Ce matin, une conférence de presse d’une importance cruciale s’est tenue au Conseil départemental de La Réunion. En présence de Cyrille Melchior, président du Département, et de David Mété, chef du service d’addictologie du CHU de Bellepierre, cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle campagne de lutte contre les addictions, un fléau qui prend de l’ampleur sur l’île.

Présentation de la campagne

Lors de cette conférence, trois films de sensibilisation ont été dévoilés, accompagnés d’une campagne d’affichage en format 4×3. Ces films seront massivement diffusés sur les chaînes de télévision, les plateformes en ligne, les réseaux sociaux et dans les rues de La Réunion. L’objectif est clair : sensibiliser la population aux dangers croissants des addictions, qu’elles soient liées à l’alcool, au tabac, aux médicaments ou aux drogues.

L’évolution inquiétante des addictions

À La Réunion, les addictions touchent un nombre croissant de personnes, sans distinction d’âge ni de classe sociale. Le phénomène n’épargne aucune région de l’île, des zones touristiques aux quartiers plus reculés. Le constat est alarmant : la consommation de nouvelles drogues de synthèse et la prolifération de la cocaïne ont engendré une recrudescence de la violence, qu’elle soit urbaine ou intra-familiale. Les chiffres sont saisissants : alors que les saisies de cocaïne représentaient quelques centaines de grammes il y a quelques années, elles ont atteint près de 30 kilos pour l’année 2023.

L’engagement du département

Cyrille Melchior a réaffirmé l’engagement indéfectible du Département dans la lutte contre les addictions. Protéger la jeunesse réunionnaise de ce fléau est une priorité absolue. Il a insisté sur la nécessité de déployer des actions concrètes pour enrayer cette crise, qui menace la cohésion sociale et la santé publique.

Les enjeux des addictions modernes

David Mété, de son côté, a souligné que les addictions ne se limitent plus aux substances traditionnelles telles que l’alcool et la drogue. Les addictions comportementales, comme celles liées aux réseaux sociaux et à la pornographie, sont encore peu connues mais tout aussi destructrices. Il a rappelé que ces phénomènes d’addiction partagent une base commune : la dépendance psychologique. Cela renforce l’importance d’une approche globale pour s’attaquer aux causes profondes des addictions.

Une lutte contre des drogues légales meurtrières

David Mété a également pointé du doigt une réalité troublante : les drogues qui causent le plus de ravages et de décès chaque année sont légales et facilement accessibles. À La Réunion, le tabac est responsable de près de 500 décès par an, tandis que l’alcool en cause environ 400. Il a dénoncé le paradoxe de la fierté culturelle associée à la production locale de rhum, un alcool vendu à des prix très bas, aggravant ainsi les problèmes d’alcoolisme sur l’île.

Pour lui, la solution la plus efficace reste l’augmentation des taxes sur ces produits, une mesure qui pourrait freiner leur consommation et ainsi réduire les ravages qu’ils causent. Ce combat, a-t-il conclu, est d’une utilité publique indéniable, car il en va de la santé et de la vie de nombreux Réunionnais.

Conclusion

La conférence de presse de ce matin a marqué une étape importante dans la lutte contre les addictions à La Réunion. À travers une campagne de sensibilisation ambitieuse et une volonté politique affirmée, le Département entend protéger la population des dangers croissants liés à ces dépendances. La mobilisation est lancée, et les Réunionnais sont appelés à prendre conscience de l’ampleur du problème pour y faire face collectivement.

Le Département lance une nouvelle campagne 

de lutte contre les addictions

« Bril pa out santé. Aret ek sa ! » À travers ce slogan et sa nouvelle campagne de prévention et de lutte contre les addictions, le Conseil départemental invite la population à « arrêter avec le tabac, l’alcool et la drogue ! » Le Président Cyrille Melchior rappelle que « Ces fléaux impactent lourdement sur la santé des individus, mais aussi sur la cohésion des familles et de la société réunionnaise. Acteur majeur en matière de santé, le Département et tous les partenaires sont mobilisés au quotidien pour combattre ces phénomènes. Malgré l’engagement de la Collectivité et de tous les acteurs, force est de reconnaître que les chiffres relatifs aux comportements addictifs demeurent alarmants. Cette nouvelle campagne a été conçue pour renforcer la prise de conscience de chacun« .

Après avoir énuméré les actions réalisées par le Département en matière de lutte contre les addictions tout au long de l’année, le Vice-président du Département, délégué à la prévention santé Jean Marie Virapoullé a, pour sa part, indiqué que « Le bilan de la campagne « Refuse, résiste » – déployée auprès des collèges en 2020, reconduite en 2021 et 2022 – est positif. Dans la continuité de notre engagement, la nouvelle campagne « Bril pa out santé. Are tek sa ! » ne s’adresse, pas uniquement aux jeunes mais aussi aux femmes enceintes exposées au risque d’alcoolisation fœtale, ainsi qu’aux adultes confrontés au tabagisme. Nous luttons contre la banalisation de la consommation de ces produits et de ces phénomènes pour éviter qu’ils ne « gangrènent » la société ».

Avant le dévoilement des visuels et des spots de 30 secondes qui seront largement déployés

en télévision, sur les réseaux sociaux ainsi qu’à travers une campagne d’affichage (voir le Dossier de présentation), la parole a été donnée au Dr David Mété, Chef du Service Addictologie du CHU Félix Guyon qui, lui aussi, a alerté l’opinion sur les dangers de ces phénomènes addictifs : « Les jeunes n’ont jamais été aussi exposés aux risques d’addiction qu’aujourd’hui. Nous assistons aussi à l’installation de la drogue dure dont la cocaïne dans le paysage réunionnais. Face à ces dangers, il est plus qu’essentiel de continuer à sensibiliser la population ». Il est à noter enfin qu’en plus de la campagne de communication à 360°, incluant tous les supports de communication habituels et nouveaux comme le webtoon (bande dessinée en ligne destinée aux smartphones), le Département met aussi en place, dans les foyers de l’enfance et dans les collèges, des actions de sensibilisation de terrain animés par des jeunes artistes comme les danseurs de Crew Young Killa ; le chorégraphe Gary Techer ou encore la grapheuse Dey.