteint une position dominante sur le marché de la prise de rendez-vous médicaux, qu’elle a renforcée avec le rachat de MonDocteur en 2018, son principal concurrent. Selon les chiffres de l’Autorité, Doctolib détient aujourd’hui entre 70 % et 90 % de parts de marché, selon les indicateurs retenus (valeur, nombre de clients ou volume de rendez-vous).
L’entreprise occupe également une place de leader sur le marché connexe des solutions de téléconsultation, un secteur en pleine expansion depuis la crise sanitaire de 2020.

L’Autorité de la concurrence a identifié trois types de pratiques jugées anticoncurrentielles :
1. Les clauses d’exclusivité : de 2017 à 2023, Doctolib a intégré dans ses contrats des clauses interdisant à ses clients, principalement des professionnels de santé, de recourir à des plateformes concurrentes. Ces clauses permettaient à Doctolib de résilier ou suspendre un contrat en cas de non-respect.
Malgré les avertissements internes sur le caractère problématique de ces pratiques, l’entreprise a maintenu ces dispositions pendant plusieurs années, verrouillant ainsi le marché au détriment de la concurrence.
2. La vente liée : pour accéder à la solution de téléconsultation « Doctolib Téléconsultation », les praticiens devaient obligatoirement souscrire à l’offre « Doctolib Patient » — le service de gestion des rendez-vous en ligne. Cette obligation de couplage a limité la liberté de choix des utilisateurs et accentué la dépendance des professionnels à la plateforme.
3. L’acquisition prédatrice de MonDocteur : le rachat du principal concurrent en 2018 est jugé par l’Autorité comme une opération à visée d’élimination de la concurrence. Des documents internes révèlent la volonté assumée de « tuer le produit » et de faire disparaître MonDocteur du marché.
Cette acquisition, réalisée sous les seuils de notification des concentrations, constitue la première sanction en France d’une “acquisition prédatrice” dans le cadre d’un abus de position dominante.

Ces pratiques ont eu pour conséquence directe de verrouiller l’accès au marché pour les concurrents, qu’ils soient indépendants ou adossés à de grands groupes. Plusieurs acteurs, incapables de rivaliser avec Doctolib, ont dû cesser leur activité ou renoncer à développer des offres concurrentes.
L’Autorité souligne que ces comportements ont réduit le choix pour les professionnels de santé et, à terme, limité les innovations et la concurrence tarifaire, permettant à Doctolib d’augmenter ses prix sans ralentir sa croissance.

L’Autorité de la concurrence a infligé une amende totale de 4 665 000 euros.
• 4,615 millions d’euros pour les pratiques d’exclusivité et de vente liée.
• 50 000 euros pour l’acquisition prédatrice de MonDocteur.

Cette dernière partie constitue une jurisprudence inédite, rendue possible depuis l’arrêt Towercast de la Cour de justice de l’Union européenne (mars 2023), qui autorise les autorités nationales à sanctionner les concentrations anticoncurrentielles en dehors du contrôle classique des fusions.

Dans sa décision, l’Autorité reconnaît les mérites de Doctolib, qui a contribué à la numérisation du secteur médical, notamment pendant la crise du Covid-19. Cependant, elle souligne que ces succès n’autorisent pas des comportements d’éviction au détriment du pluralisme et de l’innovation.
Selon l’Autorité, les pratiques de Doctolib ont eu pour effet, au moins potentiel, « d’évincer les concurrents sur les marchés concernés » et de verrouiller durablement l’accès à la clientèle.

Doctolib a la possibilité de faire appel de cette décision devant la cour d’appel de Paris. L’entreprise a déjà indiqué dans un communiqué qu’elle « conteste fermement » les conclusions de l’Autorité, tout en rappelant qu’elle « n’a jamais cherché à entraver la concurrence ».

Cette condamnation, au-delà de son montant financier, revêt une portée symbolique : elle réaffirme la volonté des autorités de réguler les géants du numérique, y compris dans le domaine sensible de la santé, où la position dominante d’une entreprise peut avoir des effets structurels sur l’ensemble du système.

La décision du 6 novembre 2025 pourrait ainsi faire jurisprudence, marquant un tournant majeur dans le contrôle des plateformes numériques et la régulation de l’économie de la donnée médicale en France.

3 Commentaires

  1. Koméla si ou veux prendre un rdv médical faut que la plupart du temps ou passe par doctolib !!! Néna un bon peu domoun i gagne pas utiliser !!! surtout les personnes âgées…… et si ou téléphone : léve bonne heure , dort tard !!!! la plus part du temps i répond pas ….. au fur et à mesure la société lé déshumanisée !!! dan téléphone ou koze avec un robot , l’IA i gère out vie , ou néna bon peu zamis su rézo et dan la vraie vie souvent ou lé devant ou même !!! Oussa ni ça va comme ça ???

  2. Le gouvernement est devenu une pute de luxe ! On paye grave leurs envies et non les nôtres quand est que ccette médisance a leur peuple s’estompera ! Des fois je m’interroge si Nicolas mérite autant de courrier de soutien , j’imagine que l’humain est fait pour voler , abus de pouvoir , moi je suis … Après moi cela ne m’intéresse plus , le panthéon un tombeau pire que Jésus ou la pensée est roi avec une hypocrisie ! Bravo les sangsue un jour s’appellera Demain ! Et que même l’intronisation vous le méritez pas ! Une jungle indéfinissable

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