Budget de la Sécurité sociale : avant le vote du 10 décembre, la tension monte à Paris comme à La Réunion

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À deux jours du vote crucial du mardi 10 décembre 2025 sur le budget de la Sécurité sociale (PLFSS), l’atmosphère politique nationale se crispe. À Paris, les prises de position se durcissent : Bruno Retailleau dénonce un « hold-up fiscal », tandis que le Rassemblement national réclame une démission du Premier ministre en cas de rejet du texte. La partie « recettes » du budget a été adoptée vendredi grâce à plusieurs concessions, notamment sur la CSG et les franchises médicales, mais aussi grâce à de nombreuses absences dans l’hémicycle, notamment du côté du RN.

L’examen s’annonce beaucoup plus incertain mardi, lorsque les députés devront se prononcer sur les dépenses et sur l’ensemble du budget, dans un contexte où la réforme des retraites a été suspendue sous la pression des socialistes. Même au sein de la majorité, les positions divergent, à l’image d’Édouard Philippe et du groupe Horizons, qui ont prévenu qu’en l’état, ils ne soutiendraient pas le texte.

Cette instabilité nationale trouve un écho immédiat à La Réunion, où plusieurs élus locaux expriment leurs inquiétudes face aux conséquences possibles d’un rejet du budget de la Sécu.


Qu’en pense t on dans l’ile ?

À Saint-Denis,, le député Philippe Naillet rappelle que les hôpitaux de l’île fonctionnent déjà sous tension :  « Nous avons besoin d’un Ondam (objectif national des dépenses d’assurance maladie) réaliste. Relever le taux à 3 % est une piste, mais cela ne résoudra pas toutes les difficultés structurelles de notre territoire. »

Du côté des collectivités, les inquiétudes portent surtout sur la situation sociale.

Le président du Département, Cyrille Melchior, alerte :
« Une explosion du déficit de la Sécurité sociale aurait un impact direct sur les politiques sociales que nous menons. La Réunion ne peut pas absorber un choc de cette ampleur. »

Le président de la Région, Huguette Bello, se montre plus critique envers le gouvernement :
« Nous assistons à une succession d’improvisations. Les reculs et concessions permanents fragilisent davantage un texte déjà contesté. La population attend une vision cohérente, notamment sur les retraites et l’accès aux soins. »

Le député Jean-Hugues Ratenon dénonce un « budget d’austérité déguisé » :
« On fait porter l’effort sur les familles modestes, sur les patients, sur les territoires les plus fragiles. La Réunion ne doit pas servir de variable d’ajustement. »

À droite, les critiques se concentrent davantage sur le pilotage politique. Le sénateur Michel Dennemont estime que « le gouvernement donne le sentiment de naviguer à vue » et que « les concessions de dernière minute n’effacent pas l’absence de ligne claire ».

Pendant ce temps, le gouvernement tente de rallier une majorité en négociant un dernier compromis avec les écologistes. La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, pourrait proposer une augmentation à 3 % de l’Ondam, mesure susceptible de convaincre certains députés. Le RN promet une présence totale pour voter contre, tandis que la majorité redoute un vote négatif qui mettrait Sébastien Lecornu en difficulté. Le Premier ministre continue d’affirmer qu’il ne recourra pas au 49.3, mais certains membres de la majorité évoquent déjà cette possibilité en coulisses.

Le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a mis en garde dimanche contre une « crise politique, économique et sociale majeure » en cas d’échec. Le gouvernement estime qu’un rejet ferait plonger le déficit de la Sécurité sociale à près de 30 milliards d’euros en 2026, contre 23 milliards en 2025.

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