Chaos politique à Madagascar : le président Rajoelina dissout l’Assemblée, les députés votent sa destitution

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En une seule journée, Madagascar a basculé dans une crise institutionnelle sans précédent. Quelques heures après avoir annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, le président Andry Rajoelina a vu les députés voter massivement sa destitution. Entre accusations de dérive autoritaire et bataille de légitimité, le pays s’enfonce dans l’incertitude politique.

Les militaires vont « prendre leur responsabilité’

Sur le podium de la place du 13-Mai, devant une foule en liesse, le colonel Michael Randrianirina, considéré comme l’homme fort du CAPSAT, a exprimé son regret : après quatre jours de manifestations sur l’avenue de l’Indépendance, « il n’y a plus de responsable dans le pays : le président est absent, le gouvernement ne compte que trois ministres… » Confirmant que le CAPSAT bénéficie désormais du soutien de toutes les forces armées malgaches, l’officier a annoncé que les militaires allaient « prendre leurs responsabilités ». Ses mots ont été accueillis par des acclamations et une liesse populaire, tandis que les manifestants scandaient « Izao dia Izao », littéralement « tout de suite ».

La Présidence malgache dénonce une réunion illégale

Dans un communiqué de presse, la Présidence de la République de Madagascar a réagi  à la tenue de cette réunion de certains anciens députés, qu’elle juge « dépourvue de toute base légale » à la suite de la dissolution officielle de l’Assemblée nationale. Dans un communiqué, elle rappelle que toute convocation de la chambre basse doit être faite par décret pris en Conseil des ministres, conformément à la Constitution, et qu’aucun décret en ce sens n’a été émis. Par conséquent, toute délibération ou décision issue de cette réunion est considérée comme « nulle et non avenue ». Le pouvoir exécutif souligne que la dissolution vise à rétablir le bon fonctionnement des institutions et à permettre la tenue de nouvelles élections législatives, tout en appelant les acteurs politiques à préserver la stabilité nationale et à respecter l’ordre constitutionnel.

L’Assemblée nationale vote la destitution du président Rajoelina

La tension politique franchit un nouveau cap à Madagascar. Réunis ce 14 octobre 2025, les députés ont massivement voté en faveur de la destitution du président Andry Rajoelina. Sur 131 votants, 130 se sont prononcés pour l’empêchement et un seul s’est abstenu. Le scrutin a vu la participation de parlementaires issus du groupe IRMAR, généralement considéré comme soutien du pouvoir.

Cette décision a été prise quelques heures après que le chef de l’État a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, déclenchant une nouvelle onde de choc. Les élus ont rejeté la validité du décret présidentiel, estimant qu’il n’avait aucune base légale. Selon le vice-président de l’institution, Siteny Randrianasoloniaiko, l’acte en question ne portait ni signature ni cachet officiels, et le président de l’Assemblée n’en avait pas été averti.

Rajoelina dissout l’Assemblée nationale

Coup de théâtre à Antananarivo. Alors que plusieurs députés s’apprêtaient à lancer une procédure d’empêchement à son encontre, le président Andry Rajoelina a signé, ce 14 octobre 2025, un décret portant dissolution de l’Assemblée nationale. L’acte, référencé n°2025-1051, s’appuie sur l’article 60 de la Constitution malgache, qui autorise le chef de l’État à dissoudre la chambre basse après consultation du Premier ministre et des présidents des deux chambres.

Selon le texte officiel, la mesure prend effet immédiatement, « en raison de l’urgence », et ce dès sa diffusion par voie radiodiffusée ou télévisée, sans attendre sa publication au Journal Officiel. Ce décret, signé depuis le Palais d’État d’Ambohitsorohitra, suspend donc de facto toutes les activités législatives à l’Assemblée nationale.

Cette décision intervient dans un climat extrêmement tendu à Madagascar. Depuis plusieurs jours, une partie des parlementaires, appuyés par l’opposition, préparait une motion d’empêchement contre le président Rajoelina, l’accusant de « haute trahison » et de « dérive autoritaire ». Ce mardi 14 octobre, les députés se réunissent justement à l’Assemblée nationale en session extra-ordinaire pour acter cette motion.

Cette dissolution pourrait ainsi être perçue comme une tentative du chef de l’État de court-circuiter cette initiative parlementaire.

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